La merditude des choses
Il arrive qu'une affiche soit particulièrement trompeuse.
Celle de La merditude des choses (un homme nu sur un vélo) en est un bon exemple. A sa vision on pense au pire à une version belge de Jackass, au mieux à l'image illustrant la chanson Fat Bottomed Girls de Queen.
En réalité La merditude des choses propose un tout autre programme. Il faut imaginer un de ces films réalistes anglais (Mike Leigh, Ken Loach, Shane Meadows) passé au mixeur de la comédie italienne des années 70 (façon Ettore Scola).
C'est drôle, c'est grave, c'est inventif, c'est attachant. Un jeune garçon de 13/14 ans grandit au milieu d'une tribu d'alcooliques fêtards (son père et ses oncles). Il doit gérer les incartades (crades, machos, rigolotes) de la bande. En parallèle le film montre la même personne adulte, devenue écrivain, à la fois victime traumatisée de son passé et passée à autre chose.
Cette partie est peut-être moins convainquante, jusqu'au moment - sublime - de la rencontre à l'hospice, et de l'obligation faite au héros de chanter des chansons paillardes dans un but universitaire.
Sinon les moments d'anthologie égrillardes de succèdent : un Tour de France alcoolisé dans lequel le mont Ventoux au whisky se révèle fatidique, la visite de l'assistante sociale "Fuckodey" dont la petite culotte sera explorée, la course cycliste à poil, le concours de beuverie, etc...
C'est un miracle que cette accumulation de vomi entraîne l'empathie, comme si Bienvenue chez les ch'tis croisait Affreux Sales et Méchants.
Et au final, les deux scènes de père et de fils, courant en baskets neuves dans les champs et apprenant à faire du vélo : ne sont-elles pas les pépites cachées au coeur de la merditude des choses ?
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