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Christoblog

Babylon

Babylon est comme un frigo rempli à ras bord.

Il ne faut donc pas chercher un repas équilibré ou délicat quand on va voir le dernier film de Damien Chazelle, mais plutôt un déversoir non maîtrisé de plats succulents, d'ingrédients plus ou moins frais, et enfin d'expérimentations culinaires osées.

Parmi ce que le film propose de meilleur, on peut citer sa première heure (un tournage apocalyptique, suivi d'une orgie chez un mogul du cinéma muet) qui est à la fois folle par son ampleur délirante et son rythme échevelé, mais aussi utile à l'intrigue en nous présentant in situ les six personnages principaux.

Parmi les ingrédients tirés du bac à légumes, il y a de tout : une excursion - un peu gratuite car peu reliée au reste du film - dans un souterrain lynchien qui sent un peu le fruit blet, des tics avariés que Chazelle devrait mettre à la poubelle (les gros plans sur les pavillons de trompette), des épices éparpillées au petit bonheur la chance (et hop un peu de cannelle façon Chantons sous la pluie, et zou du vomi pimenté façon Ruben Östlund). 

Au rayon des expérimentations ratées, je mettrais en avant le catastrophique dernier quart d'heure du film, mash-up horriblement prétentieux (mais naïvement attendrissant) mélangeant images de chefs-d'oeuvre du septième art (Godard, sors de ce corps) et immonde image WTF d'encres colorées se délayant dans un grand vide conceptuel.

Dans ce gloubi-boulga on peine à trouver du sens : s'il est indubitable qu'on parle ici du passage du muet au parlant, on cherchera en vain une profondeur psychologique dans l'évolution des personnages, une émotion dans les relations les liant les uns aux autres,  ou un approfondissement de thématiques qui l'auraient pourtant mérité (le temps qui passe, la place des Noirs dans les débuts du cinéma, les évolutions technologiques et économiques de ce Hollywood des origines, l'amour contrarié, l'instabilité psychologique).

Le miracle de Babylon est qu'on ne s'y ennuie pas vraiment : la boulimie de cinéma et de musique qu'il représente séduit autant qu'elle horripile, voire un peu plus en ce qui me concerne.

Damien Chazelle sur Christoblog : Whiplash - 2013 (****) / La la land - 2016 (****) / First man - 2018 (**) / The Eddy - 2020 (**)

 

2e

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