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Articles avec #festivals

Gazette du Grand Bivouac 2023

Les grands voyageurs et les amoureux du monde se retrouvent à Albertville pour une orgie de films documentaires, de conférences et de rencontres au salon du livre. L'ambiance est festive, multiculturelle et bon enfant au bord de l'Arly : un rendez-vous qui gagne à être connu !

16 octobre

Premier film au 88 bis : Longo maï - Ukraine (2/5) nous présente le tableau d'une communauté utopiste Longo maï (autogestion, écologie, solidarité) gérant une ferme dans l'Ouest de l'Ukraine au moment où éclate la guerre. J'aurais aimé plus d'enjeux dramatiques : que les problèmes liés à l'afflux de réfugiés dans le village soient approfondis, ou alors que le fonctionnement de la ferme soit montré plus en détail. Le résultat est trop lisse, trop sage. Le film fait partie d'une série de six films appelés "Utopies", disponibles sur France TV.

17 octobre

J'ai eu le plaisir de présenter aujourd'hui le beau La pantalla andina (3/5) de Carmina Balaguer. Sorte de Cinema Paradiso dans les Andes argentines. On suit une équipe qui apporte un cinéma de fortune dans un village reculé de montagne : c'est un film doux et efficace, qui présente une belle galerie de portraits de femmes confrontées à des conditions de vie très difficile. Présentés dans une quinzaine de festivals dans le monde, je ne sais pas s'il sera visible en France.

18 octobre

Pas de cinéma pour moi aujourd'hui, mais un concert du groupe Kutu, revigorant. La présence incroyable de la chanteuse éthiopienne Hewan Gebrewold et l'énergie électrique du violoniste Théo Ceccaldi électrisent le Dôme. Entre électro-transe et éthio-jazz. 

20 octobre

L'iceberg (3/5), de David Tiago Ribeiro, joue sur deux registres : il nous propose d'abord le portrait du cabochard et aventurier Franck Bruno isolé dans une cabane du Groenland, et il restitue un beau parcours de vie puisqu'on accompagne un groupe de personnes très différentes dans un trek révélateur. Très émouvant. Le film sera visible sur Ushuaïa TV en janvier.

La soirée est consacrée à un formidable documentaire, Amany, behind the lines (4/5) qui nous donne à voir le travail de la caricaturiste syrienne Amany dans son appartement d'Idlib. On entre dans son intimité et on découvre son travail : c'est passionnant et émouvant. On peut échanger en direct avec elle à la fin de la projection par visio, en présence de Plantu et Reza, s'il vous plait !

21 octobre

Découverte de Polaris (3/5), d'Ainara Vera, un portrait élégiaque de deux soeurs à la fois très proches et très différentes, marquées par la vie. Le film est audacieusement mis en scène avec de vrais partis-pris poétiques et mélancoliques. Il annonce à mon sens l'émergence d'une grande réalisatrice. Présenté à l'ACID Cannes 2022, il est discrètement sorti en salle en juin 2023.

 

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Gazette du Grand Bivouac 2022

Une fois de plus, le monde des grands voyageurs se retrouve à Albertville pour une orgie de films documentaires, de conférences et de rencontres au salon du livre. L'ambiance est festive, multiculturelle et bon enfant au bord de l'Arly : un rendez-vous qui gagne à être connu.

 

19 octobre

Le Festival commence pour moi avec My name is Gulpilil (2/5), film australien sorti en août de cette année, qui nous montre l'acteur aborigène David Gulpilil finir sa vie, atteint d'un cancer, et se remémorant sa carrière. Si le visage de Gulpilil est impressionnant, le film pâtit à mon avis de partis-pris esthétiques pas très heureux de sa réalisatrice. Il finit aussi par radoter sur la fin, et ne fait que survoler quelques points qu'on aurait aimé voir plus creusés (l'alcoolisme ou la violence de l'acteur envers les femmes). On finit par être gêné d'observer l'agonie d'un homme dont on ne sait trop quoi penser.

 

21 octobre

Tout ce qui respire (5/5) de l'indien Shaunak Sen, a remporté toutes sortes de prix à travers le monde (Jury à Sundance, Oeil d'or à Cannes), et on comprend pourquoi en voyant le film.

En peignant le portrait de deux frères qui soignent des oiseaux (des milans noirs pour être précis) à New Delhi, Sen réussit à nous émouvoir aux larmes et à aborder énormément de sujets sur un mode poétique et inspiré.

La mis en scène est brillante, jouant sur beaucoup de paramètres pour exprimer les idées de l'auteur : profondeur de champs, variété des cadrages, ralentis, photographie. La co-existence des humains et des animaux a rarement été aussi bien montrée au cinéma.

C'est du grand art, à la façon d'un Depardon ou d'un Wang Bing. Formidable.

 

22 octobre

Ce samedi commence avec un film très agréable, La symphonie des arbres (4/5) du norvégien Hans Lukas Hansen. Le film suit l'itinéraire d'un luthiste italien de Crémone, qui se met en tête de fabriquer un violon parfait en cherchant l'érable de ses rêves dans les Balkans. Le contraste entre l'optimisme lunaire du personnage principal et les rudes milieux qu'il fréquente en Bosnie rend le film, par ailleurs réalisé comme un thriller, très sympathique.

En soirée, projection de Notre endroit silencieux (1/5) de la bulgare Elitza Gueorguieva, qui dresse le portrait de l'écrivaine biélorusse Aliona Ghoukova. Il est question de deuil du père et d'écrire dans une langue qui n'est pas sa langue natale, mais le dispositif est trop théorique pour convaincre. Ce film d'1h08 lorgne du côté de l'art contemporain.

La soirée se finit avec une table ronde d'une heure regroupant Rachid Benzine, Alain Mabanckou, Zarina Khan et l'héroïne du film, Aliona Ghoukova. Les débats sont un peu confus, heureusement animés par la faconde de Mabanckou. 

 

23 octobre

Ce dimanche commence de tôt matin avec la projection du film chinois Singing in the wilderness (3/5), de la réalisatrice Dongnan Chen. Le film nous plonge dans la minorité des Miao chrétiens du Yunan, à travers le destin d'une petite chorale locale qui est en quelque sorte instrumentalisé par le pouvoir communiste. S'étendant sur de nombreuses années, il suit le destin de quelques-uns de ses membres, tout en abordant plusieurs sujets de société (les rapports femme homme, le tourisme, la corruption). Un mélange d'intime et de collectif réussi.

La terre est bleue comme une orange (3/5), de l'Ukrainienne Irina Tsylik est aussi réjouissant, malgré son sujet : une mère célibataire élevant seule ses enfants dans le Donbass en guerre. La situation tragique est transcendée par le projet de la fille ainée de la famille, qui tourne un film sur la guerre en y impliquant toute sa famille. Force de l'art, magie du cinéma, formidable optimisme de tous les protagonistes : on est emporté par cette drôle de mise en abîme.

Je finis par la remise des prix qui couronne La combattante de Camille Ponsin, portrait de Marie José Tubiana. Le réalisateur et l'ethnologue (90 ans !) sont sur scène. Le film de clôture, River (1/5) de l'australienne Jennifer Peedom, est une collection de belles images façon Yann Arthus-Bertrand qui ne sont pas contextualisées , et qu'accompagne un discours soporifique et new age déclamé par Willem Dafoe. De belles images sans aucun sens, pour un brouet malickien en diable : j'ai détesté.

A l'année prochaine !

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Gazette du Festival des Arcs 2020

Le Festival des Arcs m'a gentiment donné la possibilité de voir l'intégralité de son programme en ligne, je vais donc me faire une orgie de films jusqu'au 26 décembre. Vous pouvez vous-même regarder des films en ligne, soit en les payant à l'unité (4€), soit en achetant un pass intégral (25€). Pour cela allez sur le site du Festival. A noter que vous pouvez accéder à l'excellente sélection de courts-métrages gratuitement.

Beaucoup de promesses alléchantes dans les différentes section. J'essaierai de voir tous les films en compétition, dont le très attendu Quo vadis, Aida ?, qui a déjà triomphé à Arras.

Allez, c'est parti.

 

12 décembre

Le film d'ouverture, Slalom (4/5), qui devait sortir le 16 décembre, est un premier film au contenu très balisé et linéaire, mais dont la force tient dans l'interprétation de Noé Abita (l'inoubliable Ava, du film éponyme) et de Jérémie Renier, formidables tous les deux. Ce premier film de Charlène Favier, à la mise en scène fluide et acérée, est une franche réussite.  

After love (4/5), premier film du britannique Aleem Khan, est également une oeuvre très solide, qui ouvre dignement la compétition. Sur un sujet un peu rebattu (la découverte de la double vie d'un homme par sa veuve), il réussit à être profondément émouvant, grâce à une interprétation exceptionnelle de l'actrice Joanna Scanlan et à une photographie lumineuse qui magnifie les décors naturels de part et d'autre du Channel. Le film était dans la sélection de la Semaine de la Critique 2020, et on comprend pourquoi.

 

13 décembre

Grosse journée aujourd'hui qui commence avec (encore) un premier film : Preparations to be together for unknown period of time (3/5) de la hongroise Lili Horvat, qu'on a vu actrice dans White god, de Kornell Mundruczo. Une histoire d'amour originale, réalisée classiquement et solidement, servie par une bonne actrice qui est pratiquement de tous les plans : Natasa Stork. La réalisatrice parvient à maintenir son récit tout au long du film sur une étroite ligne de crête, située entre la romance et le suspense psychologique. Une curiosité à découvrir.

J'enchaîne avec The whaler boy (4/5) de Philipp Yuryev. Ce film nous entraîne vers le détroit de Bering, juste en face de l'Alaska. On suit la vie quotidienne d'un adolescent de l'extrême-orient russe, qui fantasme sur une jeune femme qui vend ses charmes sur internet. Sans être révolutionnaire, le film propose une immersion tout à fait dépaysante et pleine de charme dans un endroit du monde qu'on ne voit pas si souvent au cinéma.

Nightlife (3/5) est une comédie allemande de Simon Verhoeven, déjantée et sympathique, qui mêle avec vivacité romance, buddy movie, mafia russe et tableau de la vie nocturne berlinoise, passablement agitée, comme chacun sait. Plaisant, le film change radicalement ma vision du cinéma allemand !

Enfin pour clore cette riche journée Cigare au miel (1/5), de Kamir Aïnouz, est ma première vraie déception. A travers ce portrait d'une jeune fille issue d'une famille bourgeoise, d'origine berbère et laïque, la réalisatrice essaye d'embrasser trop de thématiques : l'éveil à la sexualité, la nostalgie du bled, un tableau des écoles de commerce, le poids des traditions qui justifie un viol. La mayonnaise ne prend pas, et les personnages ne sont ni sympathiques, ni intéressants. Une réalisation insipide au service d'enjeux insignifiants.

14 décembre

Last days of spring (3/5), de Isabel Lamberti, est une fiction tournée dans un bidonville de Madrid, avec des acteurs non professionnels. Ce film attachant nous fait découvrir la vie d'une famille pauvre qui vit dans ce quartier, alors que la maison qu'elle occupe va être démolie. Il se situe à mi-chemin entre fiction et documentaire, et l'intérêt ténu qu'il présente est tout entier contenu dans cette ambiguïté.

Hors compétition, Gaza mon amour (2/5), présenté à Toronto et à Venise, m'a déçu. Il juxtapose deux histoires sans grand rapport (un pêcheur d'un certain âge trouve un bronze antique, et il cherche à se marier avec une femme de son âge qui travaille dans un magasin de vêtement). Le film, plan-plan, est assez roublard pour passer pour le film "qui montre Gaza sous un autre jour", avec tous les attributs du film d'auteur pour festival. Mais aucune émotion n'y circule. 

 

15 décembre

L'affaire collective (4/5) est un formidable documentaire roumain sur le tragique incendie du Colectiv Club, discothèque de Bucarest, et sur la gestion calamiteuse des suites de cet évènement par le gouvernement roumain, qui entraîna sa chute. Même si le sujet peut paraître rébarbatif, le film est passionnant et donne à voir de véritables "justes", politiques et journalistes, filmés au plus près de leur action. Les rebondissements sont dignes d'un synopsis de film de fiction.  

Autre film en compétition, Shorta (3/5) est un film danois qui lorgne du côté de La haine ou des Misérables. On suit un duo de policiers pris dans le piège d'une cité, sans véhicule et sans aide, lors d'un épisode insurrectionnel. C'est prenant, efficace, un poil maladroit par moment mais globalement plutôt réussi. 

 

16 décembre

On pourra reprocher beaucoup de chose au film bosniaque Quo vadis, Aida ? (5/5) : son aspect rouleau compresseur qui ne s'embarrasse pas de fioritures, sa sécheresse accusatrice, sa progression accablante, ses maladresses scénaristiques. Il n'en demeure pas moins que le résultat est d'une efficacité rare et qu'on ne peut qu'être emporté par cette expérience de cinéma, dont le réalisme intransigeant frappe au coeur. 

Avant-dernier film en compétition, Vaurien (4/5), premier film de Peter Dourountzis, montre comment on peut tomber amoureux du pire criminel. Son ton décalé, ses ellipses subtiles, son ambiance agréable et son casting impeccable rendent le film très sympathique, même si son synopsis peine un peu à tenir la distance d'un long-métrage. Pierre Deladonchamps est fantastique et c'est un énorme plaisir de retrouver Ophélie Bau aussi rayonnante que dans Mektoub, my love. Le film fait partie de la sélection Cannes 2020 et sort en janvier.

 

17 décembre

Le dernier film de la compétition est pour moi un pensum un peu barbant. Apples (2/5) est le prototype du film mené par l'intellect plutôt que par le coeur ou les yeux. On y suit l'itinéraire d'un homme touché par une mystérieuse maladie épidémique qui rend ses victimes amnésiques. Dans un décor grisâtre, notre homme, qui ne sourit jamais, suit un traitement expérimental qui consiste à vivre sa vie... en la prenant en photo.

Le réalisateur, Christos Nikou, fait partie de la nouvelle vague du cinéma grec ayant émergé dans les années 2010. Il a été assistant réalisateur sur Canine de Lanthimos, mais il n'a pas la nervosité joueuse de ce dernier, et on s'ennuie beaucoup en regardant son premier film, par ailleurs intéressant dans sa conception et sa réalisation. Encore un film de festival typique (Telluride, Venise, Toronto). 

Le dernier film vu ne marquera pas les esprits. Thou shalt not hate (2/5) de l'italien Mauro Mancini est fondé sur une fausse bonne idée : un médecin juif ne fait pas les gestes qui sauvent quand il découvre que son patient a une croix gammée tatouée sur la poitrine. Le film est fastidieux, multiplie les pistes sans en choisir aucune, et au final est assez ennuyant. Cela m'étonnerait qu'il soit diffusé en France.

 

Palmarès

Le palmarès me convient parfaitement, les films qui m'ont le plus plu sont récompensés (à l'exception de Vaurien) :

Flèche de cristal et Prix du public : Quo vadis, Aida ?
Grand prix du jury : The whaler boy
Prix d'interprétation : Natasa Stork dans Preparations to be together for an unknown period of time et toute la famille Gabarre Mendoza dans Last days of spring
Prix de la meilleure musique : Chris Roe pour After love
Prix de la meilleure photographie : Alexander Nanau pour L'affaire collective

 

A l'année prochaine !

 

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