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Christoblog

Articles avec #marthe keller

L'économie du couple

Joachim Lafosse aime s'emparer de sujets dérangeants, et au premier abord peu engageants : une mère qui tue ses quatre enfants dans A perdre la raison, l'affaire de l'Arche de Zoé dans Les chevaliers blancs.

Il propose ici de décrire dans le détail le quotidien d'un couple qui se défait, et de montrer comment les conditions matérielles de la séparation influe sur la vie quotidienne. Le sujet semble plus anodin que celui de ses films précédents, mais il n'est pas moins ardu.

De fait, L'économie du couple remplit parfaitement son programme : on voit bien comment les problèmes d'argent peuvent devenir les vecteurs (et les agents) de la discorde. On parle gros sous, on estime le prix du travail et on le compare à celui du capital hérité, on chipote sur l'utilisation des différents étages du réfrigérateur. 

Tout cela est à la fois édifiant et malheureusement un peu sclérosant. On n'apprend pas grand-chose qu'on ne sait déjà sur la nature humaine : oui, la mauvaise foi n'est jamais loin lors des séparations, et oui, aucune des deux parties n'est innocente.

Les limites de la démarche d'entomologiste de Lafosse sont parfois dépassées par le brio de sa mise en scène, parfois exceptionnellement fluide dans un espace qui n'est pas si grand. 

Si Bérénice Béjo est parfaite, on a un peu de mal à voir en Cédric Kahn un travailleur manuel, malgré tous les efforts qu'il déploie. Le pauvre est également desservi par une scène particulirement ratée, qu'il doit assumer en grande partie (la douloureuse scène de repas avec les amis).

Malgré d'évidentes qualités, une petite déception de la part d'un cinéaste dont j'attends beaucoup.

Joachim Lafosse sur Christoblog : A perdre la raison - 2012 (***) / Les chevaliers blancs - 2015 (**) 

 

2e

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Amnesia

Le nouveau film de Barbet Schroeder s'attaque simultanément à deux sujets délicats : une histoire d'amour naissante entre une personne âgée (formidable Marthe Keller) et un jeune homme (Max Riemelt) d'une part, et l'attitude de certains Allemands qui ne pardonnent pas à leur pays l'expérience du nazisme d'autre part.

Il y a sûrement un sujet de trop parmi les deux, l'un empêchant le développement de l'autre, et réciproquement.

L'histoire d'amour est assez joliment montrée. Elle progresse habilement par de petits riens qui accroissent progressivement l'attraction mutuelle. Pour l'aspect volontairement amnésique de l'Allemande par rapport à son pays, le film semble plus artificiel, et repose sur une scène pivot un peu surjouée à mon sens par Bruno Ganz.

Pour le reste Barbet Schroeder exploite bien la magnifique nature d'Ibiza mais se plante complètement sur l'installation de certaines ambiances, par exemple lors de la catastrophique séquence de la boîte de nuit.

Un film attendrissant, mais maladroit et déséquilibré. 

 

2e

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