Je ne sais pas à quoi pensait Klapisch en tournant son film, mais le résultat est un film choral franchouillard.
Dans le genre film choral, De l'autre côté a donné récemment une forme brillante, proche de la tragédie grecque, dans lequel les personnages affrontaient leur destin.
Ici ils affrontent plutôt leurs petit tracas sur un fond de Paris de carte postale, mais le résultat n'est pas si mauvais.
Et les petits tracas, pour la première fois dans la filmographie de Klapisch, prennent la forme de la mort (Duris, le père de Luchini, l'accident de moto), sans qu'on y adhère à 100 %, je suis d'accord, mais cela produit son petit effet. De toute façon, je ne crois qu'il soit possible d'adhérer à 100 % à un film de Klapisch.
Au rayon des points forts : Juliette Binoche, plus elle est enlaidie, plus elle rayonne, comme un joyau, de l'intérieur. Son strip-tease devant un Albert Dupontel médusé est un grand moment de cinéma.
Comme toujours chez Klapisch, les acteurs sont très bien : Luchini se maintient juste sous le seuil du cabotinage (de justesse), Mélanie Laurent est hot (qui dira le contraire ?), Karin Viard impayable en boulangère raciste (accueil de la salle à Nantes pour sa tirade sur les bretonnes !), Cluzet est nul à souhait (il sait faire, mais le rêve en animation est assez bien vu), Dupontel est craquant, et Duris s'en sort bien dans un rôle chausse-trappe.
Dans les points forts aussi, des passages musicaux très beaux : la ritournelle envoutante de Wax Taylor teintée de nostalgie (quand Duris regarde les vieilles photos), Juliette qui se déchaine sur Louxor (j'adore) et le numéro exceptionnel de Luchini. Au rayon des points faibles : le reste, c'est à dire tout, ou presque (90 % du scénario, 80 % de la mise en scène), y compris des approximations coupables (l'itinéraire de l'africain, les top models aux halles...).
Klapisch est le Lelouch du XXIème siècle : films baclés, souvent horripilants, potentiellement géniaux, toujours à la limite.
Enfin est ce que Paris (le film) parle bien de Paris (la ville) ? Réponse : moins bien que Les chansons d'amour, bien sûr.