Kaboom
Bien sûr, le parallèle avec Les amours imaginaires est inévitable.
Même intérêt pour le sexe (hétéro / gay) et l'amour chez les jeunes adultes 19/20 ans (Mc Kinsey est cité dans les deux films), même jusqu'au boutisme formel, même couleurs pétantes, même importance de la bande-son, mêmes gimmicks : séance de masturbation interrompue, mère nympho, père absent...
Autant le film du jeune Dolan m'a paru vieux et pompé, autant celui du vieux Araki me parait jeune et chtarbé.
Il faut dire que ça part à toute berzingue, et que ça ne ralentit jamais, jusqu'au bout. Ce serait un crime - en même temps qu'un casse-tête - que de raconter l'intrigue, mais sachez qu'en allant voir ce film vous allez passer par toutes les nuances de l'orgasme cinéphilique : la peur, le rire, l'excitation, la surprise, le plaisir visuel, l'admiration devant un art du montage épatant, la satisfaction de voir les pièces d'un puzzle s'assembler, le plaisir que procurent de très bons acteurs et surtout, surtout, cet élan primal qui bouscule tout sur son passage, sorte de taureau furieux qui renverse toutes les conventions, et le bon goût en premier, pour filer vers sa propre destruction. Le film est coloré, gai(y), libertaire dans sa forme et son propos. En plus, c'est anecdotique, mais on y rigole bien grâce à une dizaine de répliques imparables et délicates sur le thème pendant et après l'amour, du style "J'ai connu des frottis vaginaux qui duraient plus longtemps" ou "C'est un vagin, pas un plat de spaghetti".
Kaboom dynamite le teen movie de l'intérieur, mais sous l'extas(y)e une réflexion plus profonde rôde comme un fantôme : la mort à 20 ans, l'absence des parents, l'amitié, la nostalgie du monde avant sa fin, le sens de la vie. Il y du Lynch sous amphet dans cet Araki là.
Une bombe.
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