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Christoblog

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Whatever Works

Woody Allen et Larry David. Mars DistributionAprès 4 films en Europe, comment Woody allait-il négocier son retour at home ?

En trouvant en Larry David, entre autre acteur pivot de la fameuse série Seinfeld sur HBO, son parfait alter ego. Vieux, suffisant, bavard, hypocondriaque, misanthrope, goujat, il est parfait au début du film.

Il s'adresse à la caméra et dialogue avec les spectateurs (qu'il est le seul à discerner, car il a une "vision globale" des choses). C'est un génie. C'est pourquoi il a le droit d'être ignoble avec les enfants à qui il enseigne les échecs.

Sa rencontre avec la jeune bêtasse de province est assez amusant, bien qu'improbable, et donne lieu à toute une série de sorties plus méchantes les unes que les autres de la part de notre insupportable héros. Il faut dire que Evan Rachel Wood parvient à camper un personnage d'une sottise incommensurable. Encore une petite jeunette bien sexy déniché par notre vieux Woody, hum.

Dans la deuxième partie du film les parents de la petite sotte apparaissent et, pour moi, le film perd progressivement de son intérêt, tant les modifications affectant le père et la mère sont totalement invraisemblables. Quelle morale veut donner Woody Allen à cette deuxième partie ? Que la force de vie est plus forte que le cynisme ? Que le plus important est de trouver sa voie et de se réaliser ? Plus le film glisse vers sa fin, et plus l'aspect moralisateur un peu mièvre s'amplifie.

J'aurais préféré un plus de noirceur, et de profondeur psychologique, à l'image du merveilleux Match Point, le meilleur film de Allen depuis des lustres.

 

2e

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L'age de glace 3

L'intérêt de l'age de glace 3 n'est certainement pas le scénario, assez quelconque.

C'est, comme dans les premiers opus, l'association des personnalités dissemblables des principaux personnages qui amuse.

La vivacité des observations et quelques trouvailles (la scène du gaz hilarant par exemple) laisse une impression pas déplaisante.
Sid est évidemment le plus réussi, élevant le niveau de bêtise (et de laideur) inconsciente à un très haut niveau. Diego vieillit, sa vue baisse, il a des états d'âmes. Manny se prépare à être un vrai papa poule, tout en restant la grosse bête maladroite qu'on connaît. Ellie sa compagne semble être le seul être équilibré dans la troupe. Les deux oppossums sont toujours aussi insupportables. Un nouveau compère apparaît en aventurier déjanté : Buck.

On pourrait rêver d'un épisode qui creuserait la veine relationnelle, sur lequel ne soufflerait aucun souffle d'aventure, et qui se contenterait de conter la vie quotidienne de notre petite horde : une sorte de Friends à l'age de glace...

Si le résultat n'est pas désagréable il faut tout de même reconnaître que le formule s'essouffle et que l'originalité du premier épisode est déjà bien loin, d'autant plus que Madagascar utilise les mêmes recettes, avec des références socio-culturelles plus riches.

Même Scrat, qui va découvrir l'amour, puis son épuisement dans un raccourci saisissant et assez machiste, n'est plus aussi craquant. Un divertissement honorable.

 

2e

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Fausta

Magaly Solier. Jour2fêteQue dire à propos de Fausta ?

Factuel : ce film a obtenu l'Ours d'or à Berlin (succédant à The Wrestler).

Esthétique : c'est probablement d'un point de vue visuel le plus beau film que j'ai vu depuis....que je tiens ce blog. Le nombre de plans d'anthologie est de l'ordre de la trentaine. Le travelling arrière sur le bateau et le tunnel est ce que j'ai vu de plus beau cette année.

Réaliste : si avant d'aller voir le film, on m'avait dit à quel point je me ferais chier pendant (en partie) je n'y serais pas allé. Si on m'avait dit à quel point son charme vénéneux pouvait être proche de celui de Mulholand Drive (dans un genre tout différent) j'y aurais couru.

Tiers mondiste : pour voir ce Lima là.

Médical : comment une pomme de terre enfoncée dans le vagin peut elle germer sans lumière ? (Vous allez me dire les pommes de terre dans les caves germent aussi).

Révolutionnaire : si vous voulez en savoir plus sur le Sentier Lumineux, n'allez pas voir ce film.

Scénaristique : le film est plus retord que sa trame linéaire semble le dessiner. Repensez y après l'avoir vu.

Ethnographique : des mariages comme ça, hein, vous saviez que ça existait ?

Mélomane : vous pensiez que des mélodies pareilles pouvaient être chantées ?

Midinette : elle a quelque chose cette actrice vous trouvez pas ? Pendant 90 % du film on dirait une huitre, mais LE moment où elle sourit, c'est BON, non ? Ca libère.

Et si tout simplement Berlin était plus audacieux que Cannes ?

 

3e

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Amerrika

Voilà typiquement le genre de film sympa auquel il est difficile de résister.

Une famille palestinienne est d'abord filmée en Palestine. Le mur (vision saisissante de cette horreur). Les contrôles israeliens haineux, mille fois montrés mais toujours aussi pénibles. Paysages désertiques. On y est vraiment, et sans la langueur traditionnelle des films proche-orientaux, ici le montage est rythmé.

Par un bonheur inespéré, la maman et son fils peuvent partir aux US rejoindre de la famille : contrastes en pagaille. Chaud / froid. Fantasme / réalité. Gay à cheveux bleux / mamma orientale.

Le film prend alors un rythme de croisière pas désagréable mais d'où toute surprise notable est exclue. Les méchants sont méchants (esquissés seulement), le gentil est gentil (et sauve la réputation de l'Amérique : le proviseur).

Les USA viennent d'envahir l'Iraq, cette famille palestinienne (et même pas musulmane) va se faire donc traiter d'Oussama comme il se doit par les red necks. Finalement une situation assez peu montrée, sauf dans les séries (je pense à 24 heures chrono).

Le plus intéressant dans le film, c'est la façon dont la famille d'accueil se délite. La performance de l'actrice principale tient la baraque : moins sculpturale et explosive que Ronnie Elkabetz, plus ronde, mais avec autant de pêche.

 

2e

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Departures

Regent ReleasingIl faut bien le dire, c'est un peu parce que Departures avait emporté l'Oscar du meilleur film étranger au nez et à la barbe de Entre les murs (et de Valse avec Bachir) que j'ai eu envie de le voir.

L'histoire est celle d'un jeune japonais, joueur de violoncelle pas assez doué pour faire carrière à Tokyo, qui retourne dans sa province natale. Il va trouver un peu par hasard un travail dont personne ne veut, car il est tabou au Japon : préparer les cadavres avant leur mise en bière. Il va d'abord l'exercer sans le dire à sa femme, puis ... il va se passer plein de choses, et ce n'est pas le moindre des mérites de ce superbe film que de nous emmener à travers une histoire pleine de rebondissements.

Vous allez me dire, brrr, comme sujet on trouve plus joyeux. C'est vrai en principe, mais Six Feet Under, pour les connaisseurs, a largement prouvé que les histoires de croques-morts peuvent être captivantes, marrantes, et même sexy.

Le film a ceci d'étonnant qu'il multiplie les changements de ton : pendant toute la première heure du film, les rires fusent d'ailleurs dans la salle. A la fin, ce sont plutôt les sanglots retenus et les reniflements discrets qui prédominent, mais sans que le pathos soit sur-exploité, c'est simplement l'histoire qui atteint une densité exceptionnelle dans la deuxième partie.

Le film doit beaucoup aux remarquables acteurs. Le jeune héros est d'abord à la limite du burlesque, puis il s'opacifie, gagne en profondeur tout au long du film. Sa femme, petite souris inexistante, va elle-même profondément évoluer. Le patron est formidable de hiératisme patibulaire, et tous les seconds rôles sont parfaits.

La vie provinciale japonaise est superbement montrée, dégageant une belle impression Tsutomu Yamazaki. Metropolitan FilmExportde naturalisme et de symbolisme à la fois. L'intérêt des scènes de mise en bière, documentaires au début, pittoresques au milieu, romanesques vers la fin, est sans cesse renouvelé.


Mais la qualité ultime du film est dans la perception qu'il donne de l'éternel sujet vie/mort, décliné très subtilement à travers de nombreux sujets (printemps/hiver, animal/végétal, mort des parents / abandon des enfants). Il montre d'une manière bouleversante l'emprise de l'amour sur la mort.
Departures a rencontré un grand succès au Japon, et a gagné fort justement de nombreux prix internationaux avant de triompher à Los Angeles.

Un film magnifique, à découvrir immédiatement.

4e

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Etreintes brisées

Ce n'est probablement pas avec ce film qu'Almodovar pouvait espérer gagner la Palme d'Or. Il n'est pas mauvais, ce n'est simplement pas le plus abouti de son auteur, loin de là.

Moins alerte que Volver, moins complexe que La mauvaise éducation, moins intense que Parle avec elle, Etreintes brisées souffre un peu d'anémie.

On s'intéresse d'assez loin aux personnages, sans que je sache bien expliquer pourquoi : peut être sont ils un peu trop caricaturaux dans leur ensemble à l'image du fils gay Ray X, et même dans une certaine mesure du personnage de Lena elle-même.

De temps à autre, Almodovar, qui semble globalement tourner ce film avec le frein à main serré, se lâche et redevient un immense cinéaste le temps d'une scène (lorsque Pénélope "double" son propre personnage projeté sur l'écran par exemple, une scène sublime, ou lors des travelling latéraux entre Harry et celui qu'il ne sait pas être son fils, ou en filmant simplement des draps). 

Un petit creux relatif donc à mon sens dans la carrière de l'espagnol, en forme d'hommage passionné à Penelope Cruz, et un peu limité par cela peut-être. Pedro devrait peut-être se ressourcer en allant voir ailleurs et autre chose, comme Woody Allen l'a fait en allant tourner 3 fois en Angleterre, puis une fois en Espagne. Almodovar à New York, ça aurait de la gueule, non ?

A voir quand même bien sûr, ne serait-ce que pour Penelope en blonde.

 

3e

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Looking for Eric

Après Johnny Hallyday chez Johnnie To, voici à nouveau, dans un tout autre registre, un acteur non professionnel français dans un film étranger.

Eric Cantona s'en tire merveilleusement bien, bien mieux à mon avis que notre Johnny national dans Vengeance.

A la limite de l'auto-parodie, que dis-je, à fond dans l'auto-parodie, Canto est assez génial. Maniant le Français à merveille, avec la mauvaise foi délicieuse qu'on lui connait, enchainant les aphorismes à la noix comme des perles sur un collier (voir dans le générique de fin le plus célèbre d'entre eux, celui des mouettes), roulant des gros yeux en expliquant que le NON doit venir des BALLS, il est à la fois conforme à son image et plein d'humanité, voire de poésie.

Ce en quoi le film est très intéressant, c'est qu'il est avant tout un film de Loach avant d'être un film avec Cantona. Un Loach assez léger mais très émouvant, rythmé sur un excellent tempo et dans une gamme douce amère qui sonne très juste. Toute la première partie est réellement excellente grâce à des acteurs et actrices remarquables (Steve Evets exceptionnel, Stéphanie Bishop très bonne). Les flash backs sont très bien filmés et l'ensemble (réalisme à l'anglaise / accent de Manchester / romantisme / Cantona en fantôme de luxe) fonctionne à la perfection, un peu comme un conte moderne.

Avec l'intrigue du pistolet, le film baisse à mon avis d'un ton, qui correspond d'ailleurs à une baisse de fréquence dans les apparitions cantonesques. D'une certaine façon, il reproduit dans cette deuxième partie le schéma de Gran Torino (conflits inter générationnels, violence de gang) dans un registre évidemment totalement différent.

Finalement un bon moment en provenance de Cannes.

 

3e

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Star trek

Paramount PicturesN'étant pas un spécialiste de Star Trek, c'est vierge de tout a priori que je suis allé à la rencontre de Spok, le bonhomme bizarre aux oreilles pointues.

Ce qui m'intriguait plutôt, c'était de voir ce que donnait la nouvelle production de JJ Abrams. De ce côté là on n'est pas dépaysé : lettrages sortis de Fringe, matière rouge qui rappelle la boule géante en suspension au dessus de la ville russe dans Alias, paradoxes temporels comme dans Lost. La mise en scène est très efficace et les scènes d'ouverture (le combat, puis la poursuite dans l'Iowa) en sont de magnifiques exemples : rapides, efficaces, et installant en quelques minutes des personnages attachants, tout en donnant à voir des images somptueuses.

A part la mise en scène, appréciable, le reste me laisse assez froid, le scénario est peu profond, et à part Spok, très intéressant, les autres personnages sont un peu fades. Le paradoxe temporel est traité légèrement à mon sens et avec beaucoup moins de subtilité que dans bon nombre d'oeuvres traitant du sujet. Les quelques personnages "exotiques" (la femme verte, etc) sont amusants.

Par rapport à d'autres productions d'Abrams, le manichéisme outrancier des personnages, surtout le "méchant", est décevant. Les dernières scènes laissent présager une suite : si c'est le cas, espérons que les intrigues y seront un peu plus subtiles et les évènements un peu moins improbables.

 

2e

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Romaine par moins 30

Sandrine Kiberlain. UGCAllez, après la (super) bonne surprise OSS 117 pourquoi ne pas être un peu aventureux et continuer d'explorer le continent des comédies françaises ?

Voici donc la suite des aventures de Romaine, personnage inventé par Agnès Obadia, la réalisatrice, et précédemment joué par elle même dans une série de courts-métrages que je n'ai pas vu (mais sont ils visibles ?).
 
Au programme, les mésaventures canadiennes d'une fille un peu flippée, pleine de petites et de grandes phobies, passablement maladroite, semblant toujours dépassée par les évènements (quoique, la fin montre que pas tant que ça finalement). Sandrine Kiberlain est curieusement à l'aise dans ce rôle de loufoque qui se réveille dans le lit de mecs qu'elle ne connaît pas, ou qu'un acupuncteur en délicatesse avec le fisc néglige.

Le début du film, vif, alerte, est très réussi et culmine admirablement dans une scène de mariage nocturne d'anthologie. Après ce climax, forcément le rythme faiblit un peu mais l'histoire reste plaisante et jamais niaise.

J'ai vu le film un samedi soir, après un bon restau et ma conclusion est : un bon film de samedi soir. 

 

2e

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Still walking

Un beau film.

Le sujet est assez traditionnel : une famille se réunit à l'occasion de l'anniversaire de la mort du fils aîné, qui s'est noyé en sauvant un enfant.

Le fils cadet est plus ou moins un raté, il est évidemment brimé et mal dans sa peau. Il s'est marié avec une veuve qui a déjà un enfant. Il y a aussi une soeur, insouciante et pleine de vie, mariée à une sorte de benêt et qui a deux enfants turbulents.

Les parents vivent dans le souvenir de leur aîné mort, à l'évidence leur préféré. Le père est une sorte de Pialat médecin, bougon et taciturne, la mère est encore alerte mais d'une cruauté étale. Finalement, une sorte de La vie des morts au Japon.

Le film est agréable à regarder, quoiqu'un peu long, et très subtil. Les acteurs et actrices sont beaux, bons et chacun développe sa personnalité tout au long du film. Les thèmes traités sont multiples et la mise en scène est délicate, réfléchie et sereine. La photographie est belle.

Certains moments sont magiques (la visite surréaliste de l'enfant sauvé par le frère noyé, le papillon). L'ombre portée du mort n'empêche pas le film d'être plein de vie.

Un succès critique mérité.

 

3e

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OSS 117 : Rio ne répond plus

Jean Dujardin. Emilie de la HosserayeAllez, une fois n'est pas coutume : je l'avoue, j'ai bien rigolé.

Le premier degré est inexistant, le deuxième fonctionne, le troisième est jouissif, le quatrième, bien qu'improbable, marche aussi. Le cinquième semble réservé aux initiés, mais tout le monde peut en profiter.

Dujardin est extraordinaire. Il invente un style à lui tout seul (ses sourcils !), encore plus abouti que dans le premier opus. Ses rôles moins rigolos joués récemment contribuent peut-être à conférer une densité particulière au personnage. Dans ce film les moments où il quitte son rôle de play-boy obtus (le camp hippie, le vertige) sont particulièrement bien vus.

Qui depuis les Monty Python avait réussi a jouer aussi bien dérision et charme, non-sens british et sensibilité à fleur de peau ?

Personne.

Le film sort d'un no-man's land (la comédie française second degré) pour y retourner, Jean Dujardin. Emilie de la Hosserayeen nous gratifiant au passage d'un chapelet de répliques collectors. Les décors sont splendides, l'atmosphère 60ies très bien reconstituée.

D'une certaine façon, et je me risque à un parallèle osé, OSS 117 enfonce Bond et la partie sud-américaine de son Quantum of Solace (si je puis dire, et nobostant le fait qu'un doigt dans les fesses sorti de son contexte, etc...).
Rien à dire de plus sinon qu'un crocodile grillé serait le bienvenu.

Plait il ?

Y'a t'il une amicale nazi dans le coin ?

 

3e

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Les trois royaumes

 Lin Chi-Ling. Metropolitan FilmExportEn regardant Les trois royaumes, j'ai retrouvé des sensations que j'éprouvais petit le mardi soir en regardant les westerns sur la troisième chaîne.

Des bons, des méchants (mais des méchants classe, pas des idiots ou des brutes).

De la bravoure, du courage, de l'intelligence, de l'amitié, de l'amour, de l'astuce, de l'émotion. Une narration simple et limpide. Une beauté visuelle époustouflante.

Pour son retour au pays, John Woo n'a pas lésiné sur les moyens, les décors et les trucages sont à la hauteur des films hollywoodiens, voire au-delà. On reconnait la patte de maître Woo à l'extrême fluidité de sa caméra, au sens des mouvements originaux, aux tics récurrents (envol de colombes, scènes aux milliers de chandelles, ralentis appuyés).
 
Alors qu'il a pu s'égarer quelquefois aux US, ses talents trouvent ici une occasion de se déployer en pleine harmonie avec l'histoire et le style de son film.

Le cadre dans lequel se déroule la majeure partie du film est sidérant de beauté (le camp de la falaise rouge). Sa topographie très lisible est un des atouts majeures de l'histoire : cette partie reprend les codes de la tragédie antique dans un immense théâtre naturel. Comme dans les meilleurs westerns ce sont donc les grecs qui peuvent être convoqués en référence de cette belle histoire antique, en particulier Homère et ses héros tour à tour rusés et/ou courageux. Le film doit beaucoup aux acteurs, excellents, avec une mention spéciale pour le couple Tonny Leug / Takeshi Kaneshiro. L'actrice est aussi très émouvante.

Un bien beau divertissement.

 

3e

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Je vais bien, ne t'en fais pas

Mélanie Laurent. Mars DistributionEmoustillé par la vision de Welcome, je me procure le précédent film de Philippe Lioret.

Et..... je retrouve bien dans ce film, en germe, tout ce qui éclatera pleinement dans le film suivant par la grâce d'un sujet autrement plus politique (au bon sens du terme).

A savoir :

1 - un sens du casting épatant. Mélanie Laurent est parfaite. Kad Merad est profond. Tous les acteurs jouent juste, même les deuxièmes ou troisièmes rôles.
2 - un art de la mise en scène consommé (montage bien rythmé, alternance des plans larges et resserrés, utilisation des focales et des premiers/deuxièmes plans)
3 - une impression de réalité que le cinéma français peine généralement à nous donner

L'intrigue est certes un peu juste, mais les promesses d'un beau et grand cinéma français, réaliste et sentimental à la fois, sont là.

 

2e

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The chaser

Haut et CourtLe cinéma coréen a décidément le génie du film de genre : western, horreur, film de monstre, thriller, policier.

The Chaser est une variation habile sur le thème du serial killer comme l'était déjà l'excellent Memories of Murder, dont j'ai parlé récemment sur ce blog.

Ici, l'originalité est que le tueur est découvert dans les 5 premières minutes du film, exactement de la même façon que The Host donne à voir le monstre très rapidement. La conséquence est que le film commence par ce qui est bien souvent, dans d'autres oeuvres, la fin. C'est une façon de dire : bon voilà, ce gars est vraiment un sadique, il en a tué 9 ou 12, peu importe, maintenant voyons voir comment le film peut évoluer, et les personnages avec.

Le tueur emmène donc sa victime dans une maison qui n'est pas la sienne, est dérangé, doit sortir, puis par un concours de circonstances étranges est démasqué dans la rue. Mais la police n'a pas de preuves, ou pas assez. Commence donc un jeu du chat et de la souris totalement prenant et d'une violence rare, alors que la victime agonise doucement dans la pièce ensanglantée

Le film montre superbement les ruelles de Séoul, en particulier sous la pluie battante. Il est vif, bien monté. Les personnages comme souvent dans les films coréen sont très ... directs, voire vulgaires. Comme souvent aussi les autorités sont tournées en ridicule, ou du moins leur incompétence n'est pas dissimulée. Les deux personnages principaux sont bien joués, ils donnent tous les deux une noirceur profonde au film.

Petit défaut : certains effets sont trop marqués, mais c'est le premier film d'un tout jeune réalisateur, dont il parait qu'il n'a pas encore tout à fait fini ses études de cinéma. On ne lui en tiendra donc pas rigueur.

Un très beau coup d'essai, qui vient d'obtenir un prix au festival du film asiatique de Deauville. A voir, si vous pouvez supporter une certaine dose de violence et de tension.

 

3e

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Welcome

Firat Ayverdi. Guy FerrandisTrès agréable surprise.

Depuis quand n'avait-on pas vu un film français se coltiner avec un problème social contemporain, tout en étant un bel objet cinématographique ?

Depuis Ressources Humaines de Laurent cantet, peut-être... 

Evacuons tout de suite la polémique douteuse montée de toute pièce par Eric Besson à propos de la comparaison avec les méthodes utilisées envers les juifs lors de la shoah. C'est ridicule, et en plus ce qu'a dit Lioret n'était pas faux. Mais passons.

Ce que montre Welcome de la vie des migrants à Calais est remarquable. Plus encore, le rôle de la police, ce qu'encourent les habitants s'ils aident les clandestins : tous ces sujets sont très intéressant.

Le film parvient à dresser un tableau saisissant de la situation, non pas d'une façon didactique mais à travers deux prismes :

- celui du thriller autour de l'aventure d'un jeune kurde, thriller très percutant, d'abord dans le camion, puis dans la mer
- celui de l'évolution psychologique du personnage principal, remarquable Vincent Lindon, qui contre toute attente n'en fait pas trop, et dont l'anglais est délicieux

Il est très touchant de voir comment les liens se tissent entre lui et le jeune acteur (remarquable aussi), passant très rapidement d'un prétexte pour reconquérir sa femme à quelque chose de plus profond : l'amour de son prochain, la compassion, et ce faisant sa propre humanité. D'une certaine façon, le mécanisme à l'oeuvre chez Lindon est probablement celui qui conduisit les Justes à sauver des juifs pendant la seconde guerre mondiale, et c'est très beau de le voir à l'écran.

Philippe Lioret, d'une façon qui me surprend beaucoup, révèle un sens de la composition très sûr, dans les plans presque abstraits de la piscine, des athmosphères glauques, et l'épisode très réussi de la traversée, où les sensations éprouvées face aux tankers puis dans la tombée de la nuit sont très fortes. Le montage est excellent lui aussi, vif, alerte, signifiant (rapide passage de Sarkozy !).

Il y a certes un peu de sensiblerie ici ou là, quelques petits défauts que les autres se chargeront de noter. Mais quand les qualités d'émotions et de mise en scène sont là, pourquoi faire la fine bouche ?

 

4e

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Gran Torino

Difficile de parler de Gran Torino et de l'icône Eastwood en faisant abstraction de l'avalanche de louanges que critiques, spectateurs et blogueurs ont déjà déclenché dans un bel ensemble.

Le film se laisse regarder, mais comme souvent chez Eastwood, un certain nombre de points m'empêchent de crier au chef-d'oeuvre.

D'abord la mise en scène et le jeu des acteurs sont très académiques. Eastwood surjoue volontairement, mais un petit peu trop à mon goût. La progression de l'histoire, assez convenue, ne brille pas non plus par son originalité.

Là où le film est le plus convaincant et emporte la mise, c'est dans la description insolite de l'immersion du white american old school dans le milieu Hmong. "J'ai plus en commun avec ces gens qu'avec mes propres fils" dit Walt dans le film. La façon dont les deux parties s'apprivoisent et apprennent à se connaître est réellement bien vue (je pense notamment à la longue séquence du repas durant laquelle Walt erre avec aisance parmi les étrangers qu'il haïssait quelques heures auparavant). Le sens de l'humour qui plane doucement sur toute une partie du film est aussi très agréable. Par moment il vire même au burlesque d'une façon assez inhabituelle chez Eastwood ces derniers temps (les duels d'injures avec italiens et irlandais par exemple, ou la scène des offrandes).

Quant au débat "On s'attendait à Dirty Harry chez les bridés, et c'est tout à fait autre chose / c'est tout à fait ça" il paraît un peu vain, tant on peut défendre des points de vue opposés sur la question avec la même force. Le fait est que Eastwood sent la fin approcher et sait qu'il se met en scène peut-être pour une des dernières fois. Que le fantôme d'Harry traîne dans son esprit au moment où il se filme lui-même dans un cercueil est inévitable.

Une bonne soirée, sans que je comprenne toutefois l'enthousiasme délirant de l'accueil critique vis à vis d'un film tout de même assez formaté et prévisible. 

 

3e

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Tulpan

Le personnage principal de Tulpan est la steppe kazakhe.

Le paysage dans lequel se déroule le film est en effet fascinant : plus plat, je ne crois pas que ce soit possible.

La ligne d'horizon, parfaitement horizontale, sépare exactement deux mondes : celui d'en-bas, monotone, dans lequel une yourte apparaît de loin en loin, un cauchemar pour le chef opérateur, car rien n'accroche le cadre, et celui d'en haut, plus changeant, avec ses orages, ses nuages, ses tornades.

Asa est un jeune homme qui revient d'un séjour dans la marine pour habiter chez sa soeur, son beau-frère, et leurs 4 enfants. Pour s'installer il lui faut un troupeau, pour avoir un troupeau il lui faut une femme. La première disponible s'appelle Tulpan, elle habite avec ses vieux parents à une journée de tracteur. Hélas, les oreilles d'Asa ne plaisent pas à Tulpan...

Le film vaut plus par son ambiance que par son scénario. La façon dont les personnages sont isolés dans l'immensité est poignante, la puissance de la nature y est directement sensible, comme en mer. On se rend parfaitement compte de l'interdépendance des êtres humains entre eux, et de leur lien fusionnel avec les bêtes du troupeau.

Asa qui n'a ni yourte, ni femme, ni troupeau n'arrive pas trouver sa place. Dans l'intimité de la yourte familiale où chacun dort côte à côte, il gêne. Il n'est pas compétent en tant que berger. Dans cet environnement impitoyable l'inutilité sociale est elle tenable ? Asa partira-t'il à la ville, à 500 km de là ? restera-t'il ? Voilà en résumé l'enjeu de la deuxième partie d'un film intéressant, même si certaines de ses scènes auraient gagné à être légèrement raccourcies.

 

2e

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The wrestler

Evidemment il y a toujours des grincheux que la vue de la réalité, en l'occurrence du corps, dérange, exaspère ou ennuie.

Mon voisin lors de la projection de The Wrestler était de ceux là : une remarque désagréable à chaque vomissement ou blessures de Mickey Rourke, puis pour faire bonne mesure, un commentaire final bien senti envers ces incapables qui ont donné un Lion d'Or à un film comme celui-là.

Oui, voir notre corps comme de la viande n'est pas si confortable, c'est vrai. Pour lui : viande tailladée, écrasée, poinçonnée, bourrées aux hormones, piquée, droguée, alcoolisée, brûlée aux UV, meurtrie. Pour elle : viande exhibée, percée, peinte, enveloppée dans le bon emballage, puis vendue. De la viande partout, à tel point que The Ram finit par en vendre, en frire, en trancher, et même au final couper la sienne propre avec l'outil destiné à couper celle du porc.

De la viande, oui, mais avec des sentiments dedans.

En osant un parallèle pas évident, je dirais que Hunger, magnifique film, montrait l'âme dans/en dépit du corps, et The Wrestler montre les sentiments dans/en dépit du corps. La viande s'appelle Robin, mais celui qui aime, et qui voudrait tant qu'on l'aime en retour, s'appelle Randy, et les deux cohabitent comme ils le peuvent. Le corps est fatigué, usé, les sens sont émoussés (lunettes et appareil auditif sont nécessaires), le coeur/viande est au bord de la rupture, mais à l'intérieur le coeur/sentiment est en pleine forme, il lui faut de l'amour, de l'amitié, n'importe quoi qui ressemble à un sentiment. Catcheurs, fille, amante potentielle, petit garçon qui joue à la Nintendo, public, Randy essaye toutes les pistes et toutes, ou presque, échouent.

Il fallait un drôle de cran pour tourner ce film au scénario minimaliste et quelques fois proche du mélodrame, du cran, et un acteur fabuleux. Rourke réussi une performance exceptionnelle, comme revenu d'entre les morts. La mise en scène est sobre, rugueuse comme la peau couturée du héros, caméra à l'épaule et gros grain. On dirait presque un film européen de ce point de vue. Les Dardenne ne sont pas loin.

Les décors (si on peut dire) sont gris, glauques, superbes, magnifiquement en phase avec l'histoire, comme la bande son, qui se finit dans le ton juste avec la belle chanson de Springsteen, l'enfant le plus célèbre du New Jersey où se déroule le film.

The Wrestler : l'amour, avec de la viande autour.

 

4e

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Memories of murder

Un coin de campagne en Corée, dans les années 1980.

Une jeune fille habillée de rouge est retrouvée violée puis étranglée. Puis une deuxième.

Les deux flics du coin, une brute patibulaire qui croit reconnaître un coupable en le regardant dans les yeux, et un teigneux violent et obsédé, n'arrivent pas à gérer l'affaire.

Un jeune policier de Séoul, beau et malin, rompu aux méthodes plus modernes d'enquête, vient les épauler.

Un troisième corps est découvert grâce à lui.

A partir du schéma classique du serial killer, Bong Joon-Ho réussit un film très prenant et très beau.

Bien sûr, le développement de l'enquête qui ne ménage pas rebondissements et suspense, est captivant en soi. Je ne peux pas en dévoiler grand-chose sans gâcher votre plaisir de spectateur mais sachez qu'il faut toujours écouter les histoires que se racontent les jeunes filles dans les écoles, que la radio peut se révéler une aide précieuse dans ce type d'enquête, et que les hommes portant une culotte rose se réfugient dans les mines à ciel ouvert.

Au-delà du prétexte policier, déjà très agréable, Bong Joon-Ho nous offre une mise en scène raffinée, absolument étonnante chez un jeune réalisateur dont c'est le deuxième film. Les scènes de groupe démontrent par exemple un sens du cadre et de la composition remarquable (la scène du restaurant quand le commissaire vomit). L'alliance d'un réalisme très cru par moment (les cadavres) et d'un esthétisme discret mais très présent (le ralenti sous la pluie, la façon de filmer la nature, le brio des scènes d'action, l'atmosphère magique de la mine, l'épilogue élégiaque) donne au film une beauté plastique "qui fait sens". De ce point de vue Memories of Murder rappelle évidemment le style de David Fincher et préfigure d'une certaine façon Zodiac.

Percent également dans le film le sens de l'observation sociale qui sera le terreau de l'excellent The Host, et la finesse de l'étude psychologique avec des personnages qui évoluent beaucoup de ce point de vue tout au long du film. Tous les acteurs, Song Kang-Ho en tête, sont très bons.

A noter que l'intrigue se nourrit de faits réels, et fut tourné non loin du lieux des crimes.

Un classique en puissance.

 

4e

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Les plages d'Agnès

Agnès Varda. Les Films du LosangeAvec un peu de retard je vois Les plages d'Agnès.

Je passe un assez bon moment sans que le film ne bouleverse ma hiérarchie 2008 (ouf !).

Pour dire vrai, en inventant un nouveau concept, l'autodocumentaire, Agnès Varda se place un peu en dehors de toute compétition.

Son habile patchwork intéresse en montrant à la fois l'histoire d'une famille, la vie d'une artiste, des fragments d'histoire culturelle (Morrison, LA), des lieux géographiques emblématiques (Venice, Sète, Paris), des gens (le ferrovipathe !!), des installations de plasticienne pas inintéressantes (les pommes de terre, les photos de théatre, la maison faite de pellicules), et surtout, oui surtout, car c'est vraiment le moment ou le film devient film, une histoire d'amour et de mort (avec Jacques Demy).

Est ce un film ? Peut-être pas. Est ce du cinéma ? Oui, sûrement.

 

3e

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