Benedetta
Benedetta présente l'immense avantage de pouvoir faire l'objet d'une lecture à une multitude de niveaux.
Commençons par le film qui a choqué une partie des critiques : le nanar grossier où ça chie, ça pète, ça se fout des godes entre les jambes, ça zigouille, ça tranche des têtes, ça balance des répliques visiblement destinées à faire rire le spectateur et choquer le bourgeois. Celui-ci est amusant.
Il y a aussi le film férocement blasphématoire, qui encule Dieu, ou pour être plus précis, pénètre la nonne profondément, puisque le godemichet en bois est taillé dans une statue de la Vierge. Commençant où le film précédent se termine (la grossièreté), il se termine dans des sphères bien plus politiques : utilisation des miracles, cupidité à tous les étages, absence de croyance véritable.
Il y a au passage un joli film de reconstitution historique, même si on est loin la somptuosité de La reine Margot. Verhoeven prouve tout de même ici qu'il n'a pas son pareil pour retourner un genre (le film en costume) comme un gant.
Il y a aussi un thriller psychologique dans Benedetta : qui gagnera à la fin, qui manipule qui, et jusqu'à quel point ? Qui est avec qui, finalement ? Les miracles sont-ils tous bidonnés ? Le nonce vaincra-t-il au final ?
Et enfin, il y a la façon dont Verhoeven fouille les recoins de l'âme humaine, un film aux confins de la métaphysique et de la sexualité : que croire ? qui croire ? que sentir ? comment jouir ?
Tous ces films se mêlent harmonieusement grâce à un sens du rythme exceptionnel et à des acteurs et actrices au sommet de leur forme. Virginie Efira, Charlotte Rampling, Olivier Rabourdin et Lambert Wilson sont excellents.
J'ai beaucoup aimé ce film, qui pour moi représente un véritable tour de force.