11 minutes
A la fois brillant et vain, le dernier film de Jerzy Skolimowski ne laissera pas indifférent.
L'idée est intellectuellement plaisante, mais comprend en elle-même ses propres limites : il s'agit de suivre les trajectoires de plusieurs personnages pendant 11 minutes de leur vie, 11 minutes qui conduisent on s'en doutera vite à un drame, dont la plupart ne sortiront pas indemnes.
Le principal intérêt du film - et à la réflexion, le seul - réside dans l'incroyable virtuosité dont fait preuve Skolimowski. Les mouvements de caméra sont amples et souples, la lumière magnifiquement travaillée, la bande-son profondément originale et le film regorge d'idées brillantes, bien que tout à fait inutiles au regard de la narration (comme par exemple une caméra subjective qui reflète le point de vue d'un chien).
Le film est parsemé d'éléments plus ou moins fantastiques qui nous embrouillent complètement (des oiseaux traversent les vitres, certains voient une tâche dans le ciel, un homme parle bizarrement dans une télévision qui s'allume toute seule) et qui n'apportent pas grand-chose au film, ce dernier baignant déjà sans ces éléments dans une atmosphère bien étrange. En effet, les personnages ne sont pas des quidams, ils font tous plus ou moins des trucs border line : traffic de drogue, porno, vol, prison, pédérastie, etc.
J'ai finalement plutôt aimé me laisser prendre par la main dans ce monde bizarre et envoutant, me demandant où le cinéaste allait m'emmener, et constatant finalement qu'il ne le savait pas probablement lui-même. Curieusement, le fait de couper en tranches les existences de ses personnages fait apparaître ce film très court (1h21) beaucoup plus long qu'il n'est.
A conseiller aux aventuriers de l'écran ou/et à ceux qui suivent le réalisateur polonais depuis le début de sa carrière.
Jerzy Skolimowski sur Christoblog : Deep end - 1970 (****) / Essential killing - 2010 (**)
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