Autant le signaler tout de suite, nous ne sommes pas bien nombreux à défendre ce film.
A lire l'ensemble de la critique (à part l'Obs), le film serait simpliste d'un point de vue politique, ne rendrait pas correctement compte des rapports entre les différentes composantes de la société égyptienne. C'est tout à fait possible, mais cela me laisse totalement indifférent.
Pour d'autres, Clash s'enfermerait dans son postulat de départ (la caméra ne quitte jamais l'inétrieur d'un fourgon de police), ce qui l'enfermerait dans une posture de "tour de force" un peu vain. A cet argument, je répondrais que Diab dépasse par de nombreux moyens la contrainte initiale : la caméra filme beaucoup l'extérieur, le fourgon bouge lui-même, et de multiples façons, le monde extérieur entre et sort du véhicule de façon continue. On ne ressent donc jamais le huis clos comme une contrainte qui nuit au développement du récit.
Pour apprécier pleinement Clash, peut-être faut-il l'accueillir comme je l'ai fait en mai dernier dans la salle d'Un certain regard, dont il faisait l'ouverture : candidement, en se laissant prendre par les péripéties, les jeux d'acteurs un peu excessifs, le tableau de comédie humaine que peint le réalisateur.
Le film est d'une efficacité redoutable dans son suspense et son exposition des scènes d'action. Il est en ce sens comparable à un thriller américain, les bons sentiments et le happy end en moins.
J'ai trouvé que la spirale infernale que propose le film est, au-delà du contexte égyptien du film, un admirable et puissant tableau des rapports humains, parfois empathiques et le plus souvent violents. Ce n'est pas reluisant, c'est parfois un peu lourd, mais malheureusement très réaliste.
La mise en scène est magistrale, et cloue le spectateur à son siège pendant 1h37, jusqu'au plan final, formidablement glaçant.
Mohamed Diab sur Christoblog : Les femmes du bus 678 - 2006 (***)