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Christoblog

Articles avec #golshifteh farahani

Frère et soeur

On ne peut pas enlever à Desplechin la fluidité de sa mise en scène, sa capacité à glisser sur les visages et les situations avec une grâce parfois surnaturelle.

Pour le reste, ce film est raté et c'est très curieux qu'il ait eu l'honneur de la compétition à Cannes 2022 alors que Trois histoires de ma jeunesse, bien meilleur, ne l'avait pas eu.

Le jeu de Marion Cotillard et de Melvil Poupaud ne permet à aucun moment ne donner corps à ce couple, et de comprendre la véritable consistance de leur relation. Finalement, la nature de leur haine mutuelle n'est jamais vraiment compréhensible, et leur rabibochage sur le sol d'un supermarché n'est guère crédible. 

Il y a beaucoup de maladresses dans le film, assez peu habituelles chez Desplechin : la scène du vol au-dessus de Lille est par exemple d'un ridicule consommé. Les flashbacks en regardant les albums photos sont aussi d'une lourdeur inhabituelle chez le réalisateur nordiste. Et enfin le personnage de la jeune roumaine n'apporte à mon avis strictement rien au film. 

Il règne aussi dans le film une ambiance bobo (drogue, alcool, cigarettes, état d'âme d'artistes) qui sent un peu l'entre soi.

A noter qu'un des rares points forts du film est la prestation réussie de Patrick Timsit dans le rôle du copain compréhensif, qui parvient à ménager la chèvre et le chou au milieu de cette famille compliquée.

Un échec, le deuxième consécutif après le faible Tromperie.

Arnaud Desplechin sur Christoblog : Un conte de Noël - 2008 (****) / Jimmy P. - 2013 (**) / Trois souvenirs de ma jeunesse - 2014 (***) / Roubaix, une lumière - 2019 (****) / Tromperie - 2021 (**)

 

2e

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Un divan à Tunis

Dieu sait si j'aime le cinéma du Sud et que je porte habituellement sur lui un regard bienveillant et attentionné. Mais ici, malgré toute ma bonne volonté, je ne peux que faire le constat qu'une bonne idée de départ est irrémédiablement gâchée.

Il était en effet plaisant d'imaginer les conséquences de l'implantation d'une psychanalyste dans un quartier populaire de Tunis. J'imaginais une sorte de In treatment doux amer qui aurait traité en profondeur de l'évolution de la société tunisienne.

Le résultat est malheureusement tout autre, assemblage non abouti de plusieurs genres qui ne se mêlent pas entre eux : burlesque, comédie sentimentale, chronique sociale, tableau sans concession de la Tunisie contemporaine, film sur l'exil et le chez-soi, comédie de situation, clins d'oeil LGBT. Rien ne prend, tout semble factice, et la vision qu'offre Manele Labidi de la Tunisie est une caricature presque insultante. La psychanalyse n'est qu'un prétexte qui n'est pas du tout exploité.

Golshifteh Farahani, si elle semble toujours imprimer la pellicule de façon spécifique, ne m'a pas convaincu dans son rôle, comme d'ailleurs l'ensemble du casting, à côté de la plaque.

C'est pétri de bonnes intentions, mais c'est aussi tristement raté.

 

1e

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La nuit a dévoré le monde

La nuit a dévoré le monde est un pur exercice de style.

Il est du coup difficile de porter un regard tout à fait neutre et objectif sur cet objet cinématographique sorti de nulle part : trop chiant pour être un film de zombie terrifiant, trop neutre pour être un moment de cinéma existentiel (je pense à ce que Skolimowski aurait pu faire de cette histoire).

Si je ne me suis pas vraiment ennuyé (ma curiosité intrinsèque de cinéphile me poussait à guetter comment le réalisateur pouvait se sortir de situations impossibles), il ne me viendrait pas à l'idée de conseiller le film au commun des spectateurs : il ne s'agit finalement que de regarder un mec survivre.

Tout cela ne vaut finalement, un peu, que par l'ambiance de Paris désert bien restituée, et malgré les prestations caricaturales de Golshifteh Farahani et Denis Lavant.

Il faudra donc attendre le prochain film de Dominique Rocher, et un scénario plus consistant, pour mieux apprécier ses capacités.

 

2e

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Paterson

Quel ennui ! 

Paterson répète sept fois (oui, 7 fois) la même histoire minimaliste, avec d'infimes variations.

Certains esprits éclairés verront quelques variantes dans chaque journée, mais la vérité c'est que chaque jour ressemble au prochain et au précédent, et qu'on s'y ennuie profondément.

Il faut d'abord dire que je suis très peu sensible (doux euphémisme) au talent poétique du héros : ce qu'il écrit est moche.

Mais en admettant que cela ne soit qu'une opinion personnelle, le reste du film me laisse profondément insensible et même, oserais-je l'avancer : les trucs en noir et blanc du personnage pauvrement interprété par Golshifteh Farahani m'horripilent au plus haut point.

Bref, je trouve le film répétitif : Je regarde ma montre, je déjeune, je marche dans la rue, j'écris un poème dans le bus, je parle à un collègue qui a plein de problème, je conduis, les aiguilles de ma montre s'accélèrent, je rentre à pied, je redresse la boîte aux lettres, je suis gentil avec ma femme, je vais discuter dans un bar où le même couple chaque soir se déchire.

Même si sa légèreté peut occasionnellement lui donner une certaine beauté, il manque à Paterson le souffle nécessaire pour tenir sur la durée.

 

1e

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Les deux amis

Pour son premier long métrage, Louis Garrel nous offre un film délicieux.

Impossible de ne pas succomber au charme extraordinaire de Golshifteh Farahani, et à celui, un poil plus convenu, de la paire d'adulescent Garrel/Macaigne. 

Les deux acteurs jouent des rôles qui leur collent chacun à la peau : Garrel est beau, trop sûr de lui, donneur de leçon et fouteur de merde. Macaigne incarne à la perfection le Droopy amoureux, timide, indécis et dépendant. 

Plus que leur amitié superficielle, et typiquement parisienne (on pense à Dans Paris, de Christophe Honoré, ce dernier ayant co-écrit le scénario), c'est la beauté du jeu de Golshifteh Farahani qui donne de la valeur au film. Elle parvient à être à la fois sublime et terrienne, désirante, vulgaire et décidée. Son personnage fait du film une sorte de manifeste féministe qui renvoie les deux hommes au rôle de simples faire-valoir, juste bons à donner un titre au film, faibles, menteurs et ridicules.

Les deux amis est donc un badinage profond, cruel et amusant.

Louis Garrel avait auparavant réalisé un moyen-métrage de très bonne facture : Petit tailleur.

 

2e

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Eden

Si vous voulez en savoir plus sur la French Touch, n'allez pas voir Eden. Si vous voulez être passionné par une histoire, ou ressentir des émotions fortes, non plus. Si vous voulez par contre connaître la vie du frère de la réalisatrice, alors dans ce cas, ce film est fait pour vous.

Pas évident sûrement pour Sven Love, le frère de Mia Hansen-Love de se voir ainsi projeté à l'écran : incapable de garder une fille, ne sachant pas gérer son budget, obligé à près de 40 ans à enchaîner les petits boulots... Tout cela n'est pas très intéressant si on n'est pas de la famille, il faut le dire. Les dialogues sont pauvres, la direction d'acteur très approximative, la mise en scène quelconque. Félix de Givry, qui joue le personnage principal, est pour moi un inconnu, et gagne à le rester.

Le film ne présente donc pratiquement aucun intérêt, si ce n'est de guetter les apparitions successives de guest stars plus ou moins prestigieuses : Greta Gerwig, Vincent Macaigne, Golshifteh Farahani, Laura Smet. 

Eden est creux et ennuyeux, il ne fait pas honneur à la scène électro française, ni au cinéma hexagonal.

 

1e

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My sweet pepper land

Quelle excellente surprise que ce thriller aux allures de western tourné au Kurdistan, par Hiner Saleem, kurde irakien réfugié en France. 

Dès la première scène (une peine de mort qui a quelque difficulté à aboutir), on est sidéré par le mélange de maîtrise dans la mise en scène, de cocasserie décalée et de sens de l'obeservation.

Par la suite le film développe la rencontre de deux êtres vivant d'idéaux.

Elle, la magnifique Golshifteh Farahani (mais que cette actrice est belle !), est une institutrice qui accepte d'aller enseigner aux confins du Kurdistan. Elle est en proie à l'attitude machiste de la totalité de la population, et affublée d'une bande de frères genre Pieds nickelés tragiques, plus préoccupés par l'honneur (présumé) de leur soeur que par leur propre sort - et Dieu sait s'ils auraient intérêt à veiller à paraître moins ridicules.

Lui, le charismatique Korkmaz Arslan (j'ai rarement vu un combo sourcils / yeux d'une telle efficacité), a décidé de faire respecter la loi dans ce village paumé, se heurtant frontalement à un parrain local. 

Rencontre riche en étincelles, parfum ennivrant d'Asie Mineure revisitée par un Sergio Leone pince-sans-rire, My sweet pepper land est un loukoum digeste et hautement recommandable. 

 

3e    

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Syngué sabour - pierre de patience

http://fr.web.img1.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/93/80/62/20302906.JPGSyngué sabour est un bon film, le tout est de savoir à quel point.

D'abord, je craignais qu'Atiq Rahimi, écrivain adaptant son propre roman Prix Goncourt 2008, soit réalisateur comme moi je suis blogueur. Mais non, il est vraiment doué, et le film propose une mise en scène soignée, bien qu'un peu trop sage.

Ensuite j'attendais beaucoup de l'actrice Golshifteh Farahani, qui crevait l'écran dans le très bon film de Farhadi, A propos d'Elly, et là, je dois le dire, le film est un enchantement. Il repose entièrement sur elle, et elle arrive à être sublime tout du long, en tant qu'actrice bien sûr, mais aussi en tant que tableau vivant. Belle comme une Madonne.

Rappelons brièvement le propos : une femme parle à son mari qui est totalement paralysé avec une balle dans la nuque, sur fond de guerre, en Afghanistan. Progressivement elle arrive à lui dire de bien lourds secrets, notamment d'ordre sexuel. Quelques micros évènements viennent interrompre le monologue (ou plutôt le dialogue avec le silence comme aime à le dire Rahimi). Des allers-retours entre le domicile de l'héroïne, austère et dévasté, et celui de sa tante, chaleureux et sensuel, rythment le récit.

C'est superbement photographié, relativement bien monté, franchement prenant à certains moments, notamment dans quelques flash-backs bien amenés. Mais c'est aussi un peu (beaucoup) prévisible et parfois maladroit, surtout vers la fin. A certains moments le film présente des longueurs.

Syngué sabour amène à considérer la place de la femme dans l'islam sous un angle une fois de plus extrêmement préoccupant, quelques jours après Wadjda.

Bon, comme j'ai décidé d'être gentil en 2013, je pousse la troisième étoile au forceps, pour les beaux yeux de Golshifteh, et donc en totale contradiction avec l'exigence cinéphilique qui me caractérise habituellement.

 

3e

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A propos d'Elly

Golshifteh Farahani. Memento Films DistributionA propos d'Elly est un film iranien ... qui n'a rien d'iranien. Je veux dire par là qu'il ne faut pas y chercher de messages politiques, de relations directes à l'actualité du pays, ni de filiation avec les pointures locales, comme Kiarostami.

Le début ressemble à n'importe quel film présentant plusieurs couples jeunes et leurs enfants partant en week-end : pique-nique improvisé, chacun joue un rôle, on sent vaguement que les relations entre les uns et les autres ne sont pas aussi simples que ça. Arrivée dans une maison déserte près de la mer Caspienne. On comprend qu'Elly a été invitée pour rencontrer Ahmad, jeune divorcé de retour d'Allemagne, et qui cherche une femme.

Les premières impressions que laissent le film sont très bonnes et seront confirmées par la suite : montage vif, mise en scène inspirée, scénario original et subtil, acteurs fournissant une remarquable prestation collective.

Puis, très vite : un drame. Un enfant manque de se noyer. Elly disparait. S'est elle noyée ? Est elle partie ? Pourquoi la mer ne rejette-t 'elle pas son corps ? Qui est-elle ? Qui est sa famille ? Ou est son sac à main ? Quelqu'un dans le groupe en sait il plus que les autres ? Qui est cet homme se prétendant son frère alors qu'elle est fille unique ? Toute la deuxième partie du film déroule un canevas subtil, et assez machiavélique pour nous tenir en haleine.

La façon dont chaque personnage évolue est montrée avec une grande finesse psychologique, les rapports hommes / femmes dans la société iranienne contemporaine sont en particulier superbement illustrés.

Un film palpitant, passionnant à bien des égards, qui mérite son ours d'argent à Berlin.

 

3e

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