Suis-moi je te fuis / Fuis-moi je te suis
Ces deux films, sortis en mai 2022 dans une grande indifférence, constituent en réalité une seule oeuvre (un condensé de près de quatre heures de la série en dix épisodes qu'a réalisé Fukada pour la chaîne Nagoya TV).
De cette étrange genèse découle probablement la sensation de ne pas voir un film vraiment finalisé, ce qui génère chez le spectateur une légère déception, surtout s'il apprécie l'oeuvre de Fukada.
En effet, outre un rythme très irrégulier, le réalisateur japonais semble ici atténuer tous les éléments qui font la singularité de son cinéma. La cruauté abrupte d'Harmonium n'est qu'affleurante, la nostalgie nauséeuse du formidable Au revoir l'été diffuse très légèrement ses effluves.
C'est l'évolution des sentiments sur le temps long (un des points fort de L'infirmière) qui est ici le marqueur de plus reconnaissable de l'art de Fukada.
Certains pourront être énervés par le personnage au départ toujours larmoyant de Ukyio : il leur faut persister jusqu'au deuxième film pour mieux comprendre ses réactions, qui trouveront une pleine et entière résolution dans les vingt dernières minutes de Fuis-moi je te suis.
Est également bien présente ici la capacité du réalisateur à nous mettre légèrement mal à l'aise (le bruit de l'aquarium dans le minuscule appartement, la permissivité sexuelle un peu froide du couple principal dans la première partie, les comportements presque toujours imprévisibles des personnages), au sein d'une narration linéaire qui parfois peut donner l'impression de réduire les femmes au rang d'objet, mais qui en réalité met en valeur leur libre arbitre, comme on s'en rendra finalement compte.
Indispensable pour les amateurs de cinéma japonais.
NB : Il faut voir Suis-moi je te fuis en premier, puis Fuis-moi je te suis
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