Tel père, tel fils
Hirokazu Kore-Eda est sans aucun doute le cinéaste le plus fin et le plus délicat quand il s'agit de décrire l'enfance, et plus généralement les rapports humains.
Dans son dernier film, il le démontre encore à la perfection, sur une trame qu'on a trop vite tendance à rapprocher de celle d'Un long fleuve tranquille. Il s'agit en effet d'un échange d'enfant à la naissance entre deux familles de milieux très différents, mais là où le film de Chatilliez jouait la carte de la comédie pure, celui de Kore-Eda joue celle de la tendresse et de la réflexion.
Faut-il échanger les enfants, oui ou non ?
OUI, selon l'avis de la plupart des experts de l'hôpital (presque tous les parents le font), et selon l'avis du grand-père qui signale que les liens du sang seront les plus forts, et que le temps les accentuera. Oui, aussi, quand le père comprend, dans une scène d'une grande cruauté, pourquoi son fils n'excelle pas au piano, comme lui.
NON, si on se fie, comme le recommande la grand-mère (toujours importante chez Kore-Eda), aux liens du coeur.
Le film ménage de curieux rebondissements (comme cette tentative d'acheter le deuxième enfant), de beaux moments de tendresse (comme ces deux chemins qui finissent par se rejoindre, image efficace, bien qu'un peu téléphonée). Il vaut surtout par les contrastes de caractère entre les deux papas et les deux mamans, qui donnent lieu à des scènes savoureuses, et parfois dérangeantes.
Le film a été longtemps favori pour la Palme sur la Croisette, avant que la tempête Adèle ne vienne tout renverser. Il est hautement recommandable.
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