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Articles avec #pierre arditi

Les choses humaines

Tiré d'un roman de Karine Tuil, le nouveau film d'Yvan Attal s'attaque à un sujet incontournable de nos jours : le consentement.

L'affaire est classique. Deux jeunes vont dans une fête, ils ont un rapport sexuel. Lui dit qu'elle était consentante, elle qu'elle a été violée.

Si le propos est estimable (pour simplifier, ce n'est pas parce que la fille ne dit pas non qu'elle est consentante), la façon dont le film est conçu n'entraîne pas vraiment l'adhésion. L'écriture du film est en effet didactique au possible. On dirait qu'Attal coche les cases d'une liste au fur et à mesure que l'intrigue avance : influence des classes sociales, exemple des parents, examen des personnalités pendant le procès, tentatives de diversion, etc.

De la même façon, la construction et la mise en scène du film sont un gloubi-boulga d'influences et d'idées non maîtrisées : histoire racontée de deux points de vues, scènes de remplissage beaucoup trop longue (on ne peut plus en 2021 filmer des valises sur un tapis roulant d'aéroport pour débuter un film), personnages caricaturaux, dialogues académiques, scènes de procès plus inspirées.

J'ai donc vécu la projection du film comme une conférence, certes complète mais fastidieuse à suivre, sur un sujet par ailleurs très intéressant. Le point remarquable du film sont les deux plaidoiries finales des très inspirés Judith Chemla et Benjamin Lavernhe.

 

2e

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On connait la chanson

Parsemer une histoire somme toute assez insignifiante de morceaux de chansons françaises que les personnages entonnent en play-back au milieu d'une conversation : il fallait oser. 

Alain Resnais l'a fait, et ce fut je pense le premier. Le procédé est étonnant, relativement plaisant et donne au film cet esprit si particulier, mélange d'exigence cinéphilique et de culture populaire. Ce fut à l'époque un grand succès public (le plus gros box office pour Resnais, plus de deux millions de spectateurs) et critique (Prix Louis Delluc et quelques Césars).

On connait la chanson peut se regarder de deux façons différentes. Au premier degré, c'est une sorte de comédie vaudevillesque assez quelconque : les personnages sont caricaturaux, les péripéties téléphonées, le jeu des acteurs parfois outrancier, la mise en scène transparente. A part quelques éléments spécifiques, comme la belle relation qui se noue entre les personnages de Bacri et de Dussolier, le scénario de Jaoui et Bacri est moyen.

Au second degré, si on s'attache à guetter l'irruption des morceaux chantés, qu'on soupèse leur pertinence au regard de la psychologie des personnages, qu'on repère les petits détails (Jane Birkin chante en play-back son propre tube vieux de quinze ans), qu'on se réjouit des situations les plus improbables (Dussolier qui chante Bashung sur son cheval), alors le film devient un jeu délicat et légèrement euphorisant.

Un ovni, si typiquement français.

 

2e

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La belle époque

La première chose qui surprend agréablement dans ce film, c'est le ton des premières scènes : les femmes y sont agressives et super-cash. Fanny Ardant lamine véritablement Daniel Auteuil : "Branle toi avec ta main" répond-elle à "Embrasse moi avec tes lèvres".

Le rythme du film est haletant : mise en place de l'incroyable business mené par un Guillaume Canet impérial, satire XXL des réseaux sociaux et nouvelles technologies, mélange des tonalités (le film est tour à tour mélancolique, burlesque et drôle).

L'idée des voyages dans le temps permet d'infinie variations scénaristiques, toutes réussies, et qui parviennent à nous piéger (quel beau personnage que celui de Pierre Arditi). Daniel Auteuil se comporte dans le film comme le spectateur que j'étais : il commence par entrer dans le jeu en n'y croyant pas, puis décide d'y trouver son plaisir. Le casting est parfait et Doria Tillier une révélation.

Une franche réussite dans le genre "comédie populaire intelligente".

 

3e

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Comme un avion

Comme un avion marque le retour en forme de Bruno Podalydès.

La première partie du film, qui expose l'acteur-réalisateur en infographiste doux dingue, est particulièrement réussie. On est intrigué, puis séduit, par cet éternel enfant que fait rêver l'Aéropostale.

La figure légèrement inquiétante de Sandrine Kiberlain, trop bienveillante pour être honnête, rehausse l'étrangeté du film pour le porter vers des sommets de bizarrerie poétique.

Le film perd ensuite un peu en intensité quand notre ami passe à l'acte, les effets si légers du début devenant plus appuyés. Arditi en pêcheur psychopate, Vimala Pons en évidente aguicheuse, sont des clichés certes efficaces mais un peu téléphonés.

De cette seconde partie on retiendra principalement la sensualité épanouie d'Agnès Jaoui, remarquable en femme d'âge mûr jouant avec les post-it.

Un éloge de la fugue nécessaire et plaisant.

 

2e

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Vous n'avez encore rien vu

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/88/64/60/20110428.jpgUn metteur en scène est mort.

Il invite par message posthume tous les acteurs et actrices qui ont compté pour lui.

Arrivent alors en ordre dispersé une joyeuse troupe toute au plaisir de se retrouver : Pierre Arditi, Michel Piccoli, Sabine Azéma, Mathieu Amalric, Anne Consigny, Anny Duperey, Hippolyte Girardot… La réunion a lieu dans une bâtisse inquiétante, curieusement onirique et comme construite dans les limbes.  

Ils sont tous là, chacun jouant son propre rôle.

Les effusions passées, ce joli monde s’installe dans de confortables fauteuils et découvre le but de leur réunion : autoriser ou non une jeune troupe de théâtre à jouer l’Eurydice d’Anouilh dans une version moderne.

A cet effet est projetée sur un grand écran une vidéo de la représentation, et chacun est amené à donner son avis. Tous les acteurs invités ont déjà joué la pièce et sont donc habilités à porter un jugement, mais ils vont progressivement céder à la tentation de se renvoyer les répliques en même temps que les jeunes acteurs visibles à l’écran.

Ainsi vont se reformer sous nos yeux émerveillés les anciens couples Orphée/Eurydice : Arditi/Azéma, Wilson/Consigny… Le pitch du film peut sembler désuet ou anecdotique, d’autant que la pièce d’Anouilh est un peu datée, mais ce serait sans compter avec la virtuosité exceptionnelle d'Alain Resnais. A 90 ans, celui-ci se révèle être un magicien cinéaste (à croire que l’extrême âge rajeunit les cinéastes, comme en a témoigné aussi le magnifique Mystères de Lisbonne de Ruiz l’an dernier). Le film devient progressivement un pur enchantement de mise en scène, épuisant l’imagination et multipliant les figures de style novatrices. Les différentes scènes de la pièce sont jouées deux fois, se reflètent, se répètent, se répondent, les décors s’effacent, se transmutent, des portes apparaissent, des trains surgissent du néant. On est complètement saisis par la magie du théâtre, et les acteurs finissent par être comme des ectoplasmes flottant dans l’imaginaire, à la fois symboles et incarnation de la force créatrice d’un écrivain, et d’un cinéaste.

C’est beau, intelligent, divinement réalisé, magnifiquement joué (Amalric y est une fois de plus fantastique) et diablement émouvant. Le film n’a rien d’un testament, et est irrésistiblement joyeux. Un prix de la mise en scène aurait été parfaitement mérité à Cannes.

Le titre est très bien trouvé : je n’avais encore rien vu de pareil.

 

4e 

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