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Christoblog

La la land

La la land est traversé par la même énergie foutraque et euphorisante que le précédent film de Damien Chazelle, Whiplash.

Foutraque, parce que le film ne ressemble à rien, et donne l'impression de chercher sa voie tout du long. 

La première scène est à ce titre exemplaire. Elle semble rendre hommage à la comédie musicale américaine classique, mais apparaît finalement comme un exercice de virtuosité pure. On pourrait penser qu'elle donne le ton du film, mais en réalité, pas du tout, puisque les passages chantés s'espaceront progressivement et ressembleront plus à du Demy qu'à du Stanley Donen.

Parfois aux confins du mauvais goût sucré (la scène du planétarium), souvent d'une justesse de ton ahurissante qui pourrait rappeler Cassavetes (la magnifique scène pivot de la dispute durant le repas), perpétuellement en mouvement et inventif, La la land séduit à la fois par la richesse de ces procédés et la profondeur de son approche.

Euphorisant, parce que le film semble porter en lui l'espoir fou que le cinéma peut tout. La foi que Chazelle semble insuffler à son film emporte toutes nos réticences. Son histoire fonctionne parfaitement et les petites imperfections du film apparaissent presque attendrissantes : Ryan Gosling et Emma Stone ne chantent pas merveilleusement bien, mais leur voix n'en est que plus attachante.

La dernière partie du film, par sa dignité et son originalité, finit par emporter la mise. On est conquis, émus, et passablement scotchés par le tour de passe-passe de Chazelle : montrer la naissance de l'amour dans un frou-frou de couleur primaires, en donnant l'impression d'être le premier à le faire.

La trame de La la land parait à première vue assez simple, voire simpliste (exactement comme celle de Whiplash d'ailleurs). Mais une fois l'euphorie de la vision passé, il faut bien reconnaître que le film est bien plus que ce qu'il paraît être : portrait grandeur nature d'une ville, réflexion sur la fidélité à ses ambitions, éloge de la légèreté, analyse psychologique des rapports de couple, déclaration d'amour au jazz, manifeste pour un cinéma décomplexé, et au final esquisse glaçante des occasions ratées.  

Un beau grand film.

Damien Chazelle sur Christoblog : Whiplash - 2013 (****)


4e

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J
Je retiens surtout de ce film le talent incroyable d'Emma Stone, encore davantage éclatant face à un Ryan Gosling avec son physique qui hésite entre Thomas Dutronc et Keanu Reeves. L'une des premières audition qu'elle passe, ou on la voit au téléphone jouer une scène de rupture, son visage qui change tout en essayant de rester concentrée lorsque quelqu'un rentre et perturbe le casting m'a littéralement scotché.<br /> La scène du repas de dispute est également très réussie. Ce film m'a plu, ému, mais la partie musicale m'a plutôt déçu: peut être parce que je ne suis pas plus que ça fan de Jazz. Ca reste un bon moment de cinema.
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C
On est d'accord !
P
J'en suis à ma troisième séance du film (2 versions en VO anglaise, et une en français), jamais lassant, et de plus en plus émouvant à chaque séance, en ayant connaissance de l'issue finale de l'histoire d'amour entre Mia et Sebastian. J'ai été "envoûté" par la merveilleuse BO dès mon premier visionnage que je n'arrivais pas à détacher de ma tête (notamment le thème principal que l'on entend dès la première scène, ainsi que le thème chanté par Ryan Gossling : "City of stars", puis en duo).
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V
Ce film est un navet de chez navet. Guimauve et clichés pour américains sans culture qui, bien sûr, n'ont jamais vu Fred Astaire, Debby Reynolds, etc.<br /> En revanche, remarquable efficacité de la communication. Quel budget et combien ont touché les pseudo " Critiques professionnels " ?
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C
On se demande.
C
Je comprends ce que tu dis, simplement je n'ai pas vu le film que j'espérais voir !
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C
Eh bien moi, je suis déçu !<br /> <br /> J’attendais beaucoup de ce film, "La la land" : la résurrection d’un genre que j’affectionne énormément, le musical américain. Le rendez-vous avec le genre sera pour une autre fois. Oh, le film ne démérite pas totalement. Il y a même deux belles scènes, celle du début, sur l’autoroute surchargée, le ballet des automobilistes immobilisés, et à la fin, la scène onirique du ballet "parisien" sur fond de toiles peintes (hommage à Vincente Minnelli et à "Tous en scène" et "Un Américain à Paris", aussi bien qu’à Jacques Demy et aux "Demoiselles de Rochefort"). Entre les deux, je me suis copieusement barbé, j’ai bâillé x fois à me décrocher la mâchoire. La faute à quoi ?<br /> <br /> D’abord un scénario assez faible, ensuite des personnages trop peu caractérisés pour qu’on s’y intéresse, une action assez mollassonne, des chansons trop rares (et qu’on ne retient pas) et des parties dansées globalement insuffisantes. Il ne suffit pas de faire bouger la caméra pour donner l’illusion de la danse. Il faut aussi un chorégraphe derrière. Et puis, les deux acteurs principaux sont très peu charismatiques : c’est simple, Emma Stone a un air de Marion Cotillard, qui n’a jamais brillé par son charisme, et Ryan Gosling se demande parfois ce qu’il fait là, surtout quand il chante. Et, comble de disgrâce pour une comédie musicale, l’histoire d’amour finit en eau de boudin.<br /> <br /> Il ne suffit pas de faire allusion à James Dean (les héros vont au cinéma voir "La fureur de vivre") pour que ça donne aux deux acteurs l’aura (qu'avaient James Dean et Natalie Wood dans ce film) nécessaire à faire vivre leur histoire dans "La la land". On retiendra tout de même la mise en espace des scènes de cabaret et l’hommage au jazz. Dommage, j’aurais bien aimé dire du bien de ce film qui a un succès phénoménal. Mais on sait que les Français, qui n’ont jamais aimé les chefs-d’œuvre du "musical" américain au moment de leur sortie (peut-être tout simplement à cause des sous-titres à lire), ont commencé à faire un triomphe à certains films musicaux à partir de "West side story", qui en fut le chant du cygne, et ont exulté devant "La fièvre du samedi soir" ou "Flashdance", qui en signaient l’arrêt de mort sur le plan esthétique.<br /> <br /> La faute incombe ici à une musique trop peu entraînante, à l’absence de chansons que l’on a plaisir à fredonner, à la carence de la chorégraphie, au manque de gaieté, d’émotion, et surtout de goût du bonheur, tous ingrédients indispensables dans le genre si l’on songe aux réussites que furent "Chantons sous la pluie", "Un jour à New York" ou "Brigadoon" ? Je ne sais pas : j’attendrai cependant avec impatience le prochain film de Damien Chazelle, en lui souhaitant d’avoir un scénario plus consistant, et de faire appel à des chorégraphes confirmés et inventifs, à des acteurs et chanteurs plus envoûtants et porteurs de la grâce indispensable dans le genre.
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C
J'ai aimé le film parce que justement, ce n'est pas un musical ! Donc tout ton commentaire peut-être retourné comme un gant pour expliquer ce qui m'a plu dans le film : sa non happy end, le manque de charisme de ses acteurs, ses fautes de goût, ses ruptures de ton...