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Christoblog

Articles avec #clint eastwood

Juré N°2

Une fois n'est pas coutume, j'ai beaucoup aimé ce film de Clint Eastwood.

Le mérite en revient probablement en grande partie au scénario de Jonathan Abrams, d'une finesse remarquable. L'intrigue (dont la bande annonce révèle un peu trop facilement le pitch) progresse rapidement au-delà de son point de départ, et ses développements sont très bien conçus.

Les retournements de situation sont excitants, les dilemmes des différents personnages captivants. Les cas de conscience qu'exposent élégamment le film se reflètent d'ailleurs dans le cerveau de chaque spectateur : qu'aurions nous fait à la place de Justin Kemp ?

Comme la mise en scène est d'une grande fluidité, que les dialogues sont ciselés et que le jeu des acteurs est impeccable, on passe un excellent moment. Nicolas Hoult (qui se fit d'abord remarquer dans A single man) est convaincant en juré anxieux, alors que Toni Collette offre une prestation remarquablement nuancée.

Un excellent film de procès et un très bon cru pour Eastwood, peut-être l'ultime pour le réalisateur de ... 94 ans.

Clint Eastwood sur Christoblog : Mystic river - 2003 (***) / Gran Torino - 2008 (***) / Invictus - 2009 (**) / Au-delà - 2010 (*) / J. Edgar - 2011 (**) / American sniper - 2015 (**) / Sully - 2016 (***) / La mule - 2019 (**) / Le cas Richard Lewell - 2020 (**)

 

3e

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Mystic river

Dans la filmographie très inégale de Clint Eastwood, il faut apprécier les films comme celui-ci, dans lesquels le mauvais goût de l'américain s'efface devant une solide histoire.

C'est en effet avant tout au talent de Dennis Lehane que Mystic river doit sa belle tension intérieure : une intrigue d'abord tortueuse puis limpide, une plongée dans les méandres les plus noires de l'âme humaine et une sécheresse sans afféterie chez tous les protagonistes.

Eastwood n'ajoute presque rien de tape l'oeil dans la mise en scène (si ce n'est parfois un peu trop de musique, et une fin pas très heureuse). Il filme des acteurs formidables avec une élégance plaisante, parsemant le film de vues d'ensemble sur la ville ou la rivière, qui donnent une tonalité presque sacrée au drame qui se joue sous nos yeux.

Le film date de 2003. Il a très bien vieilli, et on peut se demander si aujourd'hui le cinéma américain de studio serait capable de produire un film aussi noir et aussi long (2h17). Sean Penn trouve ici peut-être le meilleur rôle de sa carrière, à la fois flippant et émouvant, mémorable à plusieurs reprises.

Un polar classique, de haute densité.

 

3e

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Le cas Richard Jewell

Les derniers films de Clint Eastwood n'étaient pas très bons, et même, pour certains d'entre eux, franchement mauvais.

Cet opus constitue donc une bonne surprise : un scénario modeste mais efficace, des personnages attachants et bien joués (très bon Sam Rockwell) et une histoire édifiante. Des qualités qu'on retrouvaient d'ailleurs point par point dans le meilleur des dix derniers Eastwood, Sully.

Les points faibles du film sont malheureusement ceux qui rendent la production récente de l'américain indigeste  : dans sa volonté de sonner la charge contre les pouvoirs malfaisants qui oppressent le pauvre individu (les médias, le FBI), le vieux réalisateur conservateur oublie au passage la subtilité et la nuance. Les personnages joués par Jon Hamm et Olivia Wilde sont ainsi trop caricaturaux pour être intéressants. 

Si la première partie du film est vraiment bien rythmée, la seconde, très démonstrative, patine un peu. L'ensemble est toutefois acceptable.

 

2e

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La mule

A la question "Que vaudrait le même film sans Clint Eastwood acteur ?", on peut objectivement répondre "Pas grand-chose", voire "Rien du tout".

La mule est en effet un film médiocre de plusieurs points de vue : un montage lymphatique, des personnages secondaires caricaturaux, un scénario anorexique, une mise en scène fainéante.

Le film ne vaut que par l'autoportrait un brin complaisant qu'il constitue. 

Pour résumer, voici ce que l'acteur veut nous faire comprendre : certes, je suis un égoïste insensible aux autres, un poil misogyne, raciste et homophobe, mais en réalité il faut me pardonner parce qu'à la fin tout le monde finit par m'aimer. Le film se résume en effet à cette démonstration : sa femme le déteste puis finit par mourir réconcilié avec lui, sa fille (jouée par Alison Eastwood, sa propre fille) le hait puis finit par l'inviter pour thanksgiving, le policier qui parvient à l'arrêter l'admire, les mafieux mexicains finissent tous par l'apprécier, même les plus durs d'entre eux, les Noirs qu'il traite de niggers lui répondent gentiment.

Le personnage d'Earl suscite l'attendrissement compassionnel comme le ferait un bébé. On pardonne tout au vieux et roué briscard, qu'on devine plutôt soutien de Trump que de Clinton ou Obama, comme l'est Eastwood lui-même.

Les effets émollients de cette auto-hagiographie finissent par atteindre aussi les spectateurs et les commentateurs, qui tous semblent perdre leur sens critique devant ce qui n'est qu'une pochade maladroite qui n'attirerait que les sarcasmes si elle était réalisée par un quidam : les courses se suivent d'une façon très ennuyeuse, les enjeux dramatiques sont ridiculement faibles et l'évolution des relations familiales versent finalement dans des torrents de mièvrerie lors de la réunion familiale.

A ne voir que si vous êtes fan du presque nonagénaire et réactionnaire réalisateur.

 

1e

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Sully

La dernière fois que j'avais vraiment aimé un film de Clint Eastwood, c'était il y a huit ans, au moment de la sortie de Gran Torino

Autant dire que je suis allé voir Sully à reculons, d'autant plus que les dernières prises de position de Eastwood en faveur de Donald Trump ne rehausse pas l'estime que je peux avoir pour le bonhomme, qui devient en vieillissant le prototype du bon vieux facho républicain.

Ceci étant dit, je suis obligé de dire que Sully est un bon film. Eastwood y est certainement pour quelque chose. Sa mise en scène est extrêmement efficace dans les scènes d'action ("je ne prendrai jamais plus l'avion", disait une petite fille en sortant de la salle, et je la comprends) et délicate dans les scènes plus calmes.

Mais plus que la mise en scène, je trouve que c'est le scénario de Todd Komarnicki qui est brillant. Il parvient à faire d'une intrigue minimaliste (en gros, le pilote qui a posé l'avion sur l'Hudson en janvier 2009 a-t-il pris la bonne décision ?) un suspense psychologique haletant. En multipliant les flash-blacks et les allers-retours temporels avec une rare habileté, le scénario donne un relief incroyable au film.

L'autre point très fort du film est la prestation de Tom Hanks, impeccable en professionnel qui fait son boulot (We did our job est sans aucun doute la réplique pivot du film) et qui est aussi capable de se remettre en question. 

Sully donne bien sûr une vision idyllique du peuple américain (chacun y est absolument parfait) sur le mode de "on n'est pas des mauviettes", qui est précisément celui qui pousse Eastwood a donner sa voix à Trump, mais il le fait sans emphase et avec une justesse de ton appréciable.

 

3e

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American sniper

Il faut probablement, pour apprécier un tant soit peu le dernier film d'Eastwood, accepter l'a priori suivant : le film est tiré d'une autobiographie de soldat héroïque.

Il est donc vain de lui reprocher ses aspects patriotiques à l'extrême (ceux qui doutent du bien-fondé de la guerre sont expédiés au second plan, manu militari), ou sa bienveillance complaisante vis à vis du héros (il ne se trompe jamais, et choisit le bon enfant à tuer).

Une fois posé cet état de fait qui désamorce la plupart des polémiques concernant American Sniper, que reste-t-il ? Un film de guerre lambda comme on en a vu tant, mois palpitant que Zero dark thirty, moins réaliste que Démineurs, moins intéressant que des films méconnus sur l'Iraq comme Battle for Haditha ou Dans la vallée d'Ellah.

Eastwood est un cinéaste classique, et sa façon de faire des films est tellement prévisible que cela en devient risible, comme lorsqu'on suit cette balle qui part dans Sadr City pour tuer à plus de 1600 mètres. C'est du solide, du déjà vu, du vieillot. 

Le film n'est pas désagréable à regarder pour autant, les scènes de guerre étant réalistes au possible. Faut-il aller le voir ? Probablement non, sauf à tenir absolument à ne pas être surpris.

 

2e

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J. Edgar

Soyons positif : j'ai trouvé le dernier Eastwood bien moins mauvais que le mollasson Invictus et surtout que le pitoyable brouet mystique d'Au-delà.

Ceci dit, le film ne m'a pas enthousiasmé non plus, et ce, pour trois raisons.

La première, c'est le scénario. Il est très rare que je trouve un scénario vraiment mauvais, mais celui-ci me semble cumuler plusieurs défauts : il est trop allusif (il faut être rompu à certaines subtilités de l'histoire américaine pour tout comprendre), confus (ces aller-retours incessants entre les époques donnent le tournis), verbeux (cette voix off envahissante), discutable sur certains points (Hoover s'habillant en femme, l'homosexualité non consommée), hésitant (plongée au coeur du FBI, comme le proclame mensongèrement l'affiche, ou biopic ?).

La deuxième, c'est Di Caprio, qui m'énerve. Avec son petit air buté, sa moue et ses plis au front, on dirait qu'il ressasse sans fin son personnage d'Aviator, ou celui de Shutter Island : le dérangé contrarié.

De plus, ces exploits de maquillages commencent à vraiment m'énerver (et combien de kilos de plâtre il avait, et combien de cheveux il s'est fait arracher, et ta ta ti et ta ta ta). Le pauvre acteur qui joue Olson, lui, n'a visiblement pas eu droit au même budget : il passe directement du stade de jeune éphèbe à celui de mort-vivant au visage de cire. Consternant.

Enfin les choix esthétiques d'Eastwwod ne m'ont pas convaincu : couleurs désaturées presque blanches pour les scènes dans le passé, à l'inverse écran quasi noir pour certaines scènes de nuit, décors numériques.... le film est froid et sans âme.

Je me suis plutôt ennuyé et ai eu du mal à comprendre l'intérêt de raconter l'existence de ce petit homme médiocre et sérieux.

 

2e

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Au-delà

Nul, pitoyable, bâclé, mièvre, superficiel, mou, racoleur, ridicule, ennuyeux, plat, vide de sens, inutile : et vous, quel adjectif trouverez-vous pour qualifier l'infâme Au-delà ?

Regardez Matt Damon sur cette photo : il ressemble à une éponge. Et bien, en vérité je vous le dis, il joue comme une éponge, il parle comme une éponge.

Cécile de France est toute contente d'être là, elle rigole en bêtasse franchouillarde, essayant de se doubler elle-même en Français et n'y arrivant que partiellement. Pauvre France (l'autre), montrée d'une façon aussi caricaturale que le rugby dans Invictus. Mitterrand vu par le fin connaisseur Eastwood : coureur et malhonnête ! Ca c'est de l'annalyse politique de haute volée !

Seul avantage de ce navet abyssal, c'est que l'imposture qui consiste à considérer Eastwood comme un grand réalisateur devrait normalement commencer à apparaître clairement aux yeux de tous.

Au-delà est en-dessous. De tout.

Certains trouvent que ma critique manquent d'arguments. Alors voici un complément.

Les Bisounours chez les morts. Ils sont sympas les morts. D'abord, ils sont toujours très disponibles pour répondre à Matt, notre interphone céleste. Gentil papa incesteux demande à fifille de lui pardonner. Bouh, comme c'est beau. Madame demande à Monsieur de refaire sa vie avec une autre, et sans traîner. Bouh, comme c'est altruiste. Jason a l'air de s'éclater comme un fou là-haut, il rigole tout le temps, trop drôle d'être mort. En plus il intervient dans la réalité, sauve son frère, et le remet face à ses responsabilités : soit un homme, aurait dit l'inspecteur Harry. Et une petite question amusante : si notre médium prend les mains de son frère, il parle avec ses parents ?

Les Bisounours au pays des catastrophes. C'est beau un tsunami. Quand vous êtes sur un balcon et que vous voyez tout ce beau spectacle en bas (sans que votre immeuble tremble, c'est un miracle), vous ne pouvez vous empêcher d'être ému. Quelques plans plus tard, votre immeuble a disparu de la plage (il a du avoir une faiblesse inopinée), mais ouf, au milieu des débris bien rangés par petits tas d'égale hauteur, et au milieu de cadavres déjà soigneusement alignés sous des draps miraculeusement repassés, vous retrouvez, par hasard, votre bien-aimée ! Celle-ci, emportée par les flots furieux n'a pas lâché le bracelet acheté à la petite fille (trooop mignonne) dont le nounours a suivi par miracle notre journaliste rescapée, le tout dans une eau cristalline.

Marcus, sur le quai de métro, n'a pas un cheveu qui bouge, et ne semble pas souffrir des oreilles alors qu'une bombe de grande puissance vient d'exploser dans un espace confiné à quelques dizaines de mètres de lui : ce gosse a quelque chose de spécial, vraiment.

Les Bisounours savent conclure. Ha, cette scène finale ! Une seule comparaison possible : notre grand Lelouch sur un scénario de Musso, notre futur prix Nobel de littérature. Tout y est : le regard éperdu de Cécile, la vision de Matt qui se voit tendrement chercher les lèvres de son amour, les mains qui s'unissent, la caméra qui tournoie, le ralenti, la musique. Rien à redire, c'est parfait. Et le décor, j'oubliais cette sublime galerie couverte, romantique en diable et si naturelle.

Je m'arrête là mais j'en aurais d'autres : Les Bisounours et Tonton, Les Bisounours au pays des pubs Blackberry, Les Bisounours font de la cuisine italienne, Les Bisounours jouent au travelling, Les Bisounours visitent une clinique, Les Bisounours à France Télévisions, Les Bisounours écrivent un livre, etc, etc.

 

1e

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Invictus

Invictus ne va pas m'aider à changer d'opinion sur Eastwood, que je juge incroyablement surestimé par la critique en général (encore la couverture de Télérama cette année).

Ses films s'enchaînent et démontrent de plus en plus qu'il tend vers un académisme US bien pensant, manichéiste, et sans grande inventivité.

Gran Torino marquait un léger mieux qui paraît bien lointain aujourd'hui.

Si la première partie du film est acceptable (les biopics ont toujours un intérêt intrinsèque par définition), la seconde sombre dans une sentimentalité et un angélisme bébêtes. Les scènes montrées durant la finale sont à ce titre d'une stupidité larmoyante difficilement égalable (un petit garçon noir qui sympathise avec des policiers blancs, des gardes du corps bourrus, blancs et noirs, qui se donnent une virile poignée de main de réconciliation....)

Le plus frappant est la maladresse intrinsèque avec laquelle sont reconstituée les scènes de rugby : on y voit des coups de pied d'engagement grostesques, et des incongruités manifestes (le tableau des scores change alors que le ballon n'a pas encore franchi les poteaux).

Je vois dans cette façon de ne pas saisir les subtilités du rugby, sport fantaisiste et combat impitoyable, une sorte de métaphore de l'Amérique droite dans ses bottes tentant d'approcher - sans la comprendre - la vieille Europe, puisque le rugby est avant tout caractéristique du couple franco-britannique, colonies comprises.

Abdelatif Benazzi, qui était capitaine de l'équipe de France dans le bourbier de Durban, en demi-finale, disait l'autre jour à la radio que le rugby montré dans le film n'était même pas du niveau de 3ème division. On se rappelle qu'il marqua ce jour-là à deux minutes de la fin un essai, refusé par l'arbitre, qui aurait éliminé les Boks (une péripétie essentielle dans l'histoire de la coupe du monde), qu'Eastwood, ou ses scénaristes, ne semblent pas connaître.

Restent les prestations des acteurs pour que le film ne sombre pas totalement. Freeman est sidérant en Nelson Mandela et Matt Damon très convaincant. Cela ne rattrape pas la mollesse tristounette du scénario, ni l'inconsistance de la mise en scène, mais m'empêche de qualifier le film de catastrophe.   

 

2e

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Gran Torino

Difficile de parler de Gran Torino et de l'icône Eastwood en faisant abstraction de l'avalanche de louanges que critiques, spectateurs et blogueurs ont déjà déclenché dans un bel ensemble.

Le film se laisse regarder, mais comme souvent chez Eastwood, un certain nombre de points m'empêchent de crier au chef-d'oeuvre.

D'abord la mise en scène et le jeu des acteurs sont très académiques. Eastwood surjoue volontairement, mais un petit peu trop à mon goût. La progression de l'histoire, assez convenue, ne brille pas non plus par son originalité.

Là où le film est le plus convaincant et emporte la mise, c'est dans la description insolite de l'immersion du white american old school dans le milieu Hmong. "J'ai plus en commun avec ces gens qu'avec mes propres fils" dit Walt dans le film. La façon dont les deux parties s'apprivoisent et apprennent à se connaître est réellement bien vue (je pense notamment à la longue séquence du repas durant laquelle Walt erre avec aisance parmi les étrangers qu'il haïssait quelques heures auparavant). Le sens de l'humour qui plane doucement sur toute une partie du film est aussi très agréable. Par moment il vire même au burlesque d'une façon assez inhabituelle chez Eastwood ces derniers temps (les duels d'injures avec italiens et irlandais par exemple, ou la scène des offrandes).

Quant au débat "On s'attendait à Dirty Harry chez les bridés, et c'est tout à fait autre chose / c'est tout à fait ça" il paraît un peu vain, tant on peut défendre des points de vue opposés sur la question avec la même force. Le fait est que Eastwood sent la fin approcher et sait qu'il se met en scène peut-être pour une des dernières fois. Que le fantôme d'Harry traîne dans son esprit au moment où il se filme lui-même dans un cercueil est inévitable.

Une bonne soirée, sans que je comprenne toutefois l'enthousiasme délirant de l'accueil critique vis à vis d'un film tout de même assez formaté et prévisible. 

 

3e

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