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Christoblog

Articles avec #laure calamy

Les Cyclades

Je n'attendais pas grand-chose de cette comédie, qui semblait gentillette sur le papier.

J'ai donc été agréablement surpris par la qualité globale du nouveau film de Marc Fitoussi, qui allie un script malin à une interprétation tout en finesse de ses trois actrices principales, toutes parfaites.

Les Cyclades est un bon exemple de comédie de caractères, qui n'est plus un genre très en vogue dans le cinéma français : les effets comiques résultent plus de l'opposition totale des personnalités de Magalie et Blandine que de l'intrigue, anecdotique. C'est donc une sorte de résurrection au féminin des films de Francis Veber (La chèvre, Les compères, Les fugitifs, L'emmerdeur) que propose Les Cyclades.

Si on rit de bon coeur aux frasques de notre duo si mal assorti, on est aussi curieusement ému par la rencontre de ces deux femmes, finalement en détresse l'une comme l'autre. Le temps qui passe, qui use les corps et ferment progressivement les possibilités, est un véritable personnage dans le film : il donne lieu à de très jolies scènes, comme celle par exemple dans laquelle les deux femmes sont remplacées par leur version adolescente.

La dernière qualité du film est la façon dont le décor naturel des Cyclades est filmé. Les paysages ne sont pas simplement beaux, ils sont signifiants : austères quand l'action le nécessite, séduisants quand l'atmosphère est à la fête, favorisant la méditation dans la partie finale.

Un excellent spectacle de divertissement, tout à fait estimable.

Marc Fitoussi sur Christoblog : Maman a tort - 2016 (***)

 

2e

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Annie Colère

Annie Colère raconte l'histoire du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception) à travers la trajectoire d'Annie, jeune femme ayant d'abord recours à un avortement avant de devenir petit à petit intervenante au sein de ce mouvement.

D'une facture très classique, le nouveau film de Blandine Lenoir vaut surtout par l'interprétation, encore une fois exceptionnelle, de Laure Calamy, qui parvient à jouer une palette d'émotions incroyable tout en imposant une grande présence corporelle à l'écran. Son parcours d'émancipation douce est formidable à suivre.

Le film est à la fois didactique et émouvant : on y apprend des tas de chose sur les techniques d'avortement et le contexte historique qui précéda la loi Veil, tout en étant profondément touché par le combat de ces femmes.

SI le scénario est linéaire et parfois convenu, il a le mérite de mettre en évidence avec beaucoup de finesse la belle sororité qui réunit les femmes faisant partie du MLAC, issues de milieux très différents. Les scènes d'avortement en deviennent belles et émouvantes, sans aucune image choquante. Annie Colère se distingue ainsi très nettement d'autres grands films traitant du sujet (L'évènement ou 4 mois 3 semaines 2 jours).

Instructif et touchant.

 

3e

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A plein temps

A plein temps applique au quotidien d'une mère de famille élevant seule ses deux enfants les recettes des thrillers décrivant habituellement des situations exceptionnelles, ou des personnages hors la loi.

Il faut donc par exemple imaginer le torrent furieux de Uncut Gems, des frères Safdie, décrivant quelques jours de la vie de Julie, ballotée entre ses problèmes de boulot, une grève SNCF et la difficulté de faire garder ses deux enfants.

Le résultat est un exercice de style qui intéresse surtout par sa capacité à ne jamais faiblir dans son rythme, par la pure magie du montage et d'une caméra souvent portée à l'épaule. A plein temps peut aussi s'apprécier comme un documentaire consacré dans son intégralité à documenter les différentes transformations possible d'une Laure Calamy dont la profondeur de jeu s'affirme de film en film. C'est un spectacle extraordinaire de voir son visage traverser à peu près tout le spectre des émotions possibles (soumission, séduction, colère, amour, tristesse, détachement, concentration, etc).

A voir, au moins pour Laure Calamy.

Eric Gravel sur Christoblog : Crash test Aglaé - 2017 (**)

 

2e

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Une femme du monde

La prostitution de proximité semble être un sujet qui intéresse les cinéastes contemporain(e)s comme en témoigne par exemple le récent (et très bon) Filles de joie.

Alors que les travailleuses du sexe de ce dernier film allaient exercer en toute légalité en Belgique, le personnage joué par l'excellente Laure Calamy se voit contrainte d'aller en Allemagne pour augmenter ses revenus et financer ainsi les études de son fils. Les deux films ont ceci en commun qu'ils montrent que nos voisins sont bien moins hypocrites que nous sur le sujet.

L'intérêt d'Une femme du monde ne tient qu'à un fil. Il faut l'alliance d'une interprète ravie de jouer avec son physique et d'une réalisatrice délicate et subtile pour qu'on accroche à cette proposition, d'une modestie attendrissante, qui fonctionne parfaitement bien. Tous les personnages sont admirablement dessinés (le fils, l'avocat, les collègues, le patron) et le fait que Marie assume parfaitement son métier est finalement plutôt original (la scène de la banque est formidable de ce point de vue).

Un beau portrait de femme, juste et émouvant.

 

2e

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Garçon chiffon

Il y a beaucoup de choses énervantes dans Garçon Chiffon : des acteurs qui font leur numéro sans être intégré dans l'histoire (coucou la copine de Dix pour cent, Laure Calamy), des longueurs inutiles, des tentatives de lyrisme benoîtement ratées (la chanson de la fin, n'est pas Christophe Honoré qui veut), des effets trop appuyés et au final un égocentrisme un peu trop à fleur de peau.

Et pourtant, je n'arrive pas à émettre un avis réellement négatif sur ce film, très attachant. Nicolas Maury y met certes beaucoup de lui-même, et si cela peut être parfois un peu lourd, c'est aussi par moment assez émouvant.

Le film comprend de jolies scènes à la limite du fantastique (par exemple le séjour chez les nonnes), qui possèdent un charme certain. Il sait aussi être délicatement drôle et est admirablement servi par la prestation époustouflante de Nathalie Baye, dont le visage, souvent filmé en gros plan, est bouleversant de beauté.

Garçon chiffon aurait gagné à être écourté de 20 minutes. Malgré tout, il constitue un divertissement plutôt recommandable.

 

2e

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Dix pour cent

On commence par regarder Dix pour cent avec l'espoir d'apercevoir la fausse vraie vie des stars, avant de plonger dans la série pour le plaisir de suivre les aventures professionnelles et sentimentales des employés de l'agence ASK.

Quand on parle de Dix pour cent, il faut signaler en premier lieu la grande qualité de son écriture. Les personnages sont bien développés, les intrigues intéressantes et les surprises convaincantes.

Cette qualité de scénario met en valeur un casting haut de gamme, à qui la série aura bien profité. Camille Cottin a enchaîné les rôles importants (avec une apparition chez Honoré, et un premier rôle convaincant dans Les éblouis). Grégory Montel a lui aussi tourné dans de jolis films (Les parfums), alors que Laure Calamy, elle, a connu un triomphe dans Antoinette dans les Cévennes. Nicolas Maury a même réalisé son premier film (Garçon chiffon), et Stéfi Selma a trouvé un joli rôle dans Miss, re-jouant ainsi un peu son rôle de Sofia.

Bien sûr, la série ne serait pas aussi connue sans le sel qu'ajoutent les stars présentes. Leur prestations sont d'un intérêt variable. Parmi les plus plaisantes, il faut citer les prestations touchantes de Nathalie Baye et Laura Smet, celle explosive de Julie Gayet et Joey Star. Juliette Binoche ose le ridicule au Festival de Cannes dans la saison 2, et Jean Dujardin a peut-être le plus joli rôle de la série dans l'ouverture de la saison 3. Isabelle Huppert courant les tournages dans un Paris nocturne est également un grand moment.

La saison 4 détonne par rapport aux autres. La bonne humeur qui irradiait les trois premières saison glisse progressivement vers une ambiance plutôt triste, les trahisons se succédant et une douce amertume envahissant la fin de saison. C'est à la fois beau et plutôt osé de finir ce cycle sur une note nostalgique de fin de règne. L'épisode avec Sigourney Weaver est à ce titre un moment magnifique.

Dominique Besnehard a annoncé qu'il y a aurait prochainement un épisode long format dans la suite de la saison 4 : tant mieux, on a hâte !

 

3e

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Antoinette dans les Cévennes

Antoinette, c'est Laure Calamy. 

Et c'est peu dire que cette dernière porte tout le film, et trouve ici un rôle à la mesure de son talent, qui est immense. Son personnage de fille bien en chair, romantique et un peu nunuche, popularisée par la série  Dix pour cent, s'irise ici d'une palette de sentiments intenses et inattendus. 

Résumons brièvement le pitch du film : Antoinette, amoureuse d'un homme marié, rejoint celui-ci qui randonne sur le chemin de Stevenson avec sa femme et sa fille. Bien sûr, l'initiative est ridicule et d'une certaine façon désespérée : on se doute bien que cela ne va pas évoluer vers une issue heureuse. L'intérêt du film est donc ailleurs, dans l'évolution progressive d'Antoinette sur les chemins cévenols. C'est évidemment dans le cheminement, et non dans le but poursuivi, qu'Antoinette va progressivement se transformer.

Cette subtile évolution du personnage est très agréablement servi par la fine écriture de la réalisatrice scénariste Caroline Vignal. Le film propose un cocktail réjouissant de scènes franchement drôles, de lignes narratives très amusantes (la réputation d'Antoinette qui la précède sur le chemin), de moments intenses et décalés (la belle conversation entre Antoinette et Eleonore), d'évocations feutrées du périple stevensonien (le personnage de Patrick doit beaucoup à la Modestine de Voyage avec un âne dans les Cévennes), de beaux paysages et de personnages secondaires croqués avec tendresse et acuité.

Sans être renversant, Antoinette dans les Cévennes présente un grand nombre de qualités, qui en font une comédie fine et agréable, digne du label que lui a accordé le Festival de Cannes. 

 

3e

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Seules les bêtes

Dominik Moll, cinéaste trop rare, nous offre ici un thriller d'une redoutable efficacité, bâti sur une utilisation simple mais efficace de l'effet Rashomon : les mêmes scènes sont vues plusieurs fois sous des angles différents, offrant à chaque fois un complément d'information sur l'intrigue.

On progresse ainsi dans les arcanes d'une histoire tortueuse, marquée par d'incroyables coïncidences, mais qui présente l'immense intérêt de décrire avec une grande acuité deux milieux très différents et rarement montrés au cinéma : les étendues désolées du causse Méjean et le monde des brouteurs d'Abidjan (si vous ne savez pas ce que c'est, alors allez voir le film).

La sensibilité de la mise en scène, la densité du jeu des acteurs (tous incroyablement bons), la qualité du scénario font de Seules les bêtes un divertissement de haute tenue.

Je le conseille.

 

3e

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Sibyl

Qui trop embrasse mal étreint : voilà qui pourrait résumer Sibyl

Sur le papier tout est formidable : un scénario hitchcokien, une actrice au sommet, une réalisatrice en pleine phase ascendante. 

Pourtant, rien ne parvient à fonctionner à l'écran. Les tonalités tout le temps changeantes du film, le découpage inutilement compliqué, les commentaires en voix off qui alourdissent le film, les redites qui surlignent le propos : Sibyl croule finalement sous l'accumulation de ses intentions. 

Si Virginie Efira est magnifique et Sandra Hüller parfaite, les autres acteurs tournent un peu en mode automatique : Adèle Exarchopoulos excelle dans ce qu'elle sait le mieux faire (pleurer avec excrétion), Niels Schneider est joli à regarder et Gaspard Ulliel n'est pas très bon.

En somme, le film aurait pu être bon, mais il patine, faute à une surabondance d'effets. On n'en voudra pas à Justine Triet, qui ne parvient jamais à nous intéresser vraiment à ces personnages, et on attendra l'essai suivant.

 

2e

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Nos batailles

Le propos du deuxième film de Guillaume Senez est assez intéressant sur le papier : un homme se fait plaquer sans explication par sa femme (qui disparait dans la nature) et doit apprendre à s'occuper de ses deux enfants. 

En pratique, Nos batailles se perd en hésitant entre plusieurs pistes : le tableau familial sus-cité d'une part, et une sorte de militantisme distancié, façon En guerre chez Amazon, d'autre part.

Guillaume Senez met en avant une méthode spécifique de direction d'acteurs, qui consiste à laisser improviser les acteurs dans un cadre pré-défini. Le procédé est censé donner une impression de naturel et de spontanéité. En réalité je trouve que c'est tout l'inverse qui se produit : les comédiens donnent souvent l'impression de chercher l'inspiration (par exemple en se répétant) et Romain Duris semble même à un moment ne plus se rappeler du prénom de sa fille...

Le résultat est donc à mes yeux parfaitement imparfait, et souvent désagréable. Romain Duris ne me parait jamais complètement crédible, mais Laetitia Dosch, tout en retenue, trouve par contre ici un de ses meilleurs rôles. 

Au final, j'ai bien du mal à comprendre l'engouement critique pour ce film, qui est une petite chose quasi-expérimentale qui ne manque pas d'intérêt sans être vraiment enthousiasmant.

 

2e

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Mademoiselle de Jonquières

Excellente surprise que ce nouveau film d'Emmanuel Mouret, qui s'était un peu perdu au fil du temps dans un monde de radotage libertin et contemporain

En transposant son goût pour la dialectique subtile et parfois perverse au XVIIIème siècle, Mouret réalise un coup de maître. 

Sa langue châtiée et déliée à la fois se marie admirablement avec l'époque, et Cécile de France et Edouard Baert, tous deux excellents, semblent  se délecter des dialogues, il faut le dire, absolument brillants.

Le scénario est suffisamment subtil pour intriguer, séduire, surprendre et enfin renvoyer chacun à sa conscience quand il s'agira à la fin du film de savoir quel personnage est aimable. Ce n'est d'ailleurs pas le moindre mérite de Mouret de donner à voir des émotions profondes à travers le filtre de propos légers, et d'habiller la cruauté du plus beau des sourires.

Une franche réussite, de plus très joliment filmée.

 

3e

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Ava

Tout ce qui est noir attire Ava. Un chien errant, les cheveux d'un beau gitan, l'intérieur d'un blockhaus, une cécité annoncée. 

Ava va être aveugle, mais elle semble s'en moquer : elle veut vivre, et dire la vérité. Sa franchise va donc parfois sembler cruelle, son comportement bien peu raisonnable et très égocentrique : Ava obtient ce qu'elle veut, elle dérobe ce qu'elle désire.

Par une sombre alchimie, Ava, promise à ne plus voir, nous donne une leçon de clairvoyance solaire. Il faut jouir et il faut danser : cette scène incroyablement osée où un personnage danse sur une musique extra-diégétique qu'il n'entend pas - et en plus il s'agit d'un morceau d'Amadou et Mariam, musiciens aveugles !

La mise en scène de Léa Mysius, même si elle comprend parfois quelques maladresses, fait souffler dans le film un vent de liberté ennivrant : rêves bizarroïdes et effets spéciaux très voyants, direction d'acteur sur le fil et frénésie gitane.

Ava s'impose comme un nouveau "premier film français qui révèle une jeune réalisatrice", après Grave et avant Jeune femme

 

3e

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Victoria

On aura rarement vu accroche plus mensongère que celle qui orne l'affiche de Victoria : "Super héroïne des temps moderne, une comédie hilarante".

Tout d'abord parce que Victoria n'a rien d'une super-héroïne : dépassée par les évènements, dépressive, dotée d'une sexualité plutôt défaillante, aveugle à l'amour... on a vu plus performant.

D'autre part, le film n'est pas du tout une comédie hilarante. Si on sourit un peu, surtout dans la première partie, la plus réussie, on est à mille lieues de se fendre la poire à chaque réplique.

Victoria, à l'instar du premier film de Justine Triet, La bataille de Solférino, est un objet difficile à qualifier et à apprécier. Trop drôle pour être pris au sérieux, pas assez rythmé pour être une vraie comédie, pas assez romantique pour toucher les coeurs de midinettes, trop bargeot pour plaire au grand public, trop gentil pour séduire les cinéphiles.

Le film est assez inégal, présentant de vraies bonnes idées (la scène du mariage, le témoignage du chien) et des aspects beaucoup plus faibles (des plans de coupe sur TGV qui font vraiment remplissage, un rythme inégal). Le résultat, bien que foutraque, est globalement sympathique sans être génial. 

Le film ne serait pas grand-chose sans l'abattage exceptionnel de Virgine Efira, qui irradie le film de sa présence, alors que Vincent Lacoste, que je n'aime toujours pas, trouve ici son moins mauvais rôle (ce n'est pas difficile).

Un film notoirement surestimé par la critique, qui a toutefois le mérite d'inventer un nouveau genre : la comédie romantique d'auteur.

Justine Triet sur Christoblog : La bataille de Solfrino - 2013 (***)

 

2e

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