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Christoblog

Articles avec #sergi lopez

La grande magie

Quel drôle de projet !

Noémie Lvovsky nous propose un film en costume, dans une ambiance bourgeoise et champêtre. Cela m'a inévitablement rappelé Ma loute, de Bruno Dumont, d'autant plus que dans les deux cas, les acteurs n'hésitent pas à surjouer.

On peut donc dire que La grande magie ne se situe pas dans les courants les plus contemporains du cinéma français, d'autant plus qu'il se permet d'être une comédie musicale, dont les morceaux sont écrits par Feu! Chatterton. Si à ce stade, vous n'avez pas encore fui, j'ajouterai que l'histoire qui nous est racontée est profondément triste, et que la fin du film est d'une noirceur extrême.

Malgré tous ces éléments disparates et pas forcément attractifs, le film possède un charme propre qui m'a tout de même séduit. Cela est peut-être dû à l'envie de cinéma que dégage la mise en scène de Noémie Lvovsky, au charme irrésistible qui émane de la jeune Rebecca Marder, à la délicate fragilité de l'excellente Judith Chemla, à l'abattage comique de l'ogre Sergi Lopez, ou à mon état d'âme conciliant le soir de la projection.

En résumé, je serais bien en peine de vraiment le conseiller (trop risqué !), mais pour ma part j'ai passé un très bon moment, me régalant de tant d'originalité sombre, réjouissante et décalée. 

Noémie Lvovsky sur Christoblog : Camille redouble - 2012 (****) / Demain et tous les autres jours - 2017 (***)

 

2e

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Josep

Aurel, dessinateur de presse, passe ici avec bonheur derrière la caméra, pour produire une oeuvre sensible et poétique, à défaut d'être renversante.

L'animation n'est pas le point fort du film, qui est avant tout un film de dessinateur. Pour l'apprécier, il faut donc accepter l'aspect sommaire des mouvements, souvent réduits à une succession de trois ou quatre planches fixes, légèrement vibrantes.

Si l'animation est rugueuse, la mise en scène compense en partie cette faiblesse par une utilisation subtile des dessins (ceux d'Aurel bien sûr, mais aussi ceux, originaux, du dessinateur Josep Bartoli, personnage principal du film). Le film propose également quelques belles idées en matières de lumières, de couleurs et de transitions entre deux séquences.

Le scénario fait l'objet d'une sophistication d'une qualité variable, mais parvient globalement à maintenir notre intérêt. On croise avec plaisir Frida Kahlo et on se cultive en révisant la façon dont la France à accueilli les perdants de la guerre d'Espagne en février 1939. 

Une soirée plutôt agréable, réussie sur le plan esthétique et culturel, qui peine à générer une véritable émotion. A noter que les acteurs prêtant leur voix aux personnages sont tous très bien, avec une mention spéciale pour Sergi Lopez et François Morel, parfait en salopard.

 

2e

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A perfect day

Il y a quelque chose de vraiment étonnant dans le fait que les espagnols savent parfaitement faire des films qui semblent américains.

L'efficacité de la mise en scène, le réalisme impressionnant des décors, le rythme bien balancé du montage, les prestations des acteurs juste en deça du cabotinage : tout concourt à faire de A perfect day un film aux allures US.

Certains ont parlé d'une sorte de MASH de l'humanitaire, mais le film d'Altman était grinçant, alors que Benicio del Toro et Tim Robbins donnent plutôt ici une tonalité désabusée aux (més)aventures des personnages. On n'est pas dans la dénonciation ou la parodie, mais plutôt dans le constat absurde et résigné.

Le côté picaresque de la recherche de la corde est parfaitement exploité par un scénario très malin, dont la chute finale constitue le point d'orgue ironique.

Roublard, distrayant et instructif.

Leon de Aranoa sur Christoblog, c'est aussi le beau et très différent Amador (****)

 

3e  

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21 nuits avec Pattie

L'intérêt du nouveau film des frères Larrieu est double : la prestation des acteurs est somptueuse et le scénario est ébouriffant.

Commençons par les acteurs. Karin Viard est tout simplement bluffante, en nymphomane décomplexée narrant avec bonhomie ses aventures sexuelles en tout genre. Elle souffle sur tout le début du film comme les vents d'Espagne qui ne sont pas capable d'assécher l'humidité de ses parties intimes.

Isabelle Carré est son exact contraire en tout : réservée, timorée sexuellement (impuissante dit-elle joliment), poitrine menue contre attributs mammaires impressionnants. André Dussollier vieillit à merveille, jouant avec un brio délicieux le vieux beau. 

Les seconds rôles sont à un niveau rarement atteint dans le cinéma français : Denis Lavant qui donne l'impression de brûler la pellicule à chaque apparition, Laurent Poitrenaux excellent en gendarme perspicace et Sergi Lopez très convaincant en mari soucieux.

Deuxième point fort du film, le scénario nous entraîne dans un labyrinthe qui mélange habilement la logique la plus cartésienne et le surnaturel. Il parvient à le faire, il est vrai parfois de justesse, par le biais des fantasmes et des désirs. Comme toujours chez les Larrieu, le désir sexuel tient donc une place importante : il apparaît ici clairement comme le vecteur de réalisation personnelle, quelque soit son objet, et à condition qu'il soit bien détaché de ce vieux concept rétrograde qu'est l'amour.

Un festival d'acteur et un jeu intellectuel stimulant, pour un bon moment de cinéma.

Les frères Larrieu sur Christoblog : Les derniers jours du monde (****) / L'amour est un crime parfait (**)

 

3e

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La tendresse

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Vous savez que je ne suis pas méchant (vous le savez ?), mais il ne faut pas me pousser dans mes retranchements. Dans le dernier film de Marion Hänsel, tout est mauvais.

Un couple séparé depuis 15 ans entame un road movie de Belgique à Chamonix pour rejoindre leur fils blessé lors d'un accident de ski. Ils font la connaissance de la copine de leur fils : elle est super-gentille et super-canon. Finalement le fils n'a pas grand-chose et tout le monde peut remonter outre-Quiévrain tranquillement. Chemin faisant, la mère se fait draguer par un auto-stoppeur marin-pêcheur joué par un Sergi Lopez plus Sergi Lopez que nature. Qui lui laisse un mot sur le pare-brise pour lui dire qu'elle est vraiment trop belle : c'est pas émouvant ça ?

Durant le trip il s'avère que la mère est vraiment pas dégourdie : elle ne sait pas faire marcher l'auto-radio, ne sait pas se servir d'une carte de crédit et se fait enfermer dans les toilettes. C'est ballot. Elle découvre par contre les joies de la montagne grâce à un gentil savoyard qui l'emmène en moto-neige voir la vue en haut des pistes au milieu de la nuit. C'est trop émouvant comme on voit les étoiles.

Olivier Gourmet fait des blagues un peu racistes qui mettent son fils mal à l'aise mais il a un coeur d'or sous ses dehors un peu ronchon. Tous les seconds rôles (chirurgien, patron du club, etc) sont des marshmallows qui jouent d'une façon aussi naturelle qu'une troupe échappée du musée Grévin.

Tout ça est bien trop mimi pour moi.

 

1e

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Pain noir

logo-espagnol.jpgLe festival a rendu hier son verdict. Le prix du public revient à No controles, petite comédie bien menée et plaisante dont j'ai parlé récemment.

Le prix Jules Verne est décerné à Pain noir, qui arrive d'Espagne auréolé de toutes une séries de Goyas, l'équivalent de nos Césars (9 !), comme Dans ses yeux l'année dernière. Et comme ce dernier, le film de Agusti Villaronga joue dans la catégorie du lourd et du solide. La mise en scène est classique, parfois percutante (comme dans la violente ouverture qui fait ressembler True grit à de la guimauve), parfois zébrée d'éclairs de génie (les derniers plans), la plupart du temps conventionnelle. Mais comme Dans ses yeux, l'intérêt du film est dans le scénario, complexe, foisonnant, explorant mille pistes à la fois.

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Nous sommes en 1944, un homme et son enfant sont sauvagement assassinés. Par qui ? Pourquoi et comment le père du jeune héros est il impliqué ? A ces questions, le film va nous emberlificoter dans des scénarios de vendettas, de fantastique, de lynchage d'homosexuel, de meurtre politique, de roman d'apprentissage amoureux morbide, de drame social, de pédophilie, de chronique de la haine, avant de nous dévoiler la vérité ... que je ne révélerai pas, mais qui n'a rien d'un happy end.

Le film est de bonne facture et ferait un classique Oscar du meilleur film étranger. Il y a quelques maladresses qui empêchent l'émotion de se développer pleinement, mais le sentiment que le cinéaste tient bien le manche l'emporte, et en plus Sergi Lopez fait quelques apparitions en brute épaisse.

Je conseille donc de le voir s'il a l'honneur des écrans français, ce qui sera à mon avis le cas.

 

2e

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