Les chansons que mes frères m'ont apprises
Il existe des films qui, en quelques images, me saisissent à la gorge et ne me lâchent plus jusqu'au dernier plan, me laissant pantois sur un petit nuage de plaisir extatique.
Le modeste premier film de Chloé Zao fait partie de ceux-ci.
Nous sommes dans une réserve d'indiens Lakotas. Un jeune garçon veut partir en Californie, mais bien des liens le rattachent à sa terre : sa petite soeur, des amoureuses, son peuple, sa mère. Partira-t-il ?
Plus que son scénario, écrit au jour le jour, c'est la façon de filmer de Chloé Zao qui illumine le film. C'est comme ci un(e) Terrence Malick naissait sous nos yeux. La nature y est sublime, les visages et les corps irradient le film.
Les chansons que mes frères m'ont apprises propose une équation renversante rarement vue au cinéma : des images superbes au service de la description précise d'une terrible réalité. Le film expose avec une rigueur toute documentaire les affres vécues par les indiens, en particulier les ravages de l'alcoolisme, montrés également récemment - chez les aborigènes d'Australie cette fois-ci - dans le très beau Charlie's country (**).
Chloe Zao n'hésite pas à piocher sa matière dans la vraie vie des acteurs (la maison qui a brûlé est ainsi la vraie maison de Jashaun), ce qui confère au film une aura extrêmement puissante.
Une rencontre exceptionnelle.
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