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Christoblog

Whiplash

Dans Whiplash, le héros est un salaud. C'est sûrement l'aspect le plus éblouissant de ce film par ailleurs fort aimable. 

Les poncifs ne manquent pas pour évoquer la fougue énergisante qui traverse le film de part en part : plaisir (mais ouch, quelle exigence ma bonne dame), récit initiatique de passage à l'âge adulte en mode Full Metal Baguette, thriller au rythme haletant. Mais Damien Chazelle parvient à nous faire rire des blagues sexistes et homophobes du sergent instructeur, c'est son véritable talent.

Le film se brise en son milieu, rebondissant comme ces balles hyper réactives dont on ne sait où elles vont finir.

Qui gagne ? Qui perd ? Dans ces rebondissements et retournements superbement rythmés, Damien Chazelle nous embrouille avec délice. On jouit de l'emberlificotage du scénario, et de la sobre efficacité de la mise en scène (cf la scène du camion par exemple).

Tonique, jouissif, énergique : un Grand prix à Sundance qui sort de l'ordinaire et une belle découverte (encore !) de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes 2014.

 

4e

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M
Tout à fait d'accord avec l'ambiguïté salutaire. Moi aussi j'ai adoré le film, sa tension et les quetions qu'il soulève.
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B
Beaucoup de sensations en effet à la vision de ce film &quot;coup de fouet&quot; percutant, efficace, impitoyable, littéralement saignant, néanmoins un brin répétitif. Personnellement, j'ai trouvé éprouvant le sadisme du prof (son langage ordurier à jet continu est-il vraiment jouissif sinon vraisemblable ?) et bien lente la rébellion du gamin subjugué par son bourreau. Alors, &quot;envie de rire&quot; ? Pas vraiment. Quelque chose m'a gêné dans ce &quot;duo-duel &quot; impitoyable mais ambigu voire complaisant. Car malgré le tonitruant happy-end, la morale pour moi est claire même si la réalisateur s'en fout comme de sa dernière triple croche : toute passion excessive (artistique ou amoureuse) est dangereuse et aliénante. Et toute pédagogie basée sur l'humiliation est indéfendable. Point. Car à mon avis, la Musique - la vraie - ne mérite ni la persécution par l'un ni l'asservissement de l'autre et ce Terence Fletcher est un pervers mégalo qui s'en sort trop bien en utilisant la percussion à SA gloire et pour SA revanche. Entre nous, peut-on pousser quelqu'un vers l'excellence à tout prix... à n'importe quel prix ? Jusqu'au vertige du suicide... Faire d'un instrument de musique une arme de guerre - comme l'a voulu le réalisateur -, c'est davantage idéologique qu'artistique, quand bien même il serait moralement légitime (?) de forcer un jeune ambitieux à devenir LE nouveau Charlie Parker !<br /> <br /> Mais bon, soit, ok, si on ne se pose pas ce genre de questions, si on n'est pas gêné pas le sadomasochisme ambiant ou l'homophobie prétendument rigolote, ou encore par le fiasco d'un Amour ingénu sacrifié cyniquement à la grande cause du Jazz...on peut passer ici un moment assez jouissif, rythmiquement parlant s'entend. Et de toutes façons, on s'emmerde moins qu'à un concert de flûte à bec...
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C
Merci pour ce commentaire sympa. Il est parfois difficile d'aller contre le courant dominant...
C
Merci pour ce commentaire sympa !
P
si réconfortant de retourner sur ce blog et lire quelques bonnes vraies réserves enfin sur ce film. Je me fais attaquer lourdement sur Allociné pour avoir exprimé les mêmes (mais moins bien sans doute). Il faut vraiment soutenir la variété de blogs et revues de ciné sinon on va vers le tous d'accord et surtout le tout publicitaire.<br /> <br /> Sous prétexte d'éblouissement visuel et artistique, il faut faire attention aux conséquences (parfois) mortelles de dire que les méthodes de Fletcher marchent, que beaucoup sont passés pas là (faux et certainement pas Charlie Parker) et surtout que c'est pas gênant de choisir de montrer sans condamner que Fletcher reste totalement libre de continuer, de former un autre groupe, libre de tenter une vengeance sur sa victime etc.<br /> Et pas de condamnation claire de ce choix au risque de faires des émules. Ne serait-ce même qu'une! ce serait une de trop.<br /> Vraiment trop ambiguë.<br /> Merci<br /> Pierre
C
Ton commentaire reflète bien à mon avis l'ambiguité (salutaire, car tant sont lisses) du film. De musique il n'est pas question ici, plutôt de troubles obsessionnels compulsifs et d'estime de soi bafouée. En tout cas, un souffle d'air frais...