Au revoir
Après l'excellent Une séparation, l'Iran continue de nous prouver qu'il est une grande terre de cinéma.
Au revoir fut l'invité de dernière minute du dernier festival de Cannes. Le projecteur s'est braqué dans un premier temps sur lui parce qu'il a été tourné dans la semi-clandestinité, mais les spectateurs et les critiques l'ont rapidement apprécié simplement pour ce qu'il est. Il a décroché le prix de la mise en scène dans la section Un certain regard.
Le synopsis du film est simple : une femme enceinte, avocate déchue, vit seule car son mari journaliste vit dans la clandestinité. Elle cherche à quitter le pays : y parviendra-t-elle ?
Avec une économie de moyen extrême, le réalisateur Mohammad Rasoulof parvient à réaliser une oeuvre d'une beauté plastique à couper le souffle. Pas un plan qui ne soit remarquable de ce point de vue. La photographie est superbe et magnifie l'actrice principale, dont le visage évoque irrésistiblement celui d'une Madonne.
Privé d'effets spéciaux, le film tire parti du moindre objet, de la moindre circonstance, pour inventer de la mise en scène : une seringue, une couverture, un pan de mur, des portes qui s'ouvrent ou se ferment, une tortue, un ascenseur, un miroir... L'intelligence créatrice qui irrigue le cinéma de Farhadi, le réalisateur d'Une séparation, semble ici de la même nature : sensuelle et sensitive. La bande-son est absolument remarquable.
Le film montre (ou plutôt fait ressentir) parfaitement l'oppression au quotidien, les pots de vin, les difficultés financières. Il le fait avec une justesse de ton remarquable. Le rythme n'est pas très enlevé, ce qui ne gâte pas le film, mais le rend un peu moins facile d'accès que les tourbillons intellectuels de Farhadi.
Je vous conseille vivement ce film.
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