Tous mes pères
Malheureusement, vous ne pourrez pas voir ce film.
J'ai eu la chance de voir Tous mes pères dans le cadre d'un petit festival local et aucune date de sortie n'est prévue en France, ni d'ailleurs en Allemagne, son pays d'origine. Il s'agit typiquement d'un film de festival.
Et c'est bien dommage. A ma connaissance le film tente une expérience complètement radicale : le documentaire autobiographique instrumentalisé.
Je m'explique :
Documentaire : caméra DV, micro apparent, interview de face des personnes, instants volés
Autobiographique : le réalisateur Jan Raiber a envie d'aller filmer son père biologique, qu'il n'a jamais vu. Cette idée déclenche chez sa mère l'aveu d'une incroyable vérité : patatra, son prétendu père biologique (qui a versé pendant 18 ans une pension alimentaire...) ne l'est en réalité pas ! Et il ne le sait pas ! Et le vrai père non plus !
Instrumentalisé : parce qu'on ne peut s'empêcher de penser que les réactions des personnages seraient différentes sans la caméra.
Tout cela fait un mélange détonnant et follement excitant. On suit avec un ébahissement amusé les pérégrinations de notre Pied Nickelé allemand qui navigue entre ses trois pères, et qui met chacun devant ses responsabilités, accompagné par une mère formidable. Les révélations éclaboussent au passage le demi-frère (qui apprend à cette occasion que son frère ne l'est pas) et les grands-parents qui tirent sur tout ce qui bougent.
C'est cruel, c'est pétri de matière humaine, c'est drôle, c'est émouvant quand dans une incroyable pirouette du destin on découvre que le vrai père de Jan ... n'a jamais eu d'enfant avec sa femme.
Tout cela est filmé à l'arrache en deux semaines et demi, et fait l'effet d'une bombe.
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