The deep blue sea
Incroyable film. Qu'on l'aime ou pas, il faut bien reconnaître la puissance du
défi esthétique qu'il représente.
Terence Davies propose en effet une oeuvre qui semble d'un autre temps, à l'opposé de toute modernité, une oeuvre pour ainsi dire réactionnaire en terme de formalisme. Cela se traduit non seulement pas une certaine lenteur, des cadres très serrés, des décors qui sentent l'encaustique, mais aussi par un rythme à la fois fluide et pesant (?), une image sombre et légèrement ternie et une direction d'acteur qui semble inspirée par Balzac ou Maupassant.
L'histoire est celle d'une émancipation féminine : Hester quitte dans les années 50 son vieux mari, juge et haut personnage, pour un jeune homme qui a fait la guerre et qui la délaissera à son tour. Rien de bien extraordinaire donc dans le scénario, mais sous le pinceau ténébreux de Terence Davies, le propos devient tragique et on ne peut s'empêcher de songer constamment aux pièces classiques, alors que le film est tiré d'une oeuvre des années 50.
Le montage présente des caractéristiques virtuoses, avec des flashbacks imbriqués sur la base d'un rythme lancinant. La réalisation est étonnante, mélange de morceaux de bravoure et de poses un peu glaciales.
Si finalement je penche de justesse pour un avis positif, c'est principalement grâce à l'interprétation magistrale de Rachel Weisz, qui parvient parfaitement à donner corps à son personnage de femme luttant pour conquérir sa liberté.
L'aspect hyper-formel du film, certains de ses tics (les épouvantables violons du début), et l'ambiance réfrigérée et ralentie qui baigne toutes les scènes pourront aussi déplaire. Il subsiste toutefois après la vision du film l'impression étrange d'avoir assisté à un rêve éveillé.
A essayer.
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