Deux jours, une nuit
Le scénario du dernier film des Dardenne est d'une grande faiblesse, et c'est le principal défaut de Deux jours, une nuit. On est en effet habitué de la part des frères belges à plus de subtilité et de complexité dans l'écriture de leur histoire.
Passons sur l'idée de base improbable, qui semble complètement irréaliste tant le deal présenté (une somme de primes annuelles contre un emploi en CDI) semble absurde - et destructeur - du point de vue du chef de l'entreprise même, passons donc sur cette fausse bonne idée pour examiner le cheminement du film. Il se joue sur une répétition à l'envi du même schéma : scène de doute dans une voiture, Sandra se motive et exprime toujours la même phrase assez pauvre en arguments, Sandra doute, Sandra prend du Xanax. Et on recommence.
Plusieurs fois, le scénario bégaye carrément sur les circonstances même de la rencontre : monsieur est sorti (au pressing, à l'entraînement de foot, au bar...) pendant que madame garde les enfants, et les scènes s'étirent donc un peu (il faut bien tenir la longueur requise !) le temps de rejoindre l'endroit adéquat.
La répétition en soi n'est pas un problème, c'est l'absence de profondeur, de sensibilité, d'intelligence relationnelle et émotionnelle dans les réactions des différents salariés qui est problématique. Comment en effet imaginer que chacun réponde aussi platement qu'il le fait, avec aussi peu de questionnements, d'interrogations sur les conséquences de ces choix ? Comment se fait-il qu'aucun des salariés ne questionne même l'idée de revoter, qui est à la base déjà bien saugrenue ?
Le film devient du coup une sorte de machine intellectuelle théorique vidant les personnages de leur humanité, à l'image du jeu de Marion Cotillard, inexpressif à l'excès, sans que l'on sache exactement si cela est volontaire ou pas. On a rarement vu une scène de suicide aussi facilement expédiée, un peu comme s'il s'agissait de se laver les dents.
Comme la mise en scène (transparente) n'est pas le fort du cinéma dardennien, il ne reste finalement pas grand-chose à sauver de ce film faussement social, et qui se termine sur une fin malheureusement prévisible, tellement le pitch initial contient en lui le germe de son propre échec.
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