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Christoblog

Articles avec #karin viard

Une nuit

Une nuit commence comme Before sunrise : un homme et une femme se rencontre dans les transports en commun (le train là, le métro ici), puis passent une nuit à errer dans une grande ville (Vienne là, Paris ici), à tomber amoureux l'un de l'autre et à se raconter leur vie jusqu'au petit matin. Dans les deux films, on voit les lieux qu'ils fréquentent vides, on découvre des pans de leur passé par éclair, et on ne sait pas jusqu'à la fin s'ils se reverront ou pas.

Il y a pourtant une différence de taille entre les deux films, que je ne dévoilerai pas ici pour ne pas gâcher le plaisir du spectateur (et même si le film lui-même donne un peu trop vite à mon goût des éléments à ce sujet).

J'ai vraiment accroché à cette histoire toute simple, racontée avec de très modestes moyens, et presque exclusivement basée sur la complicité amicale d'Alex Lutz et Karin Viard, tous deux excellents, que les deux protagonistes parviennent miraculeusement à transformer en chaleur amoureuse. J'ai trouvé notamment que le film parvenait très bien à donner à ressentir temps qui passe, et la façon dont évoluent les sentiments.

Une nuit confirme pour moi le talent d'Alex Lutz, qui donne ici, après Guy, une nouvelle preuve de son talent de directeur d'acteur et de scénariste.   

Un très bon moment.

Alex Lutz sur Christoblog : Guy - 2018 (***)

 

3e

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Wahou !

Les films de Bruno Poladydès sont à mon sens assez inégaux, mais celui-ci est véritablement délicieux !

Je ne m'attendais pas à voir un chef d'œuvre, tout juste un plaisant divertissement, mais au final Wahou ! s'avère à la fois plus profond et plus amusant que ce que j'espérais.

On rit en effet assez franchement au numéro des différents acteurs et actrices, qui semblent ici prendre un grand plaisir à jouer ensemble. Sabine Azéma, 74 ans, en fait 15 de moins, et sa malice enjouée continue à faire merveille : on n'oubliera pas de sitôt sa formidable tirade sur ce qui se passe dans les entrées de maison. Karin Viard rayonne littéralement, alors que Bruno Podalydès excelle en agent immobilier raté et mielleux. Son frère Denis réussit en une scène muette à nous faire rire, alors que Roschdy Zem livre une courte prestation très drôle de père possessif puis tout à coup enjoué suite à un amusant quiproquo.

On sourit et on rit en permanence donc, mais on est aussi gagné par l'émotion à plusieurs occasion. Une scène est en particulier réussie, qui montre une infirmière à bout de nerf jouée par l'excellente Florence Muller. Ce mélange d'émotion et de drôlerie est assez rare dans le cinéma français.

Le film est amusant et émouvant, mais il est aussi très bien réalisé, avec un mélange réussi de tendresse bienveillante et de subtil détachement, assaisonnée de petites pointes de malice (comme la caricature du jeune couple et de ses Bromptons). Les cartons de fin, qui parodient les messages de fin de film du style "Dix ans après, Paul est devenu père de trois enfants", sont irrésistibles de drôlerie.

A ne pas rater, pour passer un excellent moment.

 

3e

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Les chatouilles

Franchement, après avoir pleuré d'émotion et de plaisir devant le spectacle d'Andréa Bescond, je ne donnais pas cher de sa version cinématographique. De la même façon qu'on est presque toujours déçu par l'adaptation au cinéma d'un livre qu'on a aimé, je redoutais de ne pas retrouver à l'écran l'énergie dégagée par la danseuse sur scène.

La surprise a donc été totale devant l'inventivité de la mise en scène proposée par Eric Métayer et sa comparse. Ils parviennent à exprimer la stupeur douloureuse de la petite fille et l'énergie sauvage de l'adulte par des procédés purement cinématographiques. Le résultat est tour à tour bouleversant (heureusement que le film s'allège un peu après les éprouvantes quinze première minutes), joyeux et surprenant. 

Outre la performance encore une fois exceptionnelle d'Andréa Bescond, il faut souligner l'incroyable composition de Karin Viard, dans le rôle d'une mère très présente, qu'on aimerait détester. Le reste du casting est impeccable, de Clovis Cornillac à Gringe, en passant par Carole Franck (dans un rôle de psy laborieuse qui vaut le déplacement à lui seul) et Pierre Deladonchamps qui ose ici camper un des pire rôle qu'on puisse proposer à un acteur.

Le film est miraculeux, parsemé de scènes inoubliables, et parvient à donner une pêche d'enfer aux spectateurs, qui viennent pourtant d'assister à un calvaire dramatique. Je le conseille vivement.

 

4e 

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Le petit locataire

Elles ne sont pas si nombreuses les comédies françaises un peu décalées, qui savent manier l'humour et pas la démagogie, en trouvant le rythme qui sied au genre.

Le petit locataire fait partie de ces raretés. 

Le casting ébouriffant y est pour beaucoup : qui mieux que Karin Viard et Philippe  Rebbot pourraient camper des personnages de loosers sympathiques sans les rendre pitoyables ? Ils sont tous les deux magnifiques.

Il plane sur ce portrait d'une famille déjantée l'ombre d'Affreux, sales et méchants, la causticité en moins, et le rythme en plus. Les personnages s'habillent mal et parlent mal, la grand-mère est indigne, les mâles évitent le travail autant que possible, les jeunes mères fuient leur responsabilités : c'est à la fois réjouissant et bienveillant.

Une comédie solide, enlevée et dynamique. Je la conseille pour une soirée déprimante, quand il est nécessaire de se remonter le moral.

 

2e

 

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21 nuits avec Pattie

L'intérêt du nouveau film des frères Larrieu est double : la prestation des acteurs est somptueuse et le scénario est ébouriffant.

Commençons par les acteurs. Karin Viard est tout simplement bluffante, en nymphomane décomplexée narrant avec bonhomie ses aventures sexuelles en tout genre. Elle souffle sur tout le début du film comme les vents d'Espagne qui ne sont pas capable d'assécher l'humidité de ses parties intimes.

Isabelle Carré est son exact contraire en tout : réservée, timorée sexuellement (impuissante dit-elle joliment), poitrine menue contre attributs mammaires impressionnants. André Dussollier vieillit à merveille, jouant avec un brio délicieux le vieux beau. 

Les seconds rôles sont à un niveau rarement atteint dans le cinéma français : Denis Lavant qui donne l'impression de brûler la pellicule à chaque apparition, Laurent Poitrenaux excellent en gendarme perspicace et Sergi Lopez très convaincant en mari soucieux.

Deuxième point fort du film, le scénario nous entraîne dans un labyrinthe qui mélange habilement la logique la plus cartésienne et le surnaturel. Il parvient à le faire, il est vrai parfois de justesse, par le biais des fantasmes et des désirs. Comme toujours chez les Larrieu, le désir sexuel tient donc une place importante : il apparaît ici clairement comme le vecteur de réalisation personnelle, quelque soit son objet, et à condition qu'il soit bien détaché de ce vieux concept rétrograde qu'est l'amour.

Un festival d'acteur et un jeu intellectuel stimulant, pour un bon moment de cinéma.

Les frères Larrieu sur Christoblog : Les derniers jours du monde (****) / L'amour est un crime parfait (**)

 

3e

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L'amour est un crime parfait

L'intérêt N°1 du dernier film des frères Larrieu, ce sont les décors.

Les architectures sont non seulement magnifiques, mais de plus admirablement filmées. L'occasion est donc idéale de découvrir le fameux Rolex Learning Center, conçu par le cabinet d'architecte SANAA, qui est d'une beauté stupéfiante. Le chalet des deux personnages principaux est également sublime, dans un style plus traditionnel. Dans le genre moderne, la villa où se passe le barbecue nordique (un grand moment du film) est somptueuse également. L'appartement du père d'Annie et sa déco hyper-moderne, l'hôtel/bungalow dépouillé/chic au bord du lac, sont encore des endroits exceptionnels.

Au-delà des bâtiments, le décor naturel du film, les Alpes Suisses, est incroyablement photogénique, qu'il s'agisse de la forêt, des plus hauts sommets, ou de la ville de Lausanne. Les frères Larrieu s'en donnent d'ailleurs à coeur joie en multipliant les plans en extérieur et les trajets en voiture, qui cosntituent d'ailleurs un élément dramaturgique du film.

Pour le reste L'amour est un crime parfait ne m'a pas réellement convaincu. On lit beaucoup qu'il est vénéneux et malsain, je l'ai trouvé plutôt artificiel et compassé. Mathieu Amalric joue d'une façon trop uniforme pour être réellement ambigu. Maïwenn joue un personnage que le twist final rend peu crédible. Sara Forestier surjoue la jeune nymphomane hystérique. Seule Karin Viard distille un semblant de sentiment inquiétant.

Les dialogues sont très écrits, comme si Djian avait rencontré Rohmer, donnant au film un vernis de suréalisme un peu froid. Mais c'est le scénario, plein de blancs, de trous et d'imprécisions, qui me laisse le plus dubitatif. Bien sûr, on pourra arguer que ces éléments de flous font partie du mystère : je répondrai que de grands maîtres (Polanski, Hitchckock) savaient distiller des ambiances mystérieuses avec plus de précision.

Les frères Larrieu me semblaient beaucoup plus à l'aise avec un sujet qui se prêtait mieux à leur cinéma subtilement décalé dans Les derniers jours du monde.

 

2e

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Ma part du gâteau

Moins : Allez, le dernier Klapisch est vraiment une sous-merde rétrograde. Autant d'idées reçues dans un seul film, c'est simplement pas envisageable : la pauvre dunkerquoise est vraiment une looser pitoyable, les clichés sont tellement appuyés que le film relève plus de la décalcomanie que du cinéma.

La lourdeur des scènes pseudo-émouvantes n'a d'égale dans le film que la tendance lourdingue de la bande-son. Etc, etc...

Plus : Ben bizarrement le film m'a plus touché que je ne pensais qu'il le ferait. Alors je m'explique : et si Ma part du gâteau dessinait un portrait idéal (au sens de parfait) du méchant du XXIème siècle ? Car enfin, le film refuse une évolution qui parait évidente : celle qui aboutirait à un happy end où le méchant ne serait pas méchant. Ici (et n'est-ce pas le mérite de Klapisch ?) le méchant reste vraiment méchant jusqu'à la fin et, finalement, le mirage de Pretty Woman reste un mirage. Depuis quand a-t-on vu personnage aussi dérangeant que celui joué par Lelouche (ignoble rapace sexuel à Venise, raclure infatuée sur le balcon de l'hôtel londonien, narrant laconiquement sa conquête au téléphone) ?

Le cinéma de Klapisch possède bien des défauts.

Grâce au diable il admet bien des qualités, dont la moindre n'est pas l'empathie. Quand au sens du rythme, le cinéaste et ses assistants semble le posséder à la perfection. J'ai donc aimé, presque malgré moi.

 

3e

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Les derniers jours du monde

Le voyage que propose Les derniers jours du monde est une expérience qui dépasse celles que procurent la plupart des films.

La fin du monde est là. Sans l'être. Dans la tête du personnage principal (exceptionnel Mathieu Amalric, une fois de plus), c'est comme si elle n'existait pas. Son amour pour Lae, la mort de ses parents, sa femme (excellente Karin Viard), sa fille et son écharpe : tout cela compte plus pour lui que l'apocalypse. Peut-être est ce pour cela qu'il traverse les villes et les pays sans succomber à l'hécatombe générale.

Discrètement, l'ambiance d'apocalypse est pourtant installée avec un brio assez exceptionnel par les frères Larrieu : un vol d'hélicoptère, une patrouille sur le Lot d'encagoulés sur zodiac, une eau jaune qui sort du robinet, des explosions, une pénurie de papier, des vautours, une chouette, un hôtel rempli de cadavres.... tout cela est à la fois brillant et distant.

Le film ressemble à une fusion Dardenne-Desplechin  / Kubrick-Lynch. Il doit sa sourde et profonde vitalité à une brochette d'acteurs/actrices exceptionnelle.

Dépaysant, comme un mauvais rêve dont on aime se souvenir.

 

4e

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Paris

Je ne sais pas à quoi pensait Klapisch en tournant son film, mais le résultat est un film choral franchouillard.

Dans le genre film choral, De l'autre côté a donné récemment une forme brillante, proche de la tragédie grecque, dans lequel les personnages affrontaient leur destin.

Ici ils affrontent plutôt leurs petit tracas sur un fond de Paris de carte postale, mais le résultat n'est pas si mauvais.

Et les petits tracas, pour la première fois dans la filmographie de Klapisch, prennent la forme de la mort (Duris, le père de Luchini, l'accident de moto), sans qu'on y adhère à 100 %, je suis d'accord, mais cela produit son petit effet. De toute façon, je ne crois qu'il soit possible d'adhérer à 100 % à un film de Klapisch.

Au rayon des points forts : Juliette Binoche, plus elle est enlaidie, plus elle rayonne, comme un joyau, de l'intérieur. Son strip-tease devant un Albert Dupontel médusé est un grand moment de cinéma.

Comme toujours chez Klapisch, les acteurs sont très bien : Luchini se maintient juste sous le seuil du cabotinage (de justesse), Mélanie Laurent est hot (qui dira le contraire ?), Karin Viard impayable en boulangère raciste (accueil de la salle à Nantes pour sa tirade sur les bretonnes !), Cluzet est nul à souhait (il sait faire, mais le rêve en animation est assez bien vu), Dupontel est craquant, et Duris s'en sort bien dans un rôle chausse-trappe.

Dans les points forts aussi, des passages musicaux très beaux : la ritournelle envoutante de Wax Taylor teintée de nostalgie (quand Duris regarde les vieilles photos), Juliette qui se déchaine sur Louxor (j'adore) et le numéro exceptionnel de Luchini. Au rayon des points faibles : le reste, c'est à dire tout, ou presque (90 % du scénario, 80 % de la mise en scène), y compris des approximations coupables (l'itinéraire de l'africain, les top models aux halles...).

Klapisch est le Lelouch du XXIème siècle : films baclés, souvent horripilants, potentiellement géniaux, toujours à la limite.

Enfin est ce que Paris (le film) parle bien de Paris (la ville) ? Réponse : moins bien que Les chansons d'amour, bien sûr.

 

3e

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