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Christoblog

Gazette du festival des 3 continents 2011

22 novembre

Ouverture ce soir du festival des 3 continents. Discours poussifs pleins de poncifs des autorités autoritaires (Conseil général, Nantes Métropole, Conseil régional, DRAC) égrenant les citations, les formules langue de bois et insultant au passage les films (... parfois trop longs (sic), d'après le grand escogriffe qui cite Rilke pour faire le malin). Pensums sans originalité aucune, heureusement balayés par la passion bien réelle de Charlotte Garson et Jérôme Baron, responsables de la programmation. 

En ouverture, le dernier film de Hong Sangsoo, un de mes réalisateurs fétiches : The day he arrives (4/5). Comme d'habitude, la petite musique du coréen me plait, cruelle, bavarde, alcoolisée. Ici teintée d'une sorte de mélancolie ouatée, en noir et blanc. Moins construit et réussi toutefois à mon avis que le récent HA HA HA.

 

24 novembre

En passant devant le Cinématographe à 21h30, je m'arrête voir un film japonais de 1963, Dancer in Izu (3/5), projeté dans le cadre de l'hommage à la Nikkatsu, cette grande major asiatique, l'égale de la 21th Century Fox et de la MGM. Quel plus grand plaisir de s'asseoir dans une salle de cinéma pour voir un film dont on ne sait rien, et que personne ne verra probablement jamais ? Le projectionniste nous annonce qu'il y aura un noir de 15 secondes à chaque changement de bobine, c'est l'aventure intégrale. Le film s'avère être un mélodrame tout à fait plaisant. Un étudiant tombe amoureux d'une jeune fille (un peu simple) comédienne itinérante. Cette dernière sort de l'enfance et tombe amoureuse. Dans une ambiance à la fois naïve, délicieusement rurale et en même temps mortifère, l'intrigue s'avère être sous ses dehors doucereux un tableau au vitriol d'une certaine société japonaise sacrifiant ses jeunes filles sur l'autel de la prostitution. Le scénario est tiré d'une nouvelle de Kawabata.

 

25 novembre

Ce soir, soirée spéciale compétition. Je commence par People mountain, people sea (2/5), auréolé de son récent succés à Venise (Lion d'argent qui récompense le meilleur réalisateur). Le film est plastiquement beau, mais dégage un ennui qui amène directement au sommeil. La trame scénaristique (une vengeance) n'est qu'un prétexte pour montrer la Chine d'aujourd'hui, à la manière d'un Wang Bing ou d'un Jia Zhang-Ke. Les plans s'étirent à l'infini, le personnage principal est mutique, les scènes sont en partie incompréhensibles. Le réalisateur Shangjun Cai était dans la salle pendant la projection, j'espère qu'il n'a pas été trop vexé en entendant les nombreux spectateurs qui quittaient la salle avant la fin.

Le film suivant est un long-métrage taïwanais un peu hype, Honey Pu Pu (1/5) qui se la pète grave, si je puis me permettre. Ca commence pas si mal avec des mélanges curieux de high tech, d'effets spéciaux post-production, d'informatique, de sms, et puis le film dérape vers un salmigondis de considérations pseudo-philosophique agrémentant une histoire de trio amoureux adolescent pas passionnante. Il se conclut par une fin-queue de poisson qui laisse entrevoir l'existence d'univers parallèles, ou quelque chose dans ce goût là. Le réalisateur Cheng Hung-I voudrait bien que son film soit un manifeste poétique post moderne, il n'est finalement qu'un long clip new age.

Mauvaise soirée, ça arrive.

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/85/39/56/19810924.jpg26 novembre

Bien meilleure journée que hier. A 18h, je vois le deuxième film chinois de la compétition officielle, The sword of idendity (3/5), du réalisateur Xu Haofeng, qui était lui aussi présenté à la Mostra de cette année. Il s'agit d'un wu xia pan, c'est à dire d'un film de sabre historique. Le prétexte en est à la fois simple (deux étrangers arrivent dans un village et luttent pour créer leur école de combat) et infiniment compliqué, les grilles de lecture en étant multiples comme le montre cet excellent article. Au final, un agréable divertissement, aux images souvent magnifiques. Le film n'est pas dénué d'humour.

Le temps de retrouver Anna de passage à Nantes, et nous voilà en train de visionner Marché sexuel des filles (4/5), de Noboru Tanaka, un roman porno de 1974. Le film s'avère être un OVNI cinématographique montrant une succession de tableaux oppressants, décrivant la vie d'une prostituée dans le vieux Osaka. C'est cru, et extrêmement cruel. On ne sait pas trop en regardant le film si on doit être outré, révolté, séduit, tant le cinéaste nous égare dans un labyrinthe de sensations différentes, en utilisant une palette d'effets sidérante (du frustre noir et blanc à la couleur, des cadres sages à la caméra pris de vertiges). Un film hallucinant, à la fois pénible à regarder et passionnant.

 

27 novembre

Les deux films vus dans le cadre de la rétrospective Nikatsu m'ayant beaucoup plu, je me risque à en voir un troisième : A colt is my passport (2/5) 1967, de Takashi Nomura. Cela commence comme un polar stylé à la Melville, puis dérive tout doucement en hommage au western spaghetti avec un final "face à face" sur un immense terrain vague. Le motel où se réfugie les deux héros ressemble à un saloon, et un des deux chantonne même en s'accompagnant à la guitare (on s'attend à entendre I'm a poor lonesome cowboy). Intéressant mais très naïf, et moins ébouriffant que le roman porno de hier soir. ,

Soirée dans la salle 4 du Concorde, bourrée comme un oeuf, et ses fauteuils si confortables pour un film qui l'est beaucoup moins : Miss Bala (4/5).Un thriller très efficace et élégant qui nous fait partager la descente aux enfers d'une jeune mexicaine qui veut devenir Miss Basse Californie, se trouve impliquée par hasard dans une fusillade et va devenir un jouet entre les mains des différentes parties. Le film est centré sur l'actrice Noe Hernandez, très convaincante, et se vit comme un long tunnel dans lequel la pauvrette est obligée d'avancer. Redoutable, malgré une fin inutilement complexe et quelques facilités. Le film représentera le Mexique aux Oscars.

 

28 novembre

Le palmarès vient de tomber :

Montgolfière d'or pour Saudade, film fleuve du cinéaste-ouvrier Katsuya Tomita. Le film met en scène groupe de hip hop et communauté de nippo-brésiliens danseurs de capoeira. Il dessine un tableau sans concession d'un certain naufrage social. Le film avait été remarqué à Locarno.

L'argent va à People mountain people sea, critiqué plus haut. Le prix du jury récompense le film israélien Policeman de Nadav Lapid.

 

Commenter cet article

A
Ah contente que tu aies apprécié Miss Bala. On est d'accord sur ce film. J'essaie d'écrire sur Marché sexuel là, c'est pas évident DU TOUT ! Critique de Fable of the fish à venir aussi,<br /> probablement (un sympathique conte métaphorique). Ce fut en tout cas un plaisir de te rencontrer pour ce festival !
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C
<br /> <br /> Ravi de t'avoir rencontré également. Hier j'ai fait ma lettre de motiv pour le jury du festival d'Annonay, un autre truc dont je voulais te parler. Marché sexuel, je n'arrête pas d'y penser, quel<br /> choc quand même...<br /> <br /> <br /> <br />
J
Si j'avais eu le temps, j'aurais été voir ce People moutain, People sea : il avait eu de bonnes critiques à Venise, ça m'intriguais... Beaucoup moins maintenant!
Répondre
C
<br /> <br /> Le film n'est pas inintéressant, la photo est belle, mais c'est très très lent...<br /> <br /> <br /> <br />