Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

Hit man

A voir sur Mycanal.

Alors que beaucoup de films médiocres sortent en salle, on se demande bien pourquoi le nouveau film de Richard Linklater sort directement sur Canal+.

Hit man est en effet une comédie très agréable, "à l'ancienne" : une intrigue, tirée de faits réels, très amusante (un quidam qui "feint" d'être un tueur pour le compte de la police se trouve embarqué dans une drôle d'histoire), une réalisation racée et nerveuse, des acteurs qui manient à la perfection l'art du travestissement. Tout est intelligent et limpide dans ce film, comme en général dans le cinéma de Linklater. 

Le duo Glen Powell et Adria Arianna est sexy en diable, et l'actrice portoricaine en particulier n'hésite pas à afficher une appétence pour les rapports charnels qui n'est pas si courante dans le cinéma américain. La deuxième partie du film est une romcom sensuelle, dans laquelle chacun des deux protagonistes joue double, élevant en quelque sorte leur relation amoureuse au carré.

Le développement de l'intrigue est original, joyeusement amoral et plein de suspense. Un plaisir simple et l'assurance d'un bon moment.

Richard Linklater sur Christoblog : Before Sunrise - 1995 (****) / Before sunset - 2004 (***) / Before Midnight - 2013 (***) / Boyhood - 2014 (****)

 

2e

Voir les commentaires

Le procès du chien

Ce premier film de Laetitia Dosch est une fantaisie sympathique et légère, originale et parfois intrigante.

Le procès du chien commence comme un autoportrait en creux : du chien, il n'est que superficiellement question, le vrai sujet avec lequel la caméra se régale est l'actrice / réalisatrice elle-même.

On a plaisir à suivre ses déambulations d'avocate spécialiste des causes perdues, à la vie sentimentale brinquebalante. 

Le film se déploie ensuite avec parfois un peu de maladresse dans plusieurs directions : comédie burlesque, réflexion sur la nature animale, et même romcom attendrissante. Tout n'est pas réussi, mais l'impression d'ensemble est celle d'un acte d'auteur qui affirme une voix originale dans le cinéma francophone actuel, qui rappelle un peu dans son style les oeuvres déjantées du trio franco-belge Abel / Gordon / Romy (La fée, Rumba).

On attend le deuxième film avec impatience.

 

2e

Voir les commentaires

Le fil

N'est pas Justine Triet qui veut.

Difficile en effet de ne pas comparer Le fil à Anatomie d'une chute : même sujet (l'accusé a potentiellement assassiné son conjoint), même ambigüité sur ce qui s'est réellement passé, même accent mis sur le rôle des différents protagonistes (et de l'avocat en particulier), même relativité des témoignages et mêmes coups de théâtre.

Dans le film de Daniel Auteuil, tout paraît un ou plusieurs crans en-dessous de la Palme d'or. Les second rôles sont mal dessinés (Sidse Babett Knudsen ne campe pas une compagne très crédible), l'ambiance du tribunal est assez mal rendue, les aléas semblent téléphonés et Le fil est rempli de plans inutiles qui ne servent qu'à meubler (l'avocat marche dans la rue, l'avocat rumine dans son canapé, l'avocat regarde par la fenêtre d'un air pénétré...), alors qu'Anatomie d'une chute brillait par son découpage au cordeau.

Heureusement, le film échappe au naufrage pour deux raisons : l'interprétation de Auteuil et Gadebois est impeccable, et l'aspect documentaire sur le fonctionnement de la justice est d'une grande précision. Deux avocats présents en fin de séance ont d'ailleurs confirmé au public que le tableau dressé par le film était en tout point semblable à leur quotidien.

Il y a toutefois beaucoup mieux à voir dans les salles en ce moment.

 

2e

 

Voir les commentaires

Megalopolis

A quelles conditions aimerez-vous Megalopolis ?

Si vous aimez les films dont rien de dépasse, cohérent de bout en bout, maîtrisé et de bon goût, alors n'allez pas voir le dernier Coppola.

Si au contraire vous aimez être surpris à chaque plan par mille trouvailles visuelles, que vous ne rechignez pas à faire un effort dans les quinze premières minutes du film pour identifier les personnages et les liens qui unissent, et que vous supportez une certaine dose de kitsch romano-futuriste, alors le film est pour vous.

Megalopolis réussit un exploit inhabituel : allier une recherche esthétique de tous les instants (une mise en scène flamboyante, une direction artistique invraisemblable) à des thématiques qui obligent le spectateur à activer ses méninges. On aura en effet rarement brassé autant de thématiques ambitieuses dans un seul film : le sens de la vie, la lutte pour le pouvoir, la frontière entre le bien et le mal, l'épiphanie de la naissance, la nature du temps, la substance de l'amour, l'art du spectacle et du cinéma.

Le film regorge de scènes d'anthologie et de visions qui sidèrent, souvent à la fois vulgaires et poétiques. On pense à Méliès, bien sûr, et d'une certaine façon, c'est toute l'histoire du cinéma qui défile sous nos yeux.

Tout cela n'a aucun sens, ou plutôt à tellement de sens possibles qu'on ne sait plus où donner de la tête, et du regard. Il y a toujours un détail à l'écran qui devient instantanément magique : une mimique d'Adam Driver, le jeu exceptionnel d'un figurant, un gadget futuriste et inutile dans un coin du cadre, une inscription amusante, un effet inattendu, un son étrange. 

On le dit de beaucoup de films, mais je pense qu'ici cela se justifie pleinement : vous adorerez ou vous détesterez ce film, le moyen terme ne semble pas envisageable. J'ai adoré.

Francis Ford Coppola sur Christoblog : Conversation secrète - 1974 (***) / Tetro - 2009 (***) / Twixt - 2012 (*)

 

4e

Voir les commentaires

Festival Le Grand Bivouac à Albertville

Les grands voyageurs et les amoureux du monde se retrouveront à Albertville du 14 au 20 octobre pour une orgie de films, de conférences et de rencontres au salon du livre.

Le Grand Bivouac accueille cette année des invités prestigieux : Pierre Haski, Yann Arthus-Bertrand, Etienne Klein, Sophie Lavaud et bien d'autres.

L'ambiance est festive, multiculturelle et bon enfant au bord de l'Arly : un rendez-vous à ne pas manquer si vous aimez le film documentaire ! 

Ayant eu la chance de participer au Comité de sélection, je peux vous dire que vous serez émerveillés et surpris lors de chacune des quelques 130 projections.

Parmi la pléthorique programmation, je vous conseille tout particulièrement les sept films suivants, qui sont des propositions résolument originales de grands auteurs de cinéma. Mes coups de coeurs.

Smoke sauna sisterhood : Si vous ne deviez voir qu'un film au Grand Bivouac, il faudrait que ce soit celui-là. La réalisatrice Anna Hints filme dans un sauna traditionnel d'Estonie des corps de femmes tout en donnant à entendre leur conversations, qui traitent de tous les sujets importants de l'humanité et de la féminité. Un film très personnel, d'une beauté sidérante. Grand prix du Fipadoc 2024. Lire ma critique détaillée.

Fille de Gengis : Les réalisateurs Kristoffer Jure Poulsen et Christian Als suivent dans ce film la destinée d'une jeune femme mongole complexe, qui évolue au fil des années de la haine à l'amour, d'abord militante dans un mouvement ultra-nationaliste à Oulan-Bator avant de se rapprocher de son fils. On voit dans ce film une Mongolie inédite qui mérite d'être découverte. Le film a été montré dans les plus grands festivals, dont celui de Sundance. 

Le fardeau : Le réalisateur centrafricain Elvis Sabin Ngaibino suit un couple victime du Sida, qui n'ose pas révéler sa maladie dans une communauté traditionnelle très religieuse. Le film peut être par moment très éprouvant (il ne cache rien de la maladie), mais il est aussi souvent d'une beauté à couper le souffle. Un cinéma très "physique", une véritable expérience sensorielle, proche des corps et des âmes.

Norilsk, l'étreinte de glace : Il arrive qu'un film vous fasse découvrir un lieu dont ne vous soupçonnez même pas l'existence. C'est le cas de de cette ville minière du grand nord sibérien. A travers des paysages désolés et des interviews d'habitants, le réalisateur François-Xavier Destors (qui présente au Festival son nouveau film Didy, très beau aussi) nous fait ressentir ce qu'est l'essence d'une humanité échouée sur cette île terrestre. Un choc esthétique.

Les corbeaux sont blancs : Un documentaire peut mettre en scène son auteur, sa vie, et le faire de façon humoristique, comme s'il s'agissait d'une comédie burlesque. Ahsen Nadeem mixe dans ce melting-pot culturel plusieurs religions, plusieurs pays, ses parents musulmans rigoristes, un moine boudhiste de seconde zone, son épouse canadienne Dawn... et bien d'autres choses encore. Frais et réjouissant.

A contre-courant : Une incroyable plongée dans l'Inde contemporaine, qui en explore tous les aspects avec beaucoup de tact, et une habileté dans le montage qui donne au film des airs de fiction. Les images sont souvent d'une beauté sidérante (cadrage, photo) et de ce point le vue, il s'agit peut-être du film le plus maîtrisé de la sélection. Nul doute que le réalisateur Sarvnik Kaur fera parler de lui à l'avenir.

Adieu sauvage : Le réalisateur belge, colombien d'origine, Sergio Guataquira Sarmiento rend visite à une communauté amazonienne. Va-t-il pouvoir s'intégrer et comprendre profondément la vie de cette communauté à laquelle il est apparenté de façon lointaine ? La réponse vous sera donnée à la fin de ce film très auto-centré, amusant, tendre, parfois émouvant et tourné dans un noir et blanc somptueux.

Rendez-vous sur le site du Grand Bivouac pour réserver vos places, et rendez-vous sur place peut-être puisque j'aurai le plaisir d'animer des séances d'Adieu sauvage (le 19 à 10h), de Filles de Genghis (le 19 à 16h30) et du Fardeau (le 20 à 10h).

Voir les commentaires

Les barbares

La bande annonce du nouveau film de Julie Delpy a un grand mérite : en se contentant de montrer quelques images du tout début du film, elle ne dévoile rien de l'intrigue. L'humour qu'elle révèle est par contre lui tout à fait représentatif de l'ensemble du film : chaque personnage sera enfermé dans le carcan d'une caricature pré-définie, dont il ne sortira pas, ou peu.

Les barbares oscille donc constamment entre bien-pensance téléphonée, mièvrerie assumée (oh, les jolis amoureux) et une causticité parfois mordante, mais qu'on aurait aimé plus constante.

Au final, le problème du film est à mon sens qu'il ne semble choisir qu'un seul camp : celui du "tout le monde est finalement gentil", à l'image du happy end idyllique qui semble renvoyer tous les protagonistes au pays des bisounours, Laurent Lafitte compris, encore une fois connard d'exception.

A chaque fois qu'une réplique porte en siphonnant habilement une série de clichés (comme lorsque le garde-champêtre sort un impayable "Vous êtes sûrs que ce ne sont pas des Roms") on souhaiterait que la machine s'emballe encore un peu plus, et que tous les personnages soient poussés dans leur derniers retranchements. Ce n'est malheureusement pas le cas. Le résultat final, s'il le laisse regarder grâce à un certain nombre de qualités de fabrication (écriture solide, finesse d'observation), manque trop de goût pour attirer vraiment l'attention.

Dans un casting qui ne démérite pas, Jean-Charles Clichet m'a tapé dans l'oeil, dans un rôle de maire dépassé, naïf et mielleux : une composition que seul Philippe Katerine aurait pu assumer avec autant de brio.

Julie Delpy sur Christoblog : La comtesse - 2010 (**) / 2 days in New-York - 2012 (**)

 

2e

Voir les commentaires

Ma vie ma gueule

Difficile de voir le dernier film de Sophie Fillières sans penser aux conditions de son tournage. La réalisatrice a en effet déclaré une maladie foudroyante pendant le tournage, puis est décédée soudainement avant d'avoir terminé le montage, repris alors par ses deux enfants, Agathe et Adam Bonitzer.

Le film étant un autoportrait déclaré (Agnès Jaoui porte les vêtements de Sophie Fillières, va voir le vrai psy de Sophie Fillières, etc), l'émotion est d'autant plus présente : on a l'impression étrange de recevoir un message d'outre-tombe, à la fois sépulcral, fantasque et amusant.

Dans cette chronique touchante, on sourit beaucoup, on rit parfois, on est touché par de belles trouvailles de scénario (les cigarettes dans le Scrabble et retrouvées plusieurs décennies après avoir été cachées). Agnès Jaoui propose une partition solide de femme déprimée, perdue, puis décidée à remonter la pente.

Philippe Katerine apparaît dans ce beau film modeste, comme un spectre bienveillant qui aide l'héroïne à traverser les Limbes pour finalement parvenir à une sorte de douce résurrection, dans un paysage écossais magnifique.

Ma vie ma gueule est aussi un film poétique, proposant de nombreuses punchlines efficaces. Le personnage principal dit par exemple à un homme qui l'a connue ado et dont elle ne se souvient plus : "Je te préviens que je ne suis plus la femme que je n'étais pas encore".

A découvrir.

 

2e

Voir les commentaires

Les graines du figuier sauvage

Sensation du dernier Festival de Cannes (beaucoup voyait en lui la Palme d'or), le nouveau film de Mohammad Rasoulof est remarquable.

Comme souvent dans les films iraniens, le scénario est un bijou de thriller psychologique. Nous entrons dans une famille de la classe moyenne : le père est juge (donc proche du régime), les filles sont des jeunes de leur temps, adeptes des réseaux sociaux, et la mère essaye de ménager les bonnes relations entre tous. Les choses se gâtent quand l'arme du juge disparaît mystérieusement, alors qu'une amie de l'ainée des filles est blessée lors d'une manifestation. 

Sur cette base solide, Rasoulof déploie une intrigue qui tient en haleine le spectateur durant toute la durée du film (2h46 tout de même). Les graines du figuier sauvage est donc successivement (et parfois alternativement) un drame social, une chronique familiale, un huis-clos oppressant, un suspens psychologique, un thriller horrifique et un western. 

Il y a quelque chose de réellement fascinant dans le contraste entre l'extrême qualité du film (la direction d'acteurs exceptionnelle, l'écriture imparable, la mise en scène d'une efficacité rare) et les conditions précaires dans lequel il a été tourné : une clandestinité complète, Rasoulof étant lui-même souvent absent du lieu de tournage, et des moyens ridiculement faibles.

On ne peut que frissonner d'admiration devant le talent d'un homme qui parvient à un tel niveau de maîtrise dans l'exercice de son art, alors que sa liberté est menacée par un des pires régimes de la planète.

Le film, qui brille par sa capacité à nous égarer, culmine dans une scène d'anthologie, véritable pivot du film, qui restera longtemps dans le coeur de chacun des spectateurs. Cette scène d'interrogatoire fait basculer les personnages dans une nouvelle histoire, et donne au film une tonalité encore plus grave.

Bien au-delà d'une oeuvre didactique en hommage au mouvement Femme Vie Liberté (ce que le film est tout de même, mais indirectement), Les graines du figuier sauvage est un véritable chef d'oeuvre, déstabilisant et émouvant, qui culmine dans un final d'anthologie.

Un sommet de l'année, sans aucun doute.

Mohammad Rasoulof sur Christoblog : Au revoir - 2011 (***) / Un homme intègre - 2017 (***) / Le diable n'existe pas - 2020 (**)

 

4e

Voir les commentaires

Anzu, chat-fantôme

J'aime beaucoup l'animation japonaise, et je suis toujours plutôt enclin à une opinion a priori favorable quand je vais voir un film de ce type - surtout s'il a été coopté par un grand festival (ici la Quinzaine des réalisateurs).

Anzu commence d'ailleurs plutôt bien : une atmosphère à la Ghibli, une attaque plutôt intrigante (une petite fille qui a perdu sa maman et dont le papa est inconséquent), et un chat patibulaire et pétomane.

Malheureusement, si la frimousse de la petite est ravissante et le caractère de l'animal amusant, tout le reste est un peu poussif, et peine à générer une véritable émotion.

Il m'a semblé que l'animation était un cran en-dessous de ce que propose d'habitude la crème de l'animation nippone, la mise en scène est sans relief et le scénario ne trouve pas la clé pour faire décoller l'histoire.

Lorsque les protagonistes s'aventurent dans le royaume des morts (à la faveur d'une prouesse scatologique, le film semble avoir un tropisme sur ce sujet) le niveau chute à mon sens encore d'un cran : on est alors pas très loin d'une parodie de ce que Ghibli propose de meilleur.

C'est donc une déception, attachante par éclairs.

 

2e

Voir les commentaires

A son image

Quelque chose ne va pas dans ce nouveau film de Thierry de Peretti, le plus corse de nos cinéastes.

Cette longue épopée qui se déroule sur une trentaine d'années essaye d'embrasser plusieurs thématiques, sans en approfondir une seule. Tour à tour destin d'une femme, réflexion sur le métier de photographe (en particulier de guerre), tableau de nationalistes corses filmés dans leur jus sociétal, et chronique historico-politique, A son image rate à peu près tout ce qu'il entreprend.

J'ai été particulièrement gêné par la façon de jouer de l'actrice principale, Claria-Maria Laredo. Je ne crois pas un instant à son talent de photographe : elle manipule maladroitement ses appareils, utilise toujours les mêmes mimiques avant d'appuyer sur le déclencheur, se positionne très mal pour cadrer. Je trouve incroyable qu'aucun conseiller technique ne l'ait aidé à appréhender le métier de photographe. On est ici à mille lieues du réalisme sec et enthousiasmant du magnifique Sympathie pour le diable, pour ne citer qu'un seul film sur le thème du photographe de guerre.

Les scènes de conflits sont de la même façon très peu crédibles (Alexis Menenti en soldat serbe ou croate ?!). Les dialogues m'ont semblé très artificiels, et j'ai capté plusieurs regards caméra involontaires : le film donne constamment l'impression d'un travail bâclé, d'un niveau incroyablement bas, proche de l'amateurisme.

Chaque personnage semble remplir "une case", sans incarnation ni chair. On ne perçoit jamais la nature de l'engagement des uns et des autres et j'ai désespérément cherché où souhaitait aller le film, au fil d'un nombre incalculable de scènes inutiles ou factices.

Une catastrophe scénaristique, que la piteuse mise en scène ne permet pas de sauver.

Thierry de Peretti sur Christoblog : Les Apaches - 2013 (**) / Enquête sur un scandale d'état - 2020 (**)

 

1e

Voir les commentaires

La prisonnière de Bordeaux

Le nouveau film de Patricia Mazuy commence plutôt bien. On est à la fois intrigué et charmé par la rencontre entre la bourgeoise Huppert et la prolo Herzi (je caricature à dessein, car le film, d'une certaine façon, le fait aussi).

Malheureusement, le charme n'opère que quelques minutes. La mise en scène lourdingue, le scénario écrit avec des moufles (François Bégaudeau fort peu inspiré sur ce coup), l'invraisemblance des situations (la scène de cambriolage est l'une des plus ridicules vues depuis longtemps), le manque de connivence entre les deux actrices, l'accumulation de clichés et de caricatures, le manque de relief des personnages secondaires, rendent assez rapidement le film insupportable.

D'une comédie légère est pétillante, Patricia Mazuy passe à un thriller social auquel on ne croît pas : c'est un échec complet.

 

1e

Voir les commentaires

La nuit se traîne

Voici en provenance de Belgique un thriller admirablement bien conçu et réalisé.

Au niveau de l'histoire, rien de bien original. Un jeune serrurier se trouve malgré lui impliqué dans une affaire de grand banditisme, et va vivre une nuit infernale pleine de rebondissements.

Nous sommes donc dans un trip qui ne peut fonctionner que par empilement de scènes d'action / suspense spectaculaires, agrémentées de rares moments de répit durant lesquels se nouent de nouveaux liens narratifs qui vont enflammer l'écran quelques images plus tard. On pense un peu au Scorsese de After hours, ou aux frères Safdie de l'incroyable Good time, l'ambition cinématographique en moins.

Le propos reste ici en effet assez modeste, le film manipulant un certain nombre de clichés et de situations caricaturales. Malgré cela, on se laisse tout de même happer par l'aventure de ce beau personnage joué par le formidable Jonathan Feltre, parfaitement martyrisé par un Romain Duris des grands jours, meilleur méchant vu depuis longtemps au cinéma.

Une réussite mineure, mais très agréable, menée tambour battant.

 

2e

Voir les commentaires

Septembre sans attendre

Le cinéma de Jonas Trueba est un cinéma évanescent, qui brille par sa délicatesse et sa façon de survoler les sujets d'une façon tendre et atmosphérique. Le résultat est parfois anecdotique (Venez voir), mais peut aussi diffuser une belle mélancolie, comme c'était le cas dans l'estival Eva en août.

Dans ce nouvel opus, Trueba nous présente tout d'abord un couple qui se défait, et forme la curieuse et plaisante idée d'organiser une fête de rupture. Le principe est amusant, et les deux acteurs fétiches de Trueba (Itsaso Arana et Vito Sanz) livrent la partition amusante de deux égos qui semblent feindre le détachement distancié.

Le début du film est donc agréable, mais n'évite pas un certain nombre de scènes qui paraissent être autant de redites d'une même situation. Jusqu'au moment où Trueba met en scène une astuce narrative totalement gratuite (pour meubler son film, peut-être) : on voit l'actrice principale travailler au montage du film qu'on est en train de regarder.

Ce faisant, le réalisateur espagnol transforme son film, intriguant et elliptique, en une machine lourdingue, typique d'un certain cinéma d'auteur intellectualisant. Il cherche à briller plutôt qu'à faire ressentir.

Mon intérêt est alors tombé à un niveau proche de zéro. Trueba n'est en effet pas doué pour manier le second degré, et son idée "méta" tombe totalement à plat : elle a pour effet de faire sortir totalement le spectateur du film, qui n'apparaît plus alors que comme un pensum maniéré.

Jonas Trueba sur Christoblog :  Eva en août - 2020 (***) / Venez voir - 2023 (**)

 

1e

Voir les commentaires