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Christoblog

Sons

Le premier film de Gustav Möller, The guilty, plébiscité par la critique et le public, était un film habile, basé sur une seule idée.

On retrouve dans ce second film le même type d'obsession, consistant à mener une trame narrative simple en en explorant toutes ses conséquences.

Le problème de cette méthode est de lasser le spectateur : on voit trop bien où veut en arriver le réalisateur, en accumulant les effets redondants.

Comme ici le propos est de nature cruelle, le résultat évoque une expérience d'entomologiste sadique. Un peu comme du Haneke en mode automatique, ou du Michel Franco sans imagination.

Sidse Babett Knudsen tente de s'en sortir comme elle peut, c'est à dire en prenant des poses exprimant la plus grande variété possible d'émotions, sur un spectre très étroit allant de la contrariété maladive à l'obsession souffreteuse. 

Vous l'avez compris, je n'ai pas aimé me sentir prisonnier de ce huis clos programmé, dont le rebondissement central m'a paru à la fois invraisemblable et peu productif en terme de nouveaux développements. J'aurais d'une certaine façon préféré que le parti-pris sadique de la première partie soit poussé le plus loin possible : cela aurait au moins donné du grain à moudre d'ordre moral.

Gustav Möller pratique ce que j'appelle un cinéma de petit malin : au mieux efficacement prenant, au pire programmatiquement malaisant.

Gustav Möller sur Christoblog : The guilty - 2018 (**)

 

1e

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Moi, moche et méchant 4

Le nouvel opus de la plus française des franchises US est assez réussi.

Contrairement à certains dessins animés (comme les Pixar en règle générale), la série Moi, moche et méchant n'inclut pas de second degré qui permettrait aux adultes de voir un autre film que les bambins. Ici, tout est à regarder avec des yeux d'enfant, et la qualité du film ne peut donc être jugée qu'à travers ses qualités intrinsèques de vivacité et d'humour .

Le résultat est à mon sens plutôt plaisant. Si le scénario ne brille pas par son originalité (le méchant est un peu faible), on est plutôt séduit par les couleurs pop des décors, la maestria des scènes d'action (je pense par exemple à l'attaque de l'animal furieux lors du hold-up) et surtout par chacune des apparitions des minions.

Les créatures du génial Français Eric Guillon font mouche à coup sûr : leur stupidité atavique est jouissive, leur galimatias esperantesque souvent très drôle et leur hyper-activité maladive une véritable dinguerie qui nous laisse abasourdi. On adore les minions.

Un film d'animation modeste mais rudement efficace, qui devrait ravir petits et grands.

 

2e

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Only the river flows

Dans le paysage du cinéma chinois contemporain, le polar se taille une belle place, symbolisée par la réussite du cinéaste Diao Yinan (Le lac aux oies sauvages).

Ajoutant sa pierre à ce mouvement, Shujun Wei nous offre ici une version noire et parfois lynchienne de la traditionnelle traque du tueur en série.

Si le début du film brille par sa maîtrise et sa noirceur poisseuse, on est ensuite assez rapidement perdu dans un labyrinthe mental dont on ne comprendra que tardivement qu'il reflète (au moins en partie) les hallucinations de son personnage principal, à l'évidence souffrant de troubles psychologiques.

Je trouve que cette option nuit un peu au plaisir que l'on éprouve à suivre une enquête qui s'annonçait passionnante, mais il faut reconnaître qu'elle donne à Only the river flows une aura particulière, qui flirte avec le fantastique.

Un polar d'une rare sophistication, réservé aux aventuriers de l'esprit.

 

2e

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The bikeriders

D'un livre de photographie de Danny Lion qui le fascina enfant, le cinéaste américain tire une oeuvre académique, qui séduit plus par la qualité de ses portraits que par sa narration.

On suit sans déplaisir l'histoire de ce groupe de motards, des origines à sa profonde transformation, à travers le destin de trois personnages principaux.

Austin Butler campe un beau gosse ténébreux avec une gueule à la James Dean convaincante, alors que Jodie Comer joue sa femme sans grande conviction. C'est Tom Hardy, dans un beau rôle de méchant boss malgré lui (façon Tony Soprano), qui emporte le morceau dans un casting assez plan-plan.

Pour le reste, l'évolution narrative est prévisible, les relations entre les personnages assez téléphonées, et la mise en scène à la fois convenue et efficace. La trame temporelle est inutilement compliquée par une série d'allers-retours sans grand intérêt. 

Le film vaut principalement par son aspect sociologique : le milieu des motards de cette époque est bien reconstitué, et l'étonnant mélange de règles inutiles et d'esprit libertaire produit parfois de beaux moments de tension dramatique.

A noter que Michael Shannon, qui joue un petit rôle, signe ici sa sixième collaboration avec Jeff Nichols en six films : un bel exemple de fidélité.

Une oeuvre appliquée, intéressante à défaut d'être passionnante.

Jeff Nichols sur Christoblog : Take shelter - 2011 (**) / Mud - 2012 (**) / Midnight special - 2016 (*) / Loving - 2017 (**)

 

2e

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Les fantômes

Le premier film de Jonathan Millet est d'une grande maîtrise formelle.

Il suit le parcours de Hamid, chasseur clandestin de criminel de guerre, qui pense avoir retrouvé à Strasbourg son tortionnaire.

Curieusement, le film est qualifié un peu partout de "film d'espionnage" alors qu'on ne suit aucun espion et que les Etats sont totalement absent de l'intrigue. Il s'agit ici d'une histoire très personnelle liée aux horreurs commises en Syrie, qui traite à la fois du souvenir, de la vengeance, du pardon, de l'exil, du deuil et de la justice.

Si le film est parfois un peu lent et un poil scolaire, ils propose aussi des moments d'exception (le repas dans le restaurant bondé), une intrigue puissante et un travail sur le son absolument bluffant, comme on en a rarement vu. Les deux acteurs principaux, Adam Bessa et Tawfeek Barhom, dégagent un magnétisme saisissant. La mise en scène, qui mêle avec bonheur plans larges et caméra très proche des visages, est d'une grande beauté.

A voir absolument.

 

3e

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Le comte de Monte-Cristo

On pourrait citer beaucoup de qualités à propos de ce blockbuster français : l'intelligence de l'écriture qui respecte le génie feuilletonnant du roman, la musique de Jérôme Rebotier, le casting impressionnant.

Mais ce qui est pour moi la caractéristique principale du film, et sa spécificité, c'est la modeste efficacité avec laquelle il a été conçu et réalisé. Ici, pas d'effet numérique ostentatoire, pas de scènes d'action inutiles, pas de modernisation accessoire dans le scénario : tout ce qui est montré est utile, tout ce qui est filmé fait avancer l'intrigue.

A l'image de cette sobriété bienvenue, la composition de Pierre Niney m'a paru saisissante. L'acteur auquel on peut souvent reprocher un gentil (mais parfois envahissant) cabotinage est ici parfait. Joyeux sans excès dans la première partie, puis intelligemment sombre dans la seconde, sans jamais se départir de cette assurance dans la vengeance qui semble alors lui tenir lieu de personnalité. Il illustre merveilleusement l'idée de génie de Dumas : faire d'un gentil congénital un méchant obstiné.

Toute cette affaire est mené tambour battant jusqu'à un combat final qui résume les qualités du film : sans esbroufe, raisonnablement cruel, sous un ciel nuageux et peu flatteur.

Si le casting est absolument parfait (et je pèse mes mots, tout le monde est proche de ce qu'il peut faire de mieux), j'aimerais distinguer Anaïs Demoustier, qui campe une Mercedes d'exception, et dont la moindre des expressions fait véritablement vibrer l'écran. 

Du beau cinéma grand public, à la française.

Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière sur Christoblog : Le prénom - 2012 (***)

 

3e

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Juliette au printemps

Blandine Lenoir nous offre ici une comédie sur la famille qui réussit à la fois à faire beaucoup rire et à émouvoir.

Elle s'appuie pour cela sur un casting haut de gamme. Izia Higelin rayonne d'une noire lumière, Jean Pierre Darroussin est désarmant d'amère bonhomie, Sophie Guillemin explose dans un rôle de sensuelle mère de famille éprise de liberté, et tout le reste du casting est absolument parfait (Noémie Lovsky, Eric Caravaca, Liliane Rovère...).

Juliette au printemps parvient à nous offrir des moments de réel burlesque (le chat maladroit, l'amant costumé) comme des moments d'émotion qui nous arrachent des larmes (la photo offerte à la fin du film).

L'attention est constamment entretenue par une intrigue liée au passé, qui se révèle petit à petit, et s'avère à la fois assez classique et émouvante. Le montage alerte et la mise en scène délicate contribuent à rendre le film aimable.

Une vraie réussite, encore plus agréable qu'un bon Podalydès.

Blandine Lenoir sur Christoblog : Annie Colère - 2022 (***)

 

3e

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