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Christoblog

Articles avec #philippe faucon

Les harkis

Philippe Faucon est un cinéaste doué et Les harkis est un film intéressant.

Ceci étant dit, vous aurez probablement compris suite à cette introduction très langue de bois que Les harkis n'est pas passionnant, mais ressemble plutôt à un exposé très bien foutu de fin de Terminale.

Le sujet est chouette, la mise en scène proprette, la photographie sublime et les décors très réalistes, mais le contenu dramatique laisse à désirer : on aurait aimé une progression moins édifiante, mais des personnages plus incarnés et des enjeux moins attendus.

Agréable comme une conférence sur France Culture un dimanche pluvieux de novembre.

Philippe Faucon sur Chrsitoblog : La désintégration - 2012 (**) / Fatima - 2015 (***)

 

2e

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5 questions à Philippe Faucon

A l'occasion de la sortie de Fatima, le réalisateur Philippe Faucon a accepté de se prêter au jeu des questions réponses.

 

1 - Fatima est un film résolument optimiste. Est-ce qu'on peut considérer que c'est pour vous une façon de présenter le côté face d'une pièce dont La désintégration serait le côté pile ?

Absolument. Après LA DESINTEGRATION, je trouvais important de montrer une forme d’intégration réussie. Lorsque je parlais de LA DÉSINTÉGRATION, je disais souvent : ‘‘ Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ’’. J’ai pensé qu’il fallait aussi raconter la forêt qui pousse et FATIMA m’a permis de le faire.

 

2 - Il y a une scène réellement surprenante dans le film, qui change le cours de l'intrigue et donne au film une tonalité de suspense psychologique étonnante (la chute dans l'escalier) : comment vous est venue cette idée de rupture dans le scénario ?

J’ai écrit le scénario d’après l’histoire de Fatima Elayoubi, qui avait raconté à travers deux livres son parcours de femme de ménage parlant mal le français et élevant ses deux filles (les livres s’appellent ENFIN JE PEUX MARCHER SEULE et PRIERE A LA LUNE). L’épisode de la chute dans l’escalier, il vient directement d’elle et de son histoire personnelle.

 

3 - Soria Zeroual, qui n'est pas une actrice professionnelle, est remarquable de justesse et de densité : comment l'avez vous choisie, et comment l'avez vous convaincue de rejoindre le film pour ce rôle finalement très complexe ? 

Aucune actrice professionnelle française ne pouvait jouer ce rôle, car il n’existe aucune actrice professionnelle française qui parle mal le français, et le feindre n’eût pas fonctionné. Je devais donc faire appel à une non-professionnelle, mais elle allait avoir un rôle très dense, c’était donc très difficile de trouver ! Le directeur de casting a énormément cherché et m’a un jour présenté Soria Zeroual, femme de ménage à Givors. Je l’ai rencontrée et j’ai vite vu en elle de grandes qualités de comédienne. Après, je lui ai expliqué mes méthodes de travail et le rôle, et elle a accepté de le faire ‘pour toutes les Fatima’. L’histoire résonnait fort en elle.

 

4 - Je trouve que le film restitue avec beaucoup d'habileté la réalité de la vie quotidienne, ce naturalisme épuré était-il pour vous une préoccupation spécifique ?

Ma préoccupation, c’est d’avoir des scènes qui sonnent juste, interprétées par des comédiennes qui rencontrent leurs personnages.

 

5 - Le film est remarquable par la contradiction entre la douceur de Fatima (son écriture...) et la violence qui l'entoure (sa fille, ses voisines, la propriétaire, la bourgeoise) : comment peut-elle rester aussi calme et positive ? On aurait presque envie qu'elle se rebelle !

Fatima a compris que c’est la souffrance qui rend violent. « Là où un parent est blessé, il y a un parent en colère », écrit-elle dans son cahier…

 

Propos recueillis par échange de mails le 8 octobre 2015.

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Fatima

La loi du marché proposait au printemps une plongée en eaux profondes, au coeur de la réalité française, côté sombre. 

Fatima propose une apnée presque aussi puissante, côté optimiste cette fois-ci.

On ne montre pas souvent au cinéma la vie de ces mères d'origine maghrébine, qui parlent mal le français, si ce n'est parfois comme personnages secondaires se débattant avec une progéniture difficilement contrôlable. Philippe Faucon aborde donc un nouveau continent en choisissant de tracer ici le portrait sensible d'une de ces femmes.

L'actrice non professionnelle Soria Zeroual incarne à la perfection la dignité, le discernement, la force de caractère et la rectitude morale. On est étonné et séduit par son changement de physionomie dans l'intimité : le voile qui disparait, la beauté de l'écriture arabe. On est frappé par les difficultés que sa non-maîtrise du français pose pour l'éducation de sa fille (terrible scène dans laquelle la fille insulte la mère). On sursaute au moment où le scénario choisit de nous surprendre par un évènement parfaitement innatendu.

Fatima se distingue par sa subtilité (les préjugés racistes juste esquissés sont d'autant plus révoltants) et séduit par la finesse de ses approches.

Un tableau sensible, une franche réussite.

 

3e

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La désintégration

Film à moitié réussi, ou à moitié raté si l'on veut, La désintégration pourra se lire de bien des façons suivant ses convictions.

Rappelons brièvement le prétexte : un jeune homme élevé dans une famille maghrébine pauvre, mais plutôt assez bien intégrée, ne trouve pas de stage pour finaliser son Bac Pro, et (du coup) devient terroriste.

Oui, je sais, dis comme ça, l'intrigue peut paraître un peu sommaire, mais pourtant c'est bien la trajectoire que propose le film. Pourquoi ce jeune bascule-t-il brutalement dans une sorte de folie qui l'amène à se braquer contre sa propre famille, puis vers l'humanité entière : Philippe Faucon n'arrive jamais à nous le faire réellement sentir.

Le film est donc comme une bille d'acier tombant vers le sol, sec comme une flèche qui vole, sans artifice, mais de fait sans véritable substance dramatique non plus, sorte d'exercice rhétorique semi-documentaire. Si la démonstration peut souvent paraître poussive et illustrées par de grossiers clichés (le gentil imam, le prof mesuré, les flics bien polis), elle est un peu sauvée par l'interprétation hors pair du meneur islamiste et surtout de la maman d'Ali, seule figure vraiment émouvante dans le film.

Lorsqu'il prend au réalisateur de transformer sa critique sociale, assez intéressante dans la première partie, en sorte de thriller dostoievkien, le fil de l'émotion se brise définitivement et le spectateur assiste à l'inéluctable en se désintéressant de ce qu'il voit.

Une fois encore dans le cinéma français, le film déçoit par son scénario insuffisamment développé. Pour en savoir plus sur le film je vous conseille l'excellent article sur le blog d'Alain.

 

2e

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