Présumé coupable
Présumé coupable cumule tous les défauts qu'on peut lui prêter sans l'avoir vu.
Commençons par Philippe Torreton. Il (sur)joue exactement comme on peut le craindre. Regards significatifs et appuyés, yeux perdus au loin, amaigrissement forcé. C'est de l'actors studio version Charleville Mézières. Il faut dire que le scénario ne l'aide pas, en lui faisant dire par exemple au bout de 10 minutes de film "Vous faites une erreur judiciare monumentale", comme s'il était doté d'un don de double vue.
Son personnage, l'huissier de justice injustement accusé dans l'affaire d'Outreau, Alain Marécaux, est donc dessiné à grands coups de pinceaux. Mais que dire de tous les méchants qui l'entourent, et qui sont si caricaturaux qu'on finit par (presque) douter de l'objectivité du film ?
La mise en scène est d'une platitude insensée, ne présentant aucun intérêt et enfilant en toute sérénité les poncifs formels comme des perles. Un exemple ? Quand le personnage se réveille d'un coma, l'écran est trouble. Ben oui, je sais, ça paraît bête, mais c'est comme ça. Le personnage sort au soleil, l'écran devient presque blanc. Le personnage part à la campagne, la maison est super fleurie, etc...
Le film n'a aucune espèce de distance par rapport à son sujet, il ne choisit aucun angle particulier, il ne suscite aucune empathie. C'est de la télé façon Dossiers de l'écran revu par un Inspecteur Derrick sous Prozac.
Le fond de l'affaire est certes édifiant, mais vous êtes ici pour discuter cinéma, pas faits divers ou état de la justice. Quoique, quand même, dans n'importe quelle profession, un mec qui fait autant de conneries que Burgaud est immédiatement viré, non ?
Sur un sujet identique, Omar m'a tué évitait a peu près tous les écueils que Présumé coupable nous propose en écran large. A éviter, sauf si vous avez 102 minutes à perdre.
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