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Christoblog

Articles avec #j'aime

Anvil !

Zootrope FilmsExcellent.

Que vous soyez fan de heavy metal ou pas (ce qui est mon cas), je vous recommande chaudement ce documentaire. Anvil est un groupe qui eut un bref moment de gloire dans les années 80, puis connut une longue, longue période de galère et d'oubli.

Le film nous emmène à la découverte des deux piliers du groupe : Lips, sorte de grand enfant dont les capacités d'émerveillement et d'espoir paraissent inépuisables, et Robb, plus secret, plus taciturne. Les deux sont soudés depuis leur plus tendre enfance (si on peut dire, pour une enfance dont Black Sabbath était la bande son).

Nos deux tendres durs sont filmés dans leur vie quotidienne, leur famille et on suit aussi évidemment la vie du groupe. Les aventures d'Anvil sont aussi drôles que pitoyables : une tournée catastrophique en Europe (concert exceptionnellement raté au fin fond de la Roumanie : Transylvania Monsters !), un enregistrement homérique à Douvre, une tournée des maisons de disque désespérante...

On est fascinés, tant par l'énergie du tandem, que par leur superbe lucidité. Certains moments sont ubuesques, je pense au concert à Prague, au mariage, ou à la désopilante expérience de Lips dans un centre d'appel vendant des lunettes de soleil.

C'est frais, c'est enthousiasmant, c'est court. C'est à voir si ça passe près de chez vous.

 

3e

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I love you Phillip Morris

EuropaCorp DistributionI love you Phillip Morris (rien à voir avec les cigarettes) raconte une histoire vraie.

 

Celle de Steven Russel, arnaqueur gay de haute volée, qui tombe follement amoureux de son co-détenu.


Le film hésite perpétuellement entre deux styles : le film d'arnaques / usurpations d'identité (à la Catch me if you can) et la comédie romantique gay.

Après un démarrage bien rythmé, cette hésitation nuit au déroulement de l'histoire qui s'embourbe en milieu de film, avant de rebondir à la fin par une sublime ultime arnaque qui permet de finir sur une bonne impression.

 

Un des points forts du film est la prestation étonnante des deux acteurs. Carrey est égal à lui-même, un peu moins démonstratif que d'habitude, tout à fait crédible dans son rôle. Ewan McGregor est surprenant, jouant brillamment un gay fragile et bonne poire.

Le film ne fait qu'effleurer les troubles de la personnalité de Steven Russel (qui est-il vraiment ?) et c'est un peu dommage, car sous le vernis de la comédie facile, on perçoit fugitivement un océan de ténèbres. 


3e

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Hellboy (I et II)

Doug Jones. Gaumont Columbia Tristar FilmsGuillermo Del Toro est un cinéaste visionnaire.


Les deux Hellboy le démontrent, ainsi que le magnifique Labyrinthe de Pan.

En effet, ce ne sont pas les scénarios qui font l'intérêt de ces deux opus réalisés à 5 ans d'intervalle, même si la patte de l'auteur américain de comics Mike Mignola rend l'intrigue ... mythologiquement consistante.

L'intérêt des deux films est ailleurs.

D'abord les inventions visuelles, notamment en ce qui concerne les décors et surtout les monstres, sont magnifiques, à la fois originales et poétiques, inquiétantes et séduisantes. Dans ce domaine Hellboy II : The golden army, sorti en 2008 est éblouissant.


Les mini-monstres qui ouvrent ce deuxième épisode, le marché des trolls sous le pont de Brooklyn, l'immense monstre vert en forme de fleur, la "Pythie aux cent yeux" dans sa grotte sont autant de morceaux de bravoure étourdissants.

 

Ensuite, le deuxième degré ironique et léger qui court dans les deux films est délicieux. La figure de Hellboy, grand enfant et terreur à la Bud Spencer, amoureux jaloux et fugueur invétéré, est particulièrement réussi. Son désir de reconnaissance est très touchant. Les autres comparses sont formidables, en particulier l'inénarrable homme-poisson Abe.

 

Au final, en regardant les deux films en deux soirées, on retrouve un plaisir pop corn et grand spectacle intelligent qui devient rare.

 

Noir, beau, drôle, poétique.

 

3e



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Le décalogue (6 à 10)

6 : Tu ne seras point luxurieux

Evidemment on pense à Fenêtre sur cour. Et la référence à Hitchcock n'est pas si bête, car comme le grand Alfred, Kieslowski est expert en dissection de sentiments. Ici un jeune garçon observe la vie sexuelle débridée d'une jeune adulte et tombe amoureux d'elle. Il se rencontrent. Que va t'il se passer ? D6 explore la frontière entre l'amour et le sexe, le désir de vivre et la pulsion de mort. La virtuosité de Kieslowski rend une fois de plus les personnages de cette histoire inoubliables. L'opus est sorti au cinéma sous le titre (trompeur) de Brève Histoire d'Amour.

7 : Tu ne voleras pas

C'est l'opus qui m'a le moins convaincu. Une mère qui a eu un enfant très jeune a grandi auprès de sa propre fille, à qui on a menti durant toute son enfance en lui disant que sa mère était sa grand-mère. La grand-mère a donc "volé" la fille de sa fille, mais celle dernière va reprendre son bien. L'intrigue est plus simpliste que d'habitude et la virée à la campagne que propose cet épisode est un peu décalée. Mais la grand-mère qui n'éprouve aucun scrupule à déposséder sa fille restera comme un des personnage les plus noirs de tout le cycle.

8 : Tu ne mentiras pas

Très beau. Une conférencière rencontre sa traductrice américaine, qui s'avère être une petite fille juive qu'elle a croisé au moment de la guerre. Elle aurait pu la sauver, mais elle ne l'a pas fait : pourquoi ? D8 rappelle un peu D1 par sa complexité et sa variété : l'épisode où la vieille femme erre dans la cour d'immeuble puis les appartements squattés est kafkaïen, il y a plein de détails bizarres, comme ce tableau qui ne tient jamais droit. Et un moment vertigineux où un élève soumet à sa classe, comme "exercice philosophique", le dilemme constituant la trame de D2.

9 : Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin

D9 commence par un coup de tonnerre, par la grâce d'un montage saccadé : un homme apprend qu'il restera pour toujours impuissant. Il a une femme jeune et séduisante. Il lui conseille de prendre un amant. A-t-on le droit d'être jaloux, quand on est impuissant ? Les premières minutes sont un concentré de mise en scène kieslowskienne : jeux de reflets, de transparence, jeux de focales, de lumières, travellings latéraux... D9 se présente ensuite comme un épisode particulièrement dense psychologiquement, un peu sur le mode de D2. On y vit un des moments les plus troublants de tout le cycle avec un regard caméra particulièrement saisissant, qui démasque à la fois le mari et le spectateur voyeur.

10 : Tu ne convoiteras pas les biens d'autrui

Le Décalogue se termine en beauté avec un épisode très fort, porté par deux acteurs excellents, dont le futur acteur de Trois couleurs : blanc, Jerzy Stuhr. Deux frères héritent de leur père (entraperçu dans D8) une collection de timbres qui vaut une fortune. Dans la collection figure une série de deux timbres autrichiens très célèbres, dans laquelle manque le rose. Il n'existe qu'un exemplaire de ce timbre mythique dans toute la Pologne et son propriétaire l'échange contre .... un rein. Péripéties, changements de ton inhabituels, D10 est un des moments forts du Décalogue.

L'ange

Dans chaque épisode, sauf D10, apparaît un homme blond, souvent dans les moments les plus importants, quand les personnages sont confrontés à des moments décisifs. Il est assez facile à détecter, sauf dans D7 ou il apparaît au loin, sur le quai de gare, au moment où l'héroïne prend le train. Par rapport à ce qui figure dans les bonus, je crois l'avoir vu à un autre endroit : en peintre, dans la prison de D5.
Ouaip, c'est un jeu.
Il y en a un autre : repérer dans chaque épisode les personnages des autres épisodes. Dans les derniers, il est facile de reconnaître les personnages des premiers, dans l'autre sens, c'est plus dur.... à moins de re-regarder le Décalogue à l'envers.

Décalogue 1 à 5

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Mother

Kim Hye-Ja. Diaphana FilmsBong Joon-Ho s'impose de film en film comme un des cinéastes les plus prometteurs du cinéma mondial.

Mother en impose par sa maîtrise dans tous les domaines : une scène d'ouverture mémorable, un scénario millimétré, une mise en scène discrète mais puissante et une direction d'acteurs époustouflante.

Le sujet est le suivant : un simple d'esprit est accusé d'avoir assassiné une écolière. Une balle de golf découvert près du cadavre l'accuse. C'est donc une sorte de version en mode mineur du premier film de Bong, Memories of Murder, qui présentait l'enquête menée contre un tueur en série de jeunes filles, dans un coin de campagne coréenne.

Sa mère va le défendre, se battre comme une chienne, en menant une enquête parallèle, et l'intrigue va connaître pas mal de rebondissements. Jusqu'où une mère qui aime peut-elle aller pour sauver son fils ? Le film au-delà de sa parfaite maîtrise formelle, réussit comme d'habitude dans le cinéma coréen à juxtaposer les genres (comédie, film à énigme, film gore, polar, drame) avec brio.

Une certaine ambiguité malsaine est présente tout au long du film, liée aux relations psychologiques compliquées entre la mère et son fils.

Je ne sais pourquoi, mais j'ai souvent pensé à Almodovar, durant le film, peut-être à cause de la manipulation du spectateur, de l'excellence de la bande son, ou des traits psychologiques déviants. A voir, même si on a un peu de mal à entrer dans le film au début, pour une deuxième partie absolument brillante.

Bong Joon-Ho sur Christoblog, c'est aussi The host.


3e

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Lebanon

CTV International L'originalité de Lebanon tient avant tout à son point de vue inédit : l'intégralité du film (sauf les 10 dernières secondes) est tournée à l'intérieur d'un tank.

Ce parti pris donne une tonalité évidemment particulière aux évènements qui arrivent à l'extérieur : ceux-ci paraissent lointains, et même s'ils sont affreux, ils semblent en grande partie irréels, vus à travers un viseur qui fait penser à un moniteur vidéo.


Claustrophobes s'abstenir, donc, car l'intérieur d'un tank n'est pas très aéré, surtout pour y faire tenir 4 personnes, voire plus…

Sinon, les péripéties s'enchaînent classiquement dans un film qui traite de la guerre : des innocents meurent, des officiers sont incompétents, des sadiques y trouvent leur compte, le commandement est parfois totalement aveugle, les soldats pensent à leur mère, certains ont peur, d'autres vont mourir, etc.

Parfois un élément traverse la membrane qui sépare le tank du monde extérieur et agite le microcosme interne de nos 4 protagonistes : une roquette, un officier, un prisonnier, un cadavre.
Au final, la guerre est montrée pour ce qu'elle est : confuse, injuste, sanglante.

Lebanon n'est pas révolutionnaire, mais il marque probablement une date dans le cinéma israélien, et se laisse regarder sans ennui.

 

2e

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Le décalogue (1 à 5)

Petits moyens, grande ambition.

Tourné pour la télévision polonaise en 1988, le Décalogue est l'oeuvre creuset de Kieslowski. Son épicentre en est l'âme humaine : que veut-elle, que peut-elle, que vaut-elle ?
Très peu vu par les cinéphiles, le Décalogue est pourtant une oeuvre majeure du cinéma mondial.

1 : Un seul Dieu tu honoreras

Magnifique premier opus. Un petit garçon est élevé par son père (qui ne croit pas en Dieu mais dans les mathématiques) et sa tante (qui elle croit en Dieu). Celle qui y croyait, celui qui n'y croyait pas... Le petit acteur est extraordinaire et le lien avec son père est très fort. L'émotion est incroyable dans les 20 dernières minutes et tout l'art de Kieslowski éclate dès ce premier film : mélange parfait de sensualité et d'intelligence, symbiose de la mise en scène et du scénario. Les enseignements moraux sont inexistants, il n'est pas dans l'intention du réalisateur de démontrer ou d'illustrer le commandement en question. Reste un belle histoire émaillée d'évènement troublants, voire surnaturels (l'ordinateur, le personnage au bord du lac, la mort du chien), en contraste complet avec une Varsovie plus grise que grise.

2 : Tu ne commettras point de parjure

Une femme. Son mari est gravement malade. Elle est enceinte, mais pas de lui. Doit elle avorter ? Sa mort éventuelle change-t-elle sa décision ? Quelle responsabilité porte le médecin qui suit le mari ? Dans cette deuxième livraison, un peu moins intense que la première, Kieslowski réussit toutefois une fois de plus à nous captiver dans un premier temps par les visages, les voix, les cadres, puis à partir de la demi-heure environ par le scénario, et enfin par la chute. Comme si un puzzle savant se mettait progressivement en place sous nos yeux.

3 : Tu respecteras le jour du seigneur

Pour cet opus, Kieslowski s'éloigne résolument du commandement en question, il faut dire assez spécifique. Le jour du seigneur, c'est la nuit de Noel. Je ne dirai rien de l'intrigue cette fois : comme dans D2 il faudra attendre la toute fin pour tout comprendre. Ce qui est intéressant, c'est la violence des sentiments et des images, qui tranche avec les deux premiers volets. Ici on montre un cadavre (dans D1, l'ellipse était totale - et admirable), on joue avec sa vie, on ment effrontément. On croise dans les premières secondes le principal personnage de D1 : comme chez Balzac, les personnages vont et viennent dans un grand tableau d'ensemble, il s'agit d'illustrer la vaste comédie humaine. Et toujours cette mise en scène et cette direction d'acteurs virtuose.

4 : Tu honoreras ton père et ta mère

Cet épisode est assez différent des 3 premiers. Son intrigue semble au départ plus claire que les autre, en réalité elle possède des doubles fonds, évidemment. On aperçoit dans l'ascenseur au début le médecin de D2 si je ne me trompe pas. L'énigme de ce qu'on contient la lettre nous tient en haleine jusqu'à la fin, même si la chute m'a paru un peu décevante.

5 : Tu ne tueras pas

Pour moi le chef-d'oeuvre du Décalogue, et un chef-d'oeuvre tout court du cinéma mondial. Des personnages dessinés avec une maestria fantastique, des scènes d'assassinat montrée d'une façon insoutenable, une image travaillée à l'extrême avec cet effet jaunâtre et obscurci sur les bords, un montage aux lignes temporelles entrecroisées, tout est superbe dans ce film. Le plus puissant réquisitoire contre la peine de mort qui existe et un des plus beaux moments de cinéma jamais vu. Une version long métrage de cet opus est sortie au cinéma.

 

... la suite Décalogue 6-10


 

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In the air

George Clooney et Vera Farmiga. Paramount Pictures FranceJason Reitman est le réalisateur de Juno.

Il n'est donc pas étonnant de retrouver dans In the air le mélange doux-amer + épicé qui faisait le charme de son film précédent.

Difficile d'écrire sur ce film des propos définitifs, tant l'impression finale est ambigüe.


Dans une des premières scènes du film, une hôtesse demande à Clooney : "Do you want a can sir ?", et lui comprend "Do you want a cancer ?". Cette réplique est à l'image du film, on ne comprend jamais vraiment ce qu'on devrait comprendre (ou ce qu'on aimerait devoir comprendre, mais c'est la même chose, ou l'inverse),

Clooney se plante approximativement sur tout ce qui est essentiel, et la fin du film est assez abrupte pour qu'on ne puisse pas le critiquer ouvertement. Ni le louer abusivement. Bref, un moment pas désagréable, pas non plus un trait de génie. Et cette idée bizarre d'insérer des témoignages de personnes réellement virées....

Ne pas exclure complètement au moment de se demander ce qu'il faut voir.

 

2e

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The host

Océan FilmsDans The Host, le seul personnage sensé est une petite fille.

Malheureusement celle-ci va être enlevée dès le tout début du film par l'affreuse bestiole et passer ensuite tout son temps dans l'antre du monstre, planquée dans les égouts exactement comme une noisette est stockée par un écureuil. Elle va ensuite prendre toute une série de décisions parfaitement raisonnables.

A part elle, le tableau dressé par le film est pathétique - le père est simplet et s'endort tout le temps, son oncle est diplômé mais au chômage, et quand il envoie des cocktail molotov sur le calamar géant, il rate systématiquement sa cible. Sa tante est une tireuse à l'arc qui rate la médaille d'or parce qu'elle ne se décide pas à tirer et le grand-père est idiot lui aussi.

La société coréenne est taillée en pièce : forces de police impuissantes, scientifiques menteurs et dissimulateurs, politiques manipulés par les américains et population stupide (scène particulièrement amusante ou les gens lancent des canettes au monstre comme des cacahuètes à un singe).

Même le monstre est un peu ridicule : en sortant de l'eau la première fois, il se ramasse sur les escaliers, grosse bête maladroite.

L'intérêt du film est dans ce contraste saisissant : une mécanique parfaite digne des standards américains (monstre très bien fait, suspense, scènes d'action, scénario millimétré, montage puissant) confrontée à une "comédie des ratés" particulièrement caustique, le tout teinté de l'émotion liée à la petite fille et empaqueté dans une réussite visuelle ébouriffante : le fleuve Han, ses ponts et les égouts forment un théâtre magnifique.

Deuxième réussite consécutive du très doué Bong Jong Ho après le remarquable Memories of murder, et juste avant Mother.

 

3e

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Fais moi plaisir

Emmanuel Mouret est injustement méconnu.

Son précédent film, Un baiser s'il vous plait, était une merveille de comédie. Fais moi plaisir, bien que moins bon, est plaisant à regarder.

Dans sa première partie on retrouve la verve rohmérienne qui faisait mouche dans un Baiser, mélange improbable et parfaitement efficace de propos à sous-entendus salaces, de banalités affligeantes énoncées (comme) en alexandrin, et de moues expressives.

A partir du moment où le héros (Mouret himself) pénètre à l'Elysée, la comédie devient plus visuelle - façon Tati, Sellers ou même Buster Keaton. J'aime moins, même si la mécanique parfaitement huilée fonctionne très bien.

Un vent frais dans la comédie française.

 

2e

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Bright star

Comment filmer l'Amour ?

Hum, pas si facile. On élimine vite fait l'idée même des Twilight (de toute façon, je ne les ai même pas vu), et on se repose la question. Oui, comment filmer l'Amour qui ne soit pas le sexe (car alors on pourrait évoquer Lady Chatterley de façon évidente, qui partage en plus bien des points communs avec Bright Star : le panthéisme, la sensualité, une femme à la réalisation) ?

Finalement, il n'existe pas beaucoup de films qui prennent le parti de traiter de ce sujet - et d'aucun autre.

Bright star arrive à se construire autour de l'idée de l'Amour d'abord grâce à une actrice en tout point exceptionnelle : Abbie Cornish, qui parvient à passer de la fofolle éprise de fanfreluches à l'amoureuse prête à mourir avec une grâce incomparable, dure comme un silex, impitoyable dans sa volonté farouche d'aimer, son désir physique - au sens corporel (mon corps a décidé d'arrêter de respirer) et non pas sexuel.

Le film se distingue par la grâce d'une mise en scène épurée, sensuelle, dans laquelle les textures, les sensations, les odeurs sont magnifiées (les robes, un brin de laine filmé en gros plan dans le chas d'une aiguille dès le premier plan, les papillons, les fleurs, le froid, la pluie, etc...).

Même si les seconds rôles sont un peu en retrait de l'actrice principale (Keats est moins charismatique) le tout reste très appréciable, agréablement ennuyeux dans ses langueurs. Retour gagnant pour Jane Campion. 

4e

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La merditude des choses

MK2 DiffusionIl arrive qu'une affiche soit particulièrement trompeuse.

Celle de La merditude des choses (un homme nu sur un vélo) en est un bon exemple. A sa vision on pense au pire à une version belge de Jackass, au mieux à l'image illustrant la chanson Fat Bottomed Girls de Queen.

En réalité La merditude des choses propose un tout autre programme. Il faut imaginer un de ces films réalistes anglais (Mike Leigh, Ken Loach, Shane Meadows) passé au mixeur de la comédie italienne des années 70 (façon Ettore Scola).

C'est drôle, c'est grave, c'est inventif, c'est attachant. Un jeune garçon de 13/14 ans grandit au milieu d'une tribu d'alcooliques fêtards (son père et ses oncles). Il doit gérer les incartades (crades, machos, rigolotes) de la bande. En parallèle le film montre la même personne adulte, devenue écrivain, à la fois victime traumatisée de son passé et passée à autre chose.

Cette partie est peut-être moins convainquante, jusqu'au moment - sublime - de la rencontre à l'hospice, et de l'obligation faite au héros de chanter des chansons paillardes dans un but universitaire.

Sinon les moments d'anthologie égrillardes de succèdent : un Tour de France alcoolisé dans lequel le mont Ventoux au whisky se révèle fatidique, la visite de l'assistante sociale "Fuckodey" dont la petite culotte sera explorée, la course cycliste à poil, le concours de beuverie, etc...

C'est un miracle que cette accumulation de vomi entraîne l'empathie, comme si Bienvenue chez les ch'tis croisait Affreux Sales et Méchants.

Et au final, les deux scènes de père et de fils, courant en baskets neuves dans les champs et apprenant à faire du vélo : ne sont-elles pas les pépites cachées au coeur de la merditude des choses ?

 

3e

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Tetro

Voir un grand cinéaste comme Coppola revenir aux affaires et offrir un film aussi dense que Tetro est un grand, grand plaisir.

Bennie, employé sur un bateau de croisière, arrive à Buenos Aires. Il rend visite à son frère, Angelo, qui se fait appeler Tetro désormais. Celui-ci a quitté la maison familiale il y a longtemps et a rompu avec sa famille. Il a écrit un manuscrit s'inspirant de sa vie.

Quel(s) secret(s) cache Tetro ? Bennie va t'il réussir à renouer le lien avec son frère, ostensiblement distant ?

Tetro ménage une avancée dramatique de l'intrigue tout à fait maîtrisée, utilisant une alternance de scène dans le présent tourné dans un noir et blanc sublime (qui rappelle le Kazan de America, America) et de flash-backs en couleurs, un peu dans le style "film de famille en super 8". Tant qu'on ne connaît pas le dénouement final, l'intensité du jeu de Vincent Gallo peut dérouter, voire déranger. A la fin, on reconsidère évidemment tout le début du film, et certaines répliques s'éclairent d'un tout autre sens.

Les acteurs sont magnifiques : Vincent Gallo est magnétique, son frère Alden Ehrenreich a le visage classique d'un acteur du noir et blanc, les personnages secondaires sont tous très bons, il faut dire que Coppola n'a pas lésiné sur la qualité (Carmen Maura et Klaus Maria Brandauer entre autres !). La thématique de la famille d'artiste renvoie évidemment à Coppola lui-même : son père était musicien, sa fille est cinéaste. Le film évoque aussi en écho l'oeuvre passée du cinéaste : on pense évidemment au Parrain (la scène des obsèques), et au noir et blanc de Rusty James.

Le point faible à mes yeux est la partie représentation théâtrale, totalement improbable, et son extension, le festival Patagonia chez la critique Alone, elle-même peu crédible. A part ces points et quelques longueurs, l'ensemble est excellent, la mise en scène racée et Tetro est un des tout meilleurs films de l'année.

 

3e

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Suzanne

Le deuxième film de Katell Quillévéré (Un poison violent) possède cette qualité rare : insuffler du romanesque au long cours dans une destinée ordinaire. Avec des moyens bien différents, c'est le seul film des années 2010 qui puisse partager cette qualité avec La vie d'Adèle.

Il fallait donc attendre une jeune réalisatrice française pour redonner ses lettres de noblesse au mélodrame familial et au lyrisme d'une histoire mettant en scène les gens ordinaires, trop souvent absents du cinéma français. Si le miracle du romanesque se produit sous nos yeux, c'est grâce à des acteurs et actrices sublimes : Sara Forestier hyper-sensible, Adèle Haenel magnifiquement solaire, François Damiens émouvant à l'extrême, et la grande Corinne Masiero, avocate impériale.

Le film donne à voir des tranches de vie, des moments clés, entrecoupés de brefs écrans noirs qui convoquent autant d'ellipses. Ce mode de narration quasi feuilletonnesque génère des moments d'intenses émotions et de grande beauté. La mise en scène est fluide, le montage extraordinaire, la progression de l'histoire imparable.

Parfaitement qualifié par la réalisatrice elle-même de biopic d'une inconnue, Suzanne est  une réussite parfaite qui redonne la pêche à un cinéma populaire, tourné parmi les classes populaires, et qui devrait trouver un succès ... populaire.

 

4e

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Avatar

Twentieth Century Fox FranceJ'aime, oui. Mais de peu.

Au départ, mon a priori est assez favorable vis à vis de James Cameron. Aliens, Abyss, Terminator, et même Titanic partageaient de grandes qualités : une confrontation réalisme / sentiments pleine de richesse, et une capacité à surprendre avec le plan d'après, de telle façon qu'on ne savait jamais où le film allait (et cela même avec Titanic ... dont la fin était pourtant prévisible).

Pour Avatar, le film réunit dans les premiers instants approximativement les mêmes qualités : art du montage, mise en scène hyper-efficace à la Spielberg, et confrontation poésie / réalisme magnifique, teintée d'une problématique intéressante sur l'altérité, le corps, la frontière entre rêve et réalité. Autant de sujets qui auraient pu être creusé avec brio par un cinéaste comme Cronenberg.

Malheureusement le film dérive dans sa deuxième partie vers des standards typiquement hollywoodiens, sombrant dans un manichéisme que Cameron avait jusqu'à présent su éviter. Plusieurs parallèles ont été amplement évoqués, il n'est pas nécessaire de revenir dessus : l'extermination des indiens, Pocahontas, la guerre en Iraq, la fable écologique, les analogies avec Miyazaki. Je trouve pour ma part que le parallèle avec Mia et le Migou est saisissant : catastrophe écologique, arbre géant, Sam Worthington. Twentieth Century Fox Francevengeance de la déesse Terre.

Il y a dans cette partie du film des passages assez navrants : le corps de Sigourney Weaver recouvert d'une pudibonde et ridicule liane de lierre, la messe incantatoire façon Disney...

Au final, le divertissement n'est pas déplaisant même s'il apparaît clairement que Cameron y a laissé une partie de son talent : l'argent dépensé dans les effets numériques, certes remarquables, l'a été au détriment de la qualité du scénario !

J'ai vu le film en 2D (mais en VO) et les effets de la 3 D sont prévisibles : monstres qui attaquent, vols en piqués des dinosaures volants.

La création du monde de Pandora n'est donc réussie qu'à moitié. Et pourtant, l'impression générale que laisse le film est plutôt positive, comme si l'art d'un vrai créateur ne se dissolvait jamais complètement dans le travail de commande.

2e


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Vincere

Quel plaisir lorsque la forme épouse si parfaitement le fond !

Question mise en scène, Vincere impose un point de vue magistral, fondamentalement européen dans le sens qu'il s'éloigne résolument des standards américains du cinéma hollywoodien, alors qu'il raconte une histoire - oh - si romanesque.

Surimpressions, images d'archives, lettrages inspirés, focales qui rendent le second plan flou : toute la première partie, pleine de bruit et de fureur (quelle bande son !) est apocalyptique. A quoi renvoient ces flashs mystérieux ? Réponse : à la seconde partie, plus classique, mais probablement aussi plus efficace.

A quoi tient la magie de ce film ? Sûrement en dernière analyse à la performance hors norme des acteurs. Filippo Timi est extraordinaire dans sa détermination monomaniaque : ce regard quand il fait l'amour ! Et Giovanna Mezzogiorno tient probablement le rôle de sa vie dans le rôle d'Ida Dalser, sans concession, possédant la puissance intrinsèque de celle qui ira jusqu'au bout.

Le film tutoie la perfection du début à la fin, enchaînant des images qui à elles seules sauveraient un film si elles y étaient simplement enchâssées : le duel, l'arbre et ses filets, la neige qui tombe sur l'asile, etc.... Le plus incroyable finalement est qu'à travers cette histoire romanesque une cruelle violence arrive à émerger librement (violence du sexe et du désir, de la politique, des manifestations, de la folie).

Cette violence est si belle que le film brille comme un diamant brut, et que dans ce diamant brille cette scène du premier baiser : Ida a la main ensanglantée, mais lorsque Mussolini quitte ses lèvres, elle tombe en avant comme privé du support qu'elle cherchera à tout jamais, y perdant la raison.

Somptueux.  

 

4e

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Accident

Louis Koo et Richie Ren. ARP Sélection

Oui, oui, oui.

Vous aimez l'ambiance de Hong Kong : ses venelles mal famées, ses quartiers résidentiels sous la pluie, son cinéma inventif et puissant : John Woo, Johnnie To, Tsui Hark. Oui ?

Vous aimez les intrigues retorses à la manière de Infernal Affairs, ou de Sixième Sens, ou de tous ces films où en un montage sec et rapide vous revoyez tout le film sous un angle différent. Oui ?

Vous aimez les scénarios originaux et intellectuellement jouissifs. Oui ?

Alors vous adorerez Accident.

Voilà le pitch et après jugez par vous-mêmes si vous voulez connaître la suite :

Un groupe de malfrats est payé pour commettre des meurtres qui ressemblent à des accidents (avec une mise en scène genre mission impossible). Un jour, un des membres du gang semble victime d'un ... accident. Un vrai ? un faux ? Si oui, perpétré par qui : un autre membre du gang, ou par un gang adverse, ou par une ex-victime, ou ... ?

Le scénario est tellement bon que je parie ma chemise qu'il fera l'objet d'un remake par Hollywwod dans les deux ans, exactement comme Scorsese a refait Infernal Affairs avec Les infiltrés.


3e
 

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In the loop

Régulièrement nous parviennent James Gandolfini. CTV Internationald'Angleterre des comédies déjantées et délicieuses. Cette fois-ci c'est dans la politique que nos amis anglais mettent le foutoir intégral. Nous sommes dans les jours qui précèdent le vote d'une résolution à l'ONU concernant une intervention militaire dans un pays du Moyen Orient, qui n'est pas cité...

Au programme côté britannique : un ministre gaffeur et lunaire, un assistant débutant et passablement médiocre (en plus d'être adultère), un responsable politique (chef du cabinet du premier ministre ?) qui sort plus 10 insultes menaçantes par seconde, un ministre des affaires étrangères couard qui écoute du Debussy à fond, un écossais porte-parole hyper-violent, etc...

Côté US : James Gandolfini (ex Tony Soprano) excellent en militaire blasé, une secrétaire d'état qui saigne des dents, un faucon manipulateur et détestable, une assistante un peu niaise, un jeune carriériste dont les dents raclent le plancher. Un peu moins ridicule que le côté anglais, mais tout aussi dangereux, vulgaire, cupide, et irresponsable.

Le tout est mené à fond de train, on sourit souvent, on éclate de rire de temps en temps. C'est un mélange de The Office avec A la maison blanche, le tout sous amphétamine.

Un super bon moment, le film à voir en ce moment.

 

3e

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Red road

Les mots manquent pour parler d'un film tel que Red Road, tant la décharge émotionnelle qu'il procure est forte.

Ceux qui ont été ébloui par le deuxième film d'Andrea Arnold (Fish Tank) le seront aussi par le premier, même si Red Road est plus sombre, plus désespéré, et moins facilement accessible que Fish Tank.

Pendant la première heure du film, on suit Jackie, un peu paumée, employée dans une société de vidéo surveillance. Jackie regarde la vie des rues de Glasgow à travers ses caméras urbaines .

Elle semble particulièrement s'intéresser à un homme, qu'elle n'a pas l'air de connaître. Elle va même passer "de l'autre côté du miroir" en rencontrant cet homme. Pourquoi ?

Dans la dernière demi-heure du film, le scénario va s'épanouir comme une fleur carnivore malfaisante et la réalité - mortifère, belle, insupportable - va exploser comme une bombe à retardement.

La mise en scène est déjà exceptionnelle : méticuleuse et parfaitement travaillée, et en même temps traversée par une sensibilité et une sensualité remarquables. Des situations triviales, sublimées par la grâce de la caméra.

Deux films, deux réussites majeures. Qui dit mieux ?

 

4e

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Marinela de la P7

Vertige d'être le premier (et le seul) à laisser une note sur Allocine à ce film !

Comme expliqué dans mon article sur California Dreamin', ce moyen métrage (45 mn) est offert dans l'édition DVD du film. Encore plus que California Dreamin' ce court format fait regretter la disparition de Cristian Nemescu. Marinela est un bijou : à la fois tableau de moeurs, drame shakespearien, fable sur l'adolescence, reportage sur Bucarest. La mise en scène est inventive, pleine de personnalité.

Le film rappelle, par son format et sa densité, le Décalogue de Kieslowski. Par curiosité, on peut noter les tics ou les thèmes qu'on retrouvera dans California : le saignement de nez, les perturbations du réseau électrique, le faux Elvis.

Nemescu s'annonçait vraiment comme un très grand réalisateur.


3e
 

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