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Christoblog

Articles avec #emmanuelle seigner

J'accuse

Le principal intérêt du film de Polanski est de raconter froidement le déroulement de l'affaire Dreyfus, vu du côté de l'enquêteur Picquart. 

L'aspect didactique du film, qui m'a fait enfin comprendre de quoi il retournait de façon parfaitement limpide, est donc sa qualité principale. La réalisation, sage et efficace, parfois un peu maladroite, n'est pas spécialement à remarquer.

C'est plutôt du côté de l'interprétation qu'il faut chercher les points forts de J'accuse. Si Emmanuelle Seigner est toujours aussi nulle (si elle n'était pas la femme de Polanski, elle ne serait évidemment pas là), le reste du casting est assez impressionnant, avec une pléiade d'acteurs de la Comédie Française, et un Jean Dujardin absolument parfait, sec comme un coup de trique. Sous son influence, le film semble filer vers son dénouement comme une flèche, tendu et ramassé, parfaitement servi par la musique obsédante d'Alexandre Desplat.

Le film donne aussi - et surtout - à penser : la rectitude morale et la volonté de justice sont des sentiments assez forts pour qu'un homme borné et raciste adopte une attitude de Juste. C'est vertigineux.

 

3e

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La Vénus à la fourrure

http://fr.web.img6.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/pictures/210/442/21044235_20130926103625588.jpgLors du dernier festival de Cannes, la dernière journée était consacrée à la projection de deux films agréables, dernières productions de réalisateurs confirmés : La Vénus à la fourrure de Polanski et le très beau Only lovers left alive de Jim Jarmush. Alors que beaucoup de festivaliers étaient déjà partis, c'était amusant - et touchant - de voir que les grands réalisateurs restent capables de grandes choses.

La Vénus à la fourrure se situe exactement dans la suite de Carnage. Il s'agit toujours peu ou prou de théâtre filmé, ici dans une version encore plus minimaliste que dans le film précédent : deux acteurs seulement, Emmanuelle Seigner, compagne du cinéaste - qui trouve ici son meilleur rôle, et l'inénarrable Mathieu Amalric.

Ce dernier joue un metteur en scène un peu imbu de lui-même, qui reçoit une dernière candidate un jour d'audition. Vanda, qui arrive en retard, s'évère être d'une vulgarité (et d'une bêtise ?) extrême ... jusqu'à ce qu'elle joue sur scène.

S'en suit un jeu de chat et de souris dans lequel on peut suivant les goûts discerner une image des conflits féminin/masculin, acteur/metteur en scène, homme/dieux, etc... Une multiplicité d'interprétation possible donc, servie par une interprétation hors norme d'un acteur et d'une actrice au sommet de leur forme.

Le film se croque comme une friandise admirablement dialoguée, dont on ne sait jamais exactement vers quoi elle va nous entraîner, ce qui en constitue le sel, évidemment.

A voir, ne serait-ce que pour la métamorphose progressive et époustouflante d'Emmanuelle Seigner.

Polanski sur Christoblog : Carnage / The ghost writer

 

3e

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Quelques heures de printemps

Disons-le tout net, Quelques heures de printemps est un bijou, un chef-d'oeuvre en creux, un film réduit à l'os, qui vous laisse pantelant et apaisé.

L'idéal est d'aller voir le film sans en connaître le thème, comme je l'ai fait. On a alors le plaisir de découvrir petit à petit, par allusions successives, le drame qui est en train de se jouer. Stéphane Brizé réduit sa mise en scène à ce qui fait l'essence du cinéma : un cadrage discret et recherché, une façon de filmer les visages comme des paysages, de prendre son temps pour tenter d'approcher au plus près de la réalité.

C'est très souvent vertigineux tellement le jeu des acteurs y est intense. Vincent Lindon est utilisé à la perfection. Certes il joue une sorte d'essence de Lindon, mais sa prestation est parfaite. On se souviendra longtemps de son pétage de plomb. C'est son plus beau rôle. Hélène Vincent, quant à elle, est au-delà de tous les compliments qu'on peut inventer : il faut courir voir le film, ne serait-ce pour sa prestation, qui défie les lois du jeu. Elle est bouleversante.

Même la bêtise abyssale d'Emmanuelle Seigner est parfaitement utilisée (oups, ça m'a échappé). Olivier Perrier, à l'unisson, est aussi particulièrement émouvant.

Précis, intense, chirurgical et psychologiquement très riche : on pense à Bergman et à Kieslowski...

Si vous n'allez voir qu'un film en cette rentrée allez voir celui-ci. Vous en sortirez bouleversé, probablement après avoir trempé l'écharpe dont vous aurez pris le soin de vous doter pour éviter de trop renifler. Bouleversé, mais heureux.

 

4e

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Essential killing

Essential killing est un concept film. Autant le savoir avant d'y aller, sinon l'atterrissage risque d'être brutal, un peu comme pour celui qui irait voir Enter the void ou Le guerrier silencieux sans avertissement.

Vincent Gallo joue un taliban arrêté dans son pays, transféré dans un pays d'Europe de l'Est (la Pologne ?), et qui s'évade à l'occasion d'un accident.

Il ne dit pas un mot durant tout le film, erre dans la neige, et lorsqu'il rencontre une fermière isolée (Emmanuelle Seigner en fermière isolée !), cette dernière est muette, ce qui tombe bien.

Que fait le fugitif ? Il cherche à manger (poisson cru, écorce d'arbre, fourmis, sein d'une cycliste qui allaite). Il fuit (beaux paysages enneigés). Il tue, sans qu'on puisse d'ailleurs y voir autre chose qu'un malheureux concours de circonstances (un bûcheron à la tronçonneuse, des poursuivants, des automobilistes). Il se rappelle (flash-backs ensoleillés et un tantinet caricaturaux de son pays : moutons, femme voilée, appel à la prière). Dans le dernier plan, ne reste plus qu'un cheval, on supposera que notre héros est mort.

C'est minimal et parfois très beau. Gallo est effectivement halluciné (on le serait pour moins que ça). Le film ne tient debout que grâce à une photographie magnifique et une belle mise en scène. Après un début tonitruant (quelles scènes d'hélicoptère !), j'ai trouvé que le film s'étiolait progressivement, cédant au passage à quelques facilités scénaristiques.
 

2e

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