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Christoblog

Articles avec #japon

Real

Depuis que j'ai regardé un de ses films à ses côtés, j'entretiens une relation un peu particulière avec Kiyoshi Kurosawa, dont j'ai adoré la dernière oeuvre : Shokuzai. J'attendais donc beaucoup de Real.

Le pitch est assez simple. Un jeune homme entre en communication mentale avec sa femme, une dessinatrice de manga dans le coma, grâce à une machine sophistiquée, qui permet la fusion des esprits (curieusement un sujet en tout point semblable avec le récent film lituanien Vanishing waves).

Le début de Real est prometteur : on retrouve cette Kurosawa's touch, qui nimbe toute scène, même très réaliste, d'une ambiance mystérieuse et lourde de sens. Les rencontres "mentales" dans l'appartement de la jeune femme sont très réussies, servies par une mise en scène virtuose, jouant habilement avec les cadres et la profondeur de champ. Des visions horribles tirés des mangas se matérialisent, des évènements curieux troublent la quiétude relative de ces retrouvailles. A l'extérieur, la ville est nimbée d'un curieux brouillard.

Vers le milieu du film, un twist qu'on voit arriver de loin (mais je pense que c'est parfaitement volontaire) trouble un peu le bel agencement du début. Le film devient alors une sorte de digest du film horrifique asiatique récent et moins récent, et se perd dans une quête plus ou moins psychanalytique d'un trauma enfantin.

Ce n'est pas une catastrophe, mais la magie s'estompe nettement, en même temps que le scénario s'égare dans des maladresses et des approximations.

Une demi-réussite.

    

2e  

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Tokyo godfathers

La sortie du dernier Hayao Miyazaki ne doit pas nous faire oublier les autres maîtres de l'animation japonaise, tel que Satoshi Kon, malheureusement disparu prématurément en 2010. 

Satoshi Kon est l'auteur de seulement quatre longs-métrages d'animation, mais il a nourri avec ces quatre films l'imaginaire de nombreux réalisateurs : on dit par exemple que les rêves gigognes d'Inception de Christopher Nolan sont inspirés de ceux de Paprika, le dernier film de Satoshi Kon.

Avec Tokyo godfathers, c'est une curieuse veine réaliste qui est explorée par le réalisateur japonais. Le film s'attache à suivre le parcours nocturne de trois SDF : un homme bourru et alcoolique, un transexuel séropositif et une jeune adolescente fugueuse qui a poignardé son père. Ces trois-là, liés par une affection forgée à l'école de la rue, trouvent un bébé abandonné. Ils vont remonter la piste des parents jusqu'à retrouver la mère et comprendre le pourquoi de l'abandon...

Le film est très surprenant par le caractère cru de ses dialogues et de ses situations : on n'est souvent pas très loin de la vulgarité, sans jamais y sombrer. Satoshi Kon n'hésite pas à aborder des thèmes plutôt graves comme la mort, la violence, les remords. Le résultat est un curieux mélange de fantaisie à la manière de Capra et de tristesse empathique, façon Fassbinder. Les visions nocturnes de Tokyo, traitées comme des photos, sont sublimes.

Largement méconnu, Tokyo godfathers mérite d'être (re)découvert pour la virtuosité de son scénario, le caractère attachant de ses personnages et la douce poésie qui se dégage de ses belles images urbaines.

 

3e 

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Love exposure

Les dimanches pluvieux de janvier étant propices au visionnage de DVD, je me suis enfin décidé à regarder l'OVNI azimuté de Sono Sion.

Pour résumer, disons qu'il y est question d'une grande histoire d'amour, et qu'on y croise : une secte qui s'appelle l'Eglise Zéro, un prêtre défroqué qui châtie son fils, un jeune garçon qui photographie sous les jupes des filles puis est obligé de travailler dans le porno, une cérémonie de  hara-kiri d'une jeune fille en blanc qui aime les oiseaux verts, des quiproquos sur le travestissement et l'identité sexuelle, un asile psychiatrique, et mille autres choses.

C'est vif, chatoyant, d'une absolue hétérogénéité de style, tout à tour mélo larmoyant, film de sabre cheap, romance érotique, film de kung-fu speedé. Ca dure 3h et 57 minutes, et ça ne ressemble à rien de connu.

Love exposure est plutôt plaisant, à condition de se laisser emporter par son flow à la fois délirant et mélodramatique, un peu comme il faut se laisser prendre par la folie d'un Bollywood.

Un autre film de Sono Sion sur Christoblog, d'une facture beaucoup plus classique : The land of hope.

 

3e

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Le vent se lève

A ceux qui pensent trouver dans le dernier Hayao Miyazaki les mêmes envolées oniriques que dans Le voyage de Chihiro ou Princesse Mononoké, il faut dire qu'il ne s'agit pas ici du même genre de film.

Le vent se lève est d'une veine beaucoup plus réaliste, et, du coup, il pourra décevoir certains fans.

En ce qui me concerne, j'ai été ravi par l'ambiance à la fois poétique et studieuse qui règne tout au long du film. Son introduction est magistrale : la première scène de rêve est d'une beauté qui coupe le souffle et fait monter immédiatement les larmes aux yeux. Les scènes d'enfance sont splendides, avec des trouvailles dans chaque plan (comme la vision troublée tant que Jiro n'a pas mis ses lunettes). Pour les amoureux du Japon, comme moi, le film est d'abord une merveille par sa reconstitution amoureuse de la vie campagnarde, qui ne semble pas avoir évolué en un siècle.

Le passage concernant le tremblement de terre est aussi un grand moment, qui résonne évidemment très fort avec la catastrophe récente qui a frappé l'archipel. C'est vers le milieu du film, dans le long développement consacré à la carrière d'ingénieur de Jiro, que Miyazaki pourra perdre quelques spectateurs au passage : le rythme est plus lent, les détails parfois un peu techniques et les développements politiques incertains (le voyage en Allemagne, le rôle des Services Secrets).

Enfin, pour apprécier l'histoire d'amour de Jiro avec la jeune fille tuberculeuse, il faut probablement avoir une âme d'enfant et/ou un coeur d'artichaut, ce qui doit être mon cas, si j'en crois l'émotion que j'ai éprouvé au moment de l'apparition de Nahoko en robe de mariée.

Esthétiquement, le film est une splendeur, notamment à travers ses décors de toute beauté : paysages, bâtiments, intérieurs, moyens de transport.

Il se dégage de cette oeuvre inondée d'une joyeuse tristesse une force de vivre peu commune, et on ne peut éviter d'y voir un testament emprunt d'une sourde et douce nostalgie.

 

3e

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Tel père, tel fils

Hirokazu Kore-Eda est sans aucun doute le cinéaste le plus fin et le plus délicat quand il s'agit de décrire l'enfance, et plus généralement les rapports humains.

Dans son dernier film, il le démontre encore à la perfection, sur une trame qu'on a trop vite tendance à rapprocher de celle d'Un long fleuve tranquille. Il s'agit en effet d'un échange d'enfant à la naissance entre deux familles de milieux très différents, mais là où le film de Chatilliez jouait la carte de la comédie pure, celui de Kore-Eda joue celle de la tendresse et de la réflexion.

Faut-il échanger les enfants, oui ou non ?

OUI, selon l'avis de la plupart des experts de l'hôpital (presque tous les parents le font), et selon l'avis du grand-père qui signale que les liens du sang seront les plus forts, et que le temps les accentuera. Oui, aussi, quand le père comprend, dans une scène d'une grande cruauté, pourquoi son fils n'excelle pas au piano, comme lui.

NON, si on se fie, comme le recommande la grand-mère (toujours importante chez Kore-Eda), aux liens du coeur.

Le film ménage de curieux rebondissements (comme cette tentative d'acheter le deuxième enfant), de beaux moments de tendresse (comme ces deux chemins qui finissent par se rejoindre, image efficace, bien qu'un peu téléphonée). Il vaut surtout par les contrastes de caractère entre les deux papas et les deux mamans, qui donnent lieu à des scènes savoureuses, et parfois dérangeantes.

Le film a été longtemps favori pour la Palme sur la Croisette, avant que la tempête Adèle ne vienne tout renverser. Il est hautement recommandable.

 

3e

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Shokuzai

Kiyoshi Kurosawa est certainement un des meilleurs cinéastes japonais en activité avec Hirokazu Kore-Eda, Shinji Aoyama et bien sûr Takashi Miike. Souvent cantonné au film de genre tendance fantastique, il fut révélé au grand public par son dernier film Tokyo Sonata. Malgré ce succès, il a toujours beaucoup de mal à financer ses projets de long-métrages, et s'est donc décidé à réaliser en attendant une mini série de 5 épisodes d'une heure pour la chaîne japonaise Wowow.

Shokuzai (Penance en anglais, Pénitences en français) commence comme un film de serial killer : un homme repère 5 petites filles qui jouent au ballon, il en choisit une, la viole et la tue. Les petites filles ne peuvent pas aider à identifier le tueur, et la mère de la victime les maudit pour cela : chacune devra aider à trouver le coupable ou devra payer une "contribution".

Les quatre premiers épisodes retracent la vie des quatre petites survivantes, quinze ans après les faits, et montrent comment elles payent leur dette. Le premier épisode est très réussi, dans un genre qui tire vers le fantastique, et un travail sur l'image magnifique. Le second est dans une tonalité mélodramatique et donne à voir la vie à l'intérieur d'une école japonaise avec ses drôles de rites. Le troisième est une sorte de thriller psychologique et le quatrième tranche totalement avec tous les autres en explorant un registre burlesque et cruel.

Dans ces quatre petites histoires, on ne peut qu'admirer la parfaite maîtrise de Kurosawa qui propose une mise en scène d'une exceptionnelle beauté : décors minutieusement choisis et astucieusement filmés, mouvements de caméra gracieux, cadres splendides, direction d'acteurs irréprochable, scénario mitonné aux petits oignons (il fallait voir les spectateurs du Festival des 3 Continent rivés à l'écran pendant 5 heures de suite), montage chirurgical. Chaque épisode commence par un retour sur la scène fondatrice (un peu comme un "previously in Shokuzai") qui nous la fait découvrir sous un angle différent à chaque fois : c'est très bien fait. Si les qualités intrinsèques sont les mêmes dans les quatre premiers opus, ils ont chacun leur style particulier, thème musical, photographie, tonalité des décors, utilisation de gros plans ou de plans larges, rythme du montage : dans la mise en scène de Kurosawa tout fait sens, rien ne semble laissé au hasard.

Le cinquième et dernier épisode est une sorte de feu d'artifice qui revient à l'époque du drame (et  même avant) et qui lorgne cette fois-ci du côté des coréens façon Park Chan-Wook ou Bong Joon-Ho. Le rythme devient halletant et les révélations succèdent aux rebondissements. Si le plaisir de spectateur est dopé à ce moment-là, il faut avouer que ce n'est plus à force de bon goût et de crédibilité, mais peu importe, le niveau de qualité global de l'ensemble reste impressionnant.

Le film est sorti en France sous forme de deux films : Celles qui voulaient se souvenir (1h59) et Celles qui voulaient oublier (2h28).

 

4e

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The land of hope

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/92/92/02/20225198.jpgCurieux de découvrir pour la première fois un long métrage du réalisateur culte Sono Sion, auquel Deauville Asia a rendu hommage cette année, j'attendais beaucoup de The land of hope.

Le film est une réflexion autour de Fukushima. L'action se déroule quelques années après la catastrophe, dans une ville fictive appelée Nagashima (contraction de Nagasaki et de Fukushima ?), qui revit les mêmes évènements : tremblement de terre, tsunami, catastrophe nucléaire.

Le début du film est très prometteur : il peint habilement le tableau d'une famille d'agriculteur traditionnelle. Le patriarche est magnifiquement joué par un acteur de 72 ans, Isao Natsuyagi, particulièrement charismatique. La mère souffre d'une maladie mentale, le fils surjoue un peu dans l'hystérie typique des jeunes japonais, la belle-fille est migonne à croquer.

Quand la catastrophe survient, le village où habite la famille est partagée en deux par une ligne d'exclusion délimitant le rique de radiation : le caractère ubuesque de la situation est considérable et fournit un ressort dramatique très efficace au film. Cette ligne inspire à Sono une série d'allégories sur les pieux (y compris sonores) particulièrement originale et inspirée. Le travail sur la bande son du film est dans son ensemble très recherché.

Malheureusement, The land of hope s'égare ensuite sur la longueur en tentant de suivre des personnages annexes sans grand relief (le couple qui erre dans les ruines), et en multipliant des effets un peu lourds (l'arbre en feu, le jeu vraiment exagéré du jeune homme).

Au final, le film me laisse donc très sentiments contrastés, entre curiosité étonnée et énervements passagers.

 

2e

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I wish

J'ai pleuré en regardant I wish. Et pas qu'une fois.

Oh, bien sûr, j'entends déjà les ricaneurs et les cyniques qui ne vont pas me rater sur ce coup là, ergotant sur la longueur du film, l'état de mes glandes lacrymales, la paresseuse mise en scène de Kore-Eda, mon coeur d'artichaut dissimulé sous une carapace d'ironie feinte, l'aspect new-age / low-fi de l'oeuvre et mon tropisme pour les films ambitieux, polyphoniques et lacrymaux.

Mais n'empêche, I wish m'a transpercé de part en part, m'éblouissant par moment, m'ennuyant à d'autres, mais ne me laissant pas du tout indifférent.

L'histoire est bête comme chou : deux jeunes frères éloignés l'un de l'autre (l'un vit avec sa mère, l'autre avec son père) imaginent que s'ils font un voeu au moment où deux Shinkansen se croisent pour la première fois sur l'île de Kyushu, ce voeu de réalisera. Ben voyons.

Chacun des frères (vrais frères dans la vraie vie), possède sa bande de copain/copines qui eux-mêmes vont pouvoir émettre leur voeu.

Les enfants pourront-ils assister au croisement ? Si oui, leurs voeux se réaliseront-ils ? Le film ménage plus qu'il n'y apparaît un vrai suspense, dont le dénouement n'est pas aussi simpliste qu'on le pense. Il est même cosmologique, mais je m'égare.

Le plus important est l'étau de délicatesse et de justesse dans la mise en scène qui étreint le récit, et qui en fait un grand film mineur, en confirmant son réalisateur comme le plus intense du Japon actuel.

 

3e

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Dead or alive 1

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/35/15/76/18366793.jpg Fortement impressionné par Hara Kiri, et intrigué par la réputation sulfureuse de Takashi Miike, me voilà en train de visionner la première partie de la trilogie culte Dead or alive, sur les conseils de Asiaphilie.

Le début du film dépasse l'entendement et bouscule totalement le sens commun : une fille tombe d'un gratte-ciel, un homme égorge un homosexuel en pleine action dans les toilettes , un troisième sniffe un rail de cocaïne de 10 mètres de long, un troisième monte sur le toit d'une voiture et tue le personnage sus-mentionné en tirant à travers le toit de la voiture à l'aide d'un fusil à pompe maousse, le tout sur fond de riffs électriques quasi insupportables. 

La fin du film n'est pas en reste proposant un duel à la Sergio Leone sous acide : au bazooka, le bras d'un des personnage pendouillant au bout de son moignon, avant que le monde ne soit détruit par une sorte de boule de cristal. Vers la fin du film aussi, une tuerie dans une cave, qui fait tellement de victime que le sang constitue une sorte de marre d'une dizaine de centimètres de profondeur, dans laquelle les survivants pataugent.

Entre ces deux moments de folie qui feraient ressembler Tarantino à Bresson, le film déroule une histoire très calme, reposante et classique, opposant un flic ayant une vie de famille (et une petite fille à soigner) à un truand prêt à tout pour s'élever dans la hiérarchie de la pègre (et ayant lui aussi l'esprit de famille, puisque ses activités illégales ont servi à financer les études de son frère). Le film est alors plat comme une eau calme, très plaisant à regarder, et magnifiquement servi par deux acteurs au top.

Un film (le mot a été souvent galvaudé, mais là il se justifie : vraiment culte) hallucinant, multipliant les contrastes les plus incroyables.

A réserver toutefois aux spectateurs avertis.

 

3e

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Air doll

Air doll est un film étonnant qui ne peut laisser indifférent.

Il regorge en effet de qualités (une photographie magnifique, une actrice incroyable) et de défauts (un scénario poussif, une musique insistante et trop sucrée, des facilités et lieux communs à la pelle).

L'histoire racontée n'est pas des plus originales : une poupée se transforme en être humain. Ici, il s'agit d'une poupée gonflable, dont le caractère sexuel est affiché dès le pré-générique. On suit les émerveillements de l'éveil, la découverte d'une certaine forme d'amour, la naissance de l'orgasme (à base de dégonflage / regonflage...) et l'approche de la mort.

C'est beau, par moment envoutant, et Tokyo est filmé avec une maestria extraordinaire.

L'actrice Doona Bae réussit une prestation scotchante. Si au départ son jeu "orientée poupée" peut dérouter, voir exaspérer, on finit par y croire et elle parvient au bout du compte à nous émouvoir.

Au rayon des moins, on dira que le scénario connait un gros coup de mou au milieu du film. La galerie de personnage secondaire n'est pas non plus très excitante. Enfin le film n'évite pas quelques écueils d'une énormité peu pardonnable tels que la scène d'adoption d'une jolie petite poupée, ou le vol des fleurs blanches vers tous les personnages, dans les dernières scènes.

Au final, l'impression qui prédomine est tout de même celle de l'enchantement plutôt que celle de l'ennui, même si je ne me risquerais pas à conseiller le film, tant sa réception peut être variable suivant les spectateurs.

 

2e

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Nobody knows

Après le très beau Still walking, j'ai eu envie de me plonger dans la filmographie de Hirokazu Kore-Eda.

Nobody knows a très bien été accueilli à Cannes 2003, décrochant un prix d'interprétation masculine par l'intermédiaire de son jeune acteur de 14 ans, Yagira Yuya (photo ci-contre).

Le prétexte est simple : 4 enfants (2 filles, 2 garçons) sont livrés à eux-mêmes dans un appartement tokyoïte, alors que leur mère poursuit au loin une énième histoire d'amour. On devine au passage que chacun des enfants a un père différent, bien que l'identité des géniteurs n'est d'ailleurs qu'imparfaitement établie.

Le film m'a déçu. Je l'ai trouvé long (2h20) mais surtout manquant de ressorts dramatiques (il n'y en a qu'un en vérité, traité en ellipse de telle façon qu'il n'émeut pas réellement). Le scénario est lâche et décevant, et même si l'interprétation des acteurs est passable, je trouve que la personnalité de chacun des enfants n'est pas assez développée. Je m'attendais à plus d'inventivité de la part du scénariste.

J'ai aussi trouvé que l'image DVD était vraiment mauvaise, ceci expliquant en partie peut-être ma déception. La vie quotidienne à Tokyo (les supérettes, les rayons de mangas, les Pachinkos, la ligne de métro Yamanote, les distributeurs de boissons, etc) est par contre parfaitement montrée et cela contribue à donner un certain charme à ce film lent et un peu paresseux.

En bref je n'ai pas retrouvé cette sérénité tendue qui émanait de Still walking

 

2e

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Achille et la tortue

Takeshi Kitano et Kanako Higuchi. Océan FilmsAchille et la tortue intéressera particulièrement :

- les fans de Kitano cinéaste

- ceux qui envisage la peinture comme concept

- les fans de l'artiste peintre Kitano, en particulier ceux qui ont vu l'exposition récente à la fondation Cartier (beaucoup des toiles qu'on voit dans le film rappellent l'expo)

Takeshi Beat Kitano y explore la figure de l'artiste possédé par son art (mais impuissant à produire une oeuvre de qualité) à trois ages de la vie : l'enfant, le jeune adulte, l'homme mûr.

La partie de l'enfance, un peu longuette, montre un héros mutique et obsédé, qui déjà met sa vie et celles des autres en danger. Dans la deuxième partie, la meilleure à mes yeux, les expériences d'art conceptuel tournent à la catastrophe quand un jeune peintre se tue en projetant une voiture transportant des seaux de peintures contre une toile. Cette période donne à voir une scène de happening hallucinante durant laquelle 4 déjantés rivalisent de défis stupides sur une scène : très représentatif des performances de Kitano sur la télé japonaise, façon Jackass.

La dernière, franchement amère, montre l'artiste en prise avec une sorte de folie qui ne connait plus de limite : il prostitue sa fille, puis dessine avec du rouge à lèvre sur son cadavre, sa femme le quitte, il manque de mourir brulé en peignant un feu.

Bien entendu, tout cela est intelligent, beaucoup de clins d'oeil rendent le film intellectuellement stimulant. Mais il manque au final un je ne sais quoi qui emporte l'adhésion du coeur au-delà de celle de l'esprit.

 

2e

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Kaïro

Samedi 28 novembre 2009 à 17h, Kiyoshi Kurosawa était présent dans la salle du Cinématographe, à Nantes. Exactement deux rangs derrière moi, et pour la première fois, j'ai vu un réalisateur regarder son propre film, en ma présence. Brrr...ça fait bizarre.

Lors de sa rapide présentation, il a replacé Kaïro dans son contexte (le bug de l'an 2000, l'apogée des films de fantôme au Japon) en s'excusant presque d'avoir fait un film un peu confus et daté. Il s'est interrogé devant nous sur la façon dont le film avait traversé ces 8 années.

Ce qu'il y a bien avec les réalisateurs, c'est qu'ils sont plus intelligents que nous, les spectateurs. Donc rien à ajouter, le film est confus, on n'y comprend pas grand chose, sauf que le monde des âmes mortes est un peu trop rempli et déborde dans celui des vivants qui peu à peu se fait dévorer. C'est parfois abscons, souvent assez bien fait, quelquefois intellectuellement stimulant, et par éclair magistral. Il y a une Kurosawa's touch, sans conteste, mais qui n'est pas si facilement accessible.

Pour ma part, j'aime qu'il y ait un peu de logique, même dans les films de fantômes, ce qui n'est pas réellement le cas ici.

Meilleur que le surestimé Ring, toutefois.

 

2e

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Still walking

Un beau film.

Le sujet est assez traditionnel : une famille se réunit à l'occasion de l'anniversaire de la mort du fils aîné, qui s'est noyé en sauvant un enfant.

Le fils cadet est plus ou moins un raté, il est évidemment brimé et mal dans sa peau. Il s'est marié avec une veuve qui a déjà un enfant. Il y a aussi une soeur, insouciante et pleine de vie, mariée à une sorte de benêt et qui a deux enfants turbulents.

Les parents vivent dans le souvenir de leur aîné mort, à l'évidence leur préféré. Le père est une sorte de Pialat médecin, bougon et taciturne, la mère est encore alerte mais d'une cruauté étale. Finalement, une sorte de La vie des morts au Japon.

Le film est agréable à regarder, quoiqu'un peu long, et très subtil. Les acteurs et actrices sont beaux, bons et chacun développe sa personnalité tout au long du film. Les thèmes traités sont multiples et la mise en scène est délicate, réfléchie et sereine. La photographie est belle.

Certains moments sont magiques (la visite surréaliste de l'enfant sauvé par le frère noyé, le papillon). L'ombre portée du mort n'empêche pas le film d'être plein de vie.

Un succès critique mérité.

 

3e

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Ponyo sur la falaise

Pour commencer, entendons-nous bien : je suis fan de Miyazaki depuis les années 80. Et je considère que Le Voyage de Chihiro est un véritable chef-d'oeuvre. C'est pourquoi j'attends avec impatience et anxiété toute nouvelle production des studios Ghibli.

Alors, je ne vais pas pouvoir le cacher bien plus longtemps : Ponyo m'a pas mal déçu, comme d'ailleurs le précédent opus, Le Château ambulant.

Bien sûr, on retrouve ici des fulgurances typiques du maître : la somptueuse scène d'ouverture sous-marine, les vagues/personnages/poissons inquiétantes et ondulantes.

Cependant il manque quelque chose qui rende le film marquant et inoubliable : peut-être un méchant qui tienne la route, un onirisme qui s'assume jusqu'au bout (comme dans Chihiro), ou un scénario qui tienne la distance d'un long-métrage.

Le film n'est malheureusement pas loin d'être ennuyeux, et je me suis surpris à me laisser contaminer par les bâillements de Ponyo. L'écologisme un peu new wave qui baigne le film n'est pas la meilleure veine poursuivie par Miyazaki, je préférais de loin le sanglier inquiétant de Princesse Mononoke.

Au final reste une désagréable impression de redite et aussi celle d'un film un peu trop infantile pour un public adulte.

 

2e

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