Astérix et Obélix : l'Empire du milieu
Au vu des avis des personnes en qui j'ai généralement confiance, je m'attendais au pire.
Ma surprise a été d'autant plus grande, lorsque je me suis pris à apprécier le début du film : la première rencontre avec les deux romains égarés est plaisante, les premiers échanges dans le village sont plutôt drôles. Philippe Katerine en Assurancetourix et Audrey Lamy en Bonnemine sont par exemple très convaincants.
La suite du film se gâte ensuite progressivement. Le voyage jusqu'en Chine remplit un cahier des charges assez proche de ce que les BD proposent : une progression en accéléré, des rencontres cocasses (au Petit Lutèce par exemple), quelques gimmicks établis (les pirates). On est, jusqu'à ce moment-là du film, dans un exercice somme toute assez proche de l'esprit d'Uderzo et Goscinny, et qui n'est à mon avis ni pire ni meilleur que ce que proposent les continuateurs qui ont pris la suite des géniteurs d'Astérix pour la BD.
C'est d'ailleurs peut-être ici que se situe le point d'incompréhension entre la critique et Guillaume Canet : ce dernier est finalement assez proche des BD (recentrage sur le couple Astérix/Obélix en mode buddy movie, abondantes allusions au monde actuel, jeux de mots plus ou moins foireux). Tous ceux qui compare ce film à Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre semble oublier à quel point ce dernier est plus un film d'Alain Chabat qu'une déclinaison de la "franchise". On ne se souvient d'ailleurs quasiment pas des personnages d'Astérix et Obélix dans ce film, mais plutôt de ceux plus susceptibles de porter l'humour de l'ex-Nul, par exemple ceux joués par Djamel Debbouze et Edouard Baer.
La partie chinoise dégrade nettement l'impression d'ensemble que laisse le film. Les faiblesses dans l'écriture (qu'on doit aux scénaristes des Tuches) apparaissent comme rhédibitoires. La mise en scène de Canet devient pauvre en intentions, les scènes d'action ne sont pas au niveau des 65 millions d'euros dépensés (le combat d'Antivirus / Zlatan Ibrahimovic avec les légionnaires est par exemple horrible à regarder) et plusieurs scènes semblent bizarrement frappées d'aphasie, comme si tout à coup toute l'équipe du film s'était désintéressée de ce qui était montré à l'écran.
Concernant la distribution, si Gilles Lellouche et Vincent Cassel tirent leur épingle du jeu, le reste du casting est faiblard. Guillaume Canet ne correspond à aucune des images qu'on peut se faire d'Astérix, et Jonathan Cohen, qui joue son rôle habituel (il ne sait en jouer qu'un), n'est pas du tout dans l'esprit. Quant aux multiples apparitions de célébrités, on s'en fout un peu : elles ne font ni de bien ni de mal au film.
Astérix et Obélix : l'Empire du milieu ne mérite pas à l'évidence le tir de barrage haineux et méprisant d'une bonne partie de la critique, tout en peinant à présenter de quoi attirer les louanges.
Guillaume Canet, réalisateur, sur Christoblog : Les petits mouchoirs - 2010 (**) / Blood ties - 2013 (*) / Rock'n roll - 2016 (**) / Nous finirons ensemble - 2019 (**)