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Christoblog

Articles avec #bruno podalydes

Wahou !

Les films de Bruno Poladydès sont à mon sens assez inégaux, mais celui-ci est véritablement délicieux !

Je ne m'attendais pas à voir un chef d'œuvre, tout juste un plaisant divertissement, mais au final Wahou ! s'avère à la fois plus profond et plus amusant que ce que j'espérais.

On rit en effet assez franchement au numéro des différents acteurs et actrices, qui semblent ici prendre un grand plaisir à jouer ensemble. Sabine Azéma, 74 ans, en fait 15 de moins, et sa malice enjouée continue à faire merveille : on n'oubliera pas de sitôt sa formidable tirade sur ce qui se passe dans les entrées de maison. Karin Viard rayonne littéralement, alors que Bruno Podalydès excelle en agent immobilier raté et mielleux. Son frère Denis réussit en une scène muette à nous faire rire, alors que Roschdy Zem livre une courte prestation très drôle de père possessif puis tout à coup enjoué suite à un amusant quiproquo.

On sourit et on rit en permanence donc, mais on est aussi gagné par l'émotion à plusieurs occasion. Une scène est en particulier réussie, qui montre une infirmière à bout de nerf jouée par l'excellente Florence Muller. Ce mélange d'émotion et de drôlerie est assez rare dans le cinéma français.

Le film est amusant et émouvant, mais il est aussi très bien réalisé, avec un mélange réussi de tendresse bienveillante et de subtil détachement, assaisonnée de petites pointes de malice (comme la caricature du jeune couple et de ses Bromptons). Les cartons de fin, qui parodient les messages de fin de film du style "Dix ans après, Paul est devenu père de trois enfants", sont irrésistibles de drôlerie.

A ne pas rater, pour passer un excellent moment.

 

3e

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Cette musique ne joue pour personne

Je ne suis habituellement pas du tout friand de l'ambiance des films de Samuel Benchetrit, que je trouve trop froids et distanciés. J'ai en particulier détesté Asphalte.

C'est donc avec une certaine appréhension que j'ai découvert son dernier film au Festival de Cannes, en juillet dernier.

Peut-être est-ce l'ambiance de la Croisette, ou la présence dans la salle de l'équipe (impressionnant JoeyStarr !), mais j'ai cette fois-ci trouvé le film plutôt plaisant, notamment grâce à l'interprétation délicieuse du toujours parfait François Damiens.

Tout n'est pas bon, loin de là, et la machine tourne toujours un peu à vide, mais les lumières et les ambiances du Nord donnent ici une substance légèrement poétique au film, qui le rend plus chaleureux que les précédents. J'ai beaucoup aimé en particulier le couple JoeyStarr / Bouli Lanners en Réservoir dogs franchouillards, alors que Kervern m'a, comme d'habitude, laissé assez froid. L'insert aux airs de fable décalée, dans lequel Vincent Macaigne se fait adopter par une famille indienne, est hilarant. 

Un divertissement plutôt réussi, qui confronte habilement éléments contemporains (réseaux sociaux, télé-réalité) et bon vieux clichés de salut par l'art "à l'ancienne" (poésie, théâtre).

Samuel Benchetrit sur Christoblog : Asphalte - 2015 (*)

 

2e

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Les 2 Alfred

Cela faisait longtemps que je n'avais pas ri de si bon coeur au cinéma.

Bruno Podalydès propose ici une comédie, qui certes se moque gentiment de l'air du temps (le tout numérique, les extrémités du management "cool" qui ne l'est pas du tout) mais qui parvient surtout à redynamiser un style quasiment disparu des écrans français : la comédie burlesque.

C'est dans cette veine que Les 2 Alfred atteint des sommets de drôlerie (la voiture automatique, le combat de drone, les drones qui s'échouent partout), alors que son aspect comédie sentimentale et sociale est de facture plus classique.

Les acteurs sont tous excellents, et il faut reconnaître que le couple des deux frères atteint un degré de complicité ahurie exceptionnelle. Sandrine Kiberlain prouve une nouvelle fois son talent comique et tous les seconds rôles sont amusants.

Je recommande chaudement ce film drôle et enlevé, qui parvient à faire rire sans être méchant : une sorte d'exploit.

 

3e

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Comme un avion

Comme un avion marque le retour en forme de Bruno Podalydès.

La première partie du film, qui expose l'acteur-réalisateur en infographiste doux dingue, est particulièrement réussie. On est intrigué, puis séduit, par cet éternel enfant que fait rêver l'Aéropostale.

La figure légèrement inquiétante de Sandrine Kiberlain, trop bienveillante pour être honnête, rehausse l'étrangeté du film pour le porter vers des sommets de bizarrerie poétique.

Le film perd ensuite un peu en intensité quand notre ami passe à l'acte, les effets si légers du début devenant plus appuyés. Arditi en pêcheur psychopate, Vimala Pons en évidente aguicheuse, sont des clichés certes efficaces mais un peu téléphonés.

De cette seconde partie on retiendra principalement la sensualité épanouie d'Agnès Jaoui, remarquable en femme d'âge mûr jouant avec les post-it.

Un éloge de la fugue nécessaire et plaisant.

 

2e

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Adieu Berthe

Il est difficile de dire beaucoup de mal (ou de bien) du dernier film de Bruno Podalydès, tellement Adieu Berthe se situe en-dehors de son époque.

Sur les films de Mouret pas exemple, on peut gloser pratiquement à l'infini, rien qu'en évoquant la filiation rohmerienne passée à la moulinette contemporaine, et en particulier sexuellement triviale.

Ici, le film est résolument situé hors du temps. Les lieux paraissent choisis pour leur non-singularité, leur aspect étonnamment sans âge. Le lotissement dans lequel est situé la pharmacie est ainsi ni moche ni beau, ni pauvre ni riche, ni ancien ni récent. La nature est totalement quelconque, et rien ne rend les pelouses ou l'étang de la maison de retraite remarquables. Dans ces décors anodins Bruno Podalydès place des personnages quelconques : il joue lui-même un croque-mort confident au physique transparent, alors que son frère traîne une apparence assez peu à son avantage, cheveux en désordre et costard frippé, englué dans le piège de l'indécision.

Le film brille dans sa première partie, mettant en place des dispositifs assez amusants (le concept de rupture douce, l'accueil extraordinaire des Pompes Funèbres Définitif) bien servis pas des répliques légèrement décalées. Le personnage d'Armand, un peu lunaire, partagé entre deux amours (excellentes Valérie Lemercier et Isabelle Candelier), y déambule sur une trotinette électrique, glissant sans bruit et avec une certaine classe, comme le film.

Ces bonnes idées épuisées, Adieu Berthe revient sur un terrain beaucoup plus formaté (à partir de la nuit passée dans la maison de retraite), plus tourné vers le sentimentalisme, et même la mièvrerie.

C'est dommage, l'aspect bricoleur et gentiment déglingué du film, dressé contre une certaine suffisance du cinéma d'auteur français (Obsécool vs Définitif), était une veine à creuser, dans un style qui aurait pu être gondriesque, à l'image de cette tirade surréaliste sur l'inactivité des volcans depuis la mort de Haroun Taziouf (sic), de l'apparition de Noémie Lvovsky en pleureuse anonyme ou des funérailles elles-mêmes, burlesques et futuristes.

On préférera retenir de ces sentiments contradictoires l'impression que le tandem fraternel et décalé de Versailles rive gauche revient plutôt en forme.

 

2e

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