Biutiful
C'est à un voyage monotone dans un long tunnel d'ennui et d'indifférence que nous invite Inarritu.
J'ai découvert le réalisateur il y a deux jours à travers 21 grammes. J'avais trouvé sa mise en scène assez intéressante. Dans Biutiful, cette virtuosité un peu brute tourne à
vide, produisant des images fades et sans relief, ne suscitant pas le début d'un commencement d'empathie.
Le scénario est squelettique : il convenait pour un court métrage. Inarritu l'étend tristement pendant plus de 2h15, en partant dans plusieurs directions qui jamais ne se rejoignent pour former
un vrai film : dénonciation réaliste d'un phénomène social (le travail des clandestins), drame familial, fable surnaturelle, chronique médicale d'une déchéance physique. La musique insiste
lourdement sur quelques moments clés avec une franche indélicatesse (riffs de guitare ou piano solo).
Très rarement, une fulgurance rappelle ce que le réalisateur est capable de faire : le long plan séquence de l'entrée dans la boite de nuit, par exemple. Mais ces quelques pépites ne sauvent pas
le film. Que Bardem ait obtenu le prix d'interprétation masculine à Cannes est surprenant : sa grande carcasse adopte le masque buté de la douleur pendant 95 % du film.
En résumé (elle est un peu facile, mais j'y ai pensé pendant le film tellement je m'ennuyais) : Biutiful ne l'est pas.
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