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Articles avec #arras film festival

Gazette du Arras Film Festival 2021

11 novembre

Première journée très cannoise à Arras cette année. Je commence côté Quinzaine des réalisateurs avec Ali & Ava (5/5), de Clio Barnard, dont j'avais adoré le premier film, Le géant égoïste. J'ai également beaucoup aimé celui-ci. Une sorte de Ken Loach en mode feelgood movie, extrêmement sensible et d'une belle densité. Le festival commence très bien.

Je continue avec Où est Anne Franck ! (3/5) d'Ari Folman, qui était lui présenté en sélection officielle en juillet sur la Croisette. Ari Folman rend bien hommage à l'incroyable vivacité intellectuelle d'Anne Franck, et le film est vraiment appréciable quand l'imagination visuelle du cinéaste israélien entre en résonance avec celle d'Anne Franck. La partie du film qui se déroule dans le monde d'aujourd'hui est plus faible, et le parallèle entre nazisme et traitement des migrants est pour le moins discutable. A conseiller tout de même pour les enfants et les ados. 

Enfin, Piccolo Corpo (4/5) avait été choisi par Charles Tesson pour la Semaine de la Critique. Ce premier film de Laura Samani est d'une beauté formelle remarquable. L'actrice principale, Celeste Cescutti, formidable dans le film, est présente dans la salle et nous parle de sa région natale, le Frioul, magnifiquement filmée dans ce très beau film. Un très beau moment dans la salle 2 du Casino.

Du fait de la présence de Claude Lelouch à Arras, je tente en soirée Salaud, on t'aime (3/5), qui date de 2014. C'est du Lelouch tout craché, incroyablement mauvais si on s'en tient à des critères objectifs. Mais finalement, je me suis laissé mener par le bout du nez, captivé par les yeux bleus de Johnny et le sourire éclatant de Sandrine Bonnaire.

 

12 novembre

La journée commence avec la compétition. Vera dreams of the sea (3/5) confirme, après la présentation à Cannes de La colline où rugissent les lionnes (de Luana Bajrami), l'émergence du Kosovo sur la carte du cinéma mondial. La première fiction de Kaltrina Krasniqi est très solide, sérieuse et convaincante. Le film dresse un joli portrait de femme et un tableau peu amène de la société kosovare contemporaine (corruption, mafia et violence au menu).

Toujours en compétition, Miracle (2/5) du roumain Bogdan George Apetri est un film exigeant, basé sur une construction intellectuelle alambiquée, à la mise en scène superbe, qui rappelle celle de Cristian Mungiu à son meilleur niveau. Le film a été présenté et primé dans de nombreux festivals (Venise, Zurich, Varsovie). Le propos est complexe et mérite une mise en perspective. J'y reviendrai dans un article dédié car le film m'inspire des sentiments contradictoires.

Dans la section Visions de l'Est, My thoughts are silent (2/5) est un film ukrainien que l'on doit à un tout jeune réalisateur de 27 ans, Antonio Lukich. Il s'agit d'un road trip loufoque et pince-sans rire, servi par un acteur dégingandé de plus de deux mètres, qui rappelle parfois le cinéma de Kaurismaki : c'est plaisant mais cela manque de consistance pour vraiment entraîner l'adhésion. Il est toutefois probable qu'on croise dans l'avenir le trublion Lukich dans de grands festivals, tant son cinéma détonne dans le paysage cinématographique de la région.

Pour finir cette journée très Europe de l'Est, Inventory (2/5), du slovène Darko Sinko, part d'une idée hitchcockienne intéressante : un quidam se voit visé par deux tirs nocturnes dans son appartement. Qui peut en vouloir à sa vie ? Malheureusement le film ne semble pas quoi faire de cette idée séduisante et devient progressivement insipide.

13 novembre

Coup de tonnerre en compétition ce matin avec l'excellent The blind man who did not want to see Titanic (5/5) du prolifique mais méconnu réalisateur finlandais Teemu Nikki. Ce film magnifique est un tour de force. Il suit un aveugle handicapé (l'acteur est réellement malade et atteint de sclérose en plaque) en se fixant à son visage et son corps, de telle façon qu'on vit littéralement sa cécité à l'écran, ne voyant jamais l'arrière-plan que de façon très floue. Le film est un ascenseur émotionnel incroyable, qui nous fait pleurer, rire, sourire et frémir. La révélation du festival.

En début d'après-midi, la pétulante Laure Calamy et la réalisatrice Cécile Ducrocq sont présentes pour la présentation d'Une femme du monde (3/5), dans lequel l'actrice césarisée met toute son énergie. Un joli premier film et un beau portrait de femme qui donne corps à une prostitution du quotidien. Retour à la compétition avec le film suisse de Fred Baillif, La Mif (4/5), fiction tournée avec des acteurs non professionnels évoluant dans leur milieu naturel (ici un centre pour jeunes délinquantes), sur le modèle d'Entre les murs. C'est très réussi. 

La soirée s'achève paisiblement avec un fiction danoise inoffensive, Erna at war (3/5), qui se laisse regarder : l'histoire raconte comment une mère se retrouve à faire semblant d'être un homme pendant la première guerre mondiale, pour surveiller son fils. Plaisant sans être renversant, avec une dernière partie un peu trop lourde à mon goût.

 

14 novembre

Quatrième et dernière journée dans cette belle ville d'Arras. Kadir (3/5), du turc Selman Nacar est un film méticuleux et précis comme un Farhadi, qui décrit la descente aux enfers d'un jeune homme de bonne famille, suite à un accident survenu dans l'usine de son père. Le contraste entre l'assurance apparente du personnage principal et la façon dont les événements vont le broyer est saisissant.

Le nouveau film de Bouli Lanners, Nobody has to know (3/5), est une belle histoire d'amour qui vaut principalement pour les merveilleux paysages des Hébrides, au nord de l'Ecosse, et par la prestation des deux comédiens principaux, Bouli Lanners lui-même et la magnétique Michelle Fairlay (la Catelyn Stark de Games of trones). 

Quinzième et dernier film de mon séjour, L'équipier (4/5) de l'irlandais Kieron J. Walsh est une plongée impressionnante dans le monde du dopage (et plus globalement du cyclisme) à travers le prisme du passage en Irlande du Tour de France en 1998. C'est efficace, rythmé en diable et saisissant de vérité.

Encore une formidable édition de l'Arras film festival, en espérant revenir l'année prochaine !

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Gazette du Arras Film Festival 2019

9 novembre

L'Arras Film Festival commence cette année sous le soleil, par le premier long-métrage de Filippo Meneghetti : Deux (2/5). Le pitch est plutôt intéressant. Deux lesbiennes âgées qui n'ont pas fait leur coming out sont victimes d'un terrible accident de la vie : l'une d'entre elles est victime d'un AVC qui la prive de parole, et sa compagne est rejetée par les enfants de la première. Malgré une interprétation très solide de Barbara Sukowa, le film pêche par sa mise en scène appuyée et la faiblesse des seconds rôles.

Le deuxième film de la matinée est plus intéressant. Noura rêve (3/5) de la tunisienne Hinde Boujemaa rappelle la force du récent film algérien Papicha avec lequel il partage de nombreux points communs : une femme réalisatrice, une mise en scène crue et efficace, des femmes de caractère, le poids de la fatalité et un tableau sans fard de la société maghrébine contemporaine. Les acteurs sont très convaincants et le film est puissant, même s'il n'a pas l'amplitude de Papicha. Le film sort la semaine prochaine.  

On continue avec le cinéma tunisien contemporain avec le très bon Un fils (4/5) de Mehdi M. Barsaoui, convaincante histoire de couple mâtinée de thriller, réalisé efficacement de façon réaliste, "à l'américaine". L'acteur Sami Bouajila est très bon, et a obtenu un prix d'interprétation à Venise. A ne pas rater à sa sortie en mars 2020. 

Pour finir cette riche journée, rien de tel qu'une comédie romantique décalée entre une jeune paumée finlandaise bien barrée et un sage immigré iranien. Aurora (3/5), premier film de la jeune réalisatrice Miia Tervo remplit très bien un cahier charge relativement peu audacieux mais très plaisant, le tout baignant dans cette ambiance finlandaise si spéciale, assemblage d'alcool, de second degré, d'excentricité absolue et de rapports humains on ne peut plus directs.

 

10 novembre

Avant d'aller voir en soirée Hors normes à Lille qui partage beaucoup de sujets avec lui, j'ai découvert la pépite allemande Benni (5/5) à Arras. Le film de la réalisatrice Nora Fingscheidt propose le portrait d'une enfant de 9 ans hyper-active, instable et très violente, dont aucune institution ne veut. C'est un sujet qui a déjà été traité souvent au cinéma ces dernières années (La tête haute, Mommy...), mais il revêt ici une intensité particulière, de par l'interprétation incroyable de la jeune Helena Zengel (photo ci-contre). Il dresse également un tableau subtil et nuancé du travail des différents accompagnateurs.

Le film, déjà bardé de prix et de reconnaissance (pris Alfred Bauer à Berlin, représentant de l'Allemagne aux Oscars, finaliste de l'European film award), sortira au printemps en France. Il ne faudra pas le rater.

 

11 novembre

Le film serbe Stitches (2/5) traite de façon académique un sujet passionnant : le vol d'enfants nouveaux-nés à Belgrade dans les années 90. Le jeu mutique de l'actrice Snezana Bogdanovic et les parti-pris austères du scénario n'aident pas à adhérer au projet. Pas évident que le film soit distribué en France.

 

12 novembre

Le Festival se termine pour moi cette année aujourd'hui avec la projection de Seules les bêtes (3/5) de Dominik Moll. On retrouve le style du réalisateur, qui mêle film de genre, études psychologiques et ambiances à la limite du fantastique. La direction artistique, le jeu des acteurs, la mise en scène limpide, les beaux décors offerts par la Lozère : le film présente beaucoup de qualités.

Mon esprit rationnel peine cependant à adhérer à un scénario qui multiplie les coïncidences invraisemblables.  La mécanique du film, un classique et maîtrisé effet Rashomon (les mêmes scènes sont vues de multiples fois à travers le regard des différents personnages), est bien huilée. Le film sort le 4 décembre.

 

A l'année prochaine, pour de nouvelles aventures au Arras Film Festival.

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Gazette du Arras Film Festival 2018

6 novembre

Ayant raté le week-end inaugural pour cause de vacances à Cracovie, mon Festival n'a commencé que hier soir, avec un premier film de la jeune réalisatrice Elise Otzenberger, Lune de miel ... à Zgierz (1/5), qui se déroule en partie à ... Cracovie ! 

Outre son nom un peu ridicule, mais qui peut encore changer avant sa sortie en mai 2019, le film présente beaucoup de défauts : une écriture un peu lâche, une réalisation approximative et une direction d'acteurs peu convaincante. Malgré beaucoup de bonnes intentions et Judith Chemla en actrice principale, cette quête des origines d'un jeune couple juif parisien en Pologne ne parvient pas à émouvoir. Ni à faire rire, malgré ses louables tentatives. Dommage.

7 novembre

Au bout des doigts (3/5), de Ludovic Bernard, est un très honnête film pour dimanche soir en famille, qui raconte comment un jeune de banlieue s'élève par la pratique du piano. C'est volontairement assez naïf, mais comme les acteurs sont globalement au niveau (Lambert Wilson, Kristin Scott Thomas comme d'habitude parfaite, le jeune Samuel Benchetrit) on ne s'ennuie pas, et on est même franchement ému. Une sorte de Whiplash de la musique classique, aux allures de conte de fée. La musique est formidable.

8 novembre

Déçu par la projection du deuxième film de Laszlo Nemes, Sunset (2/5), dont j'avais adoré Le fils de Saul. Tous les effets de style que le réalisateur hongrois utilisait dans son film premier film (profondeur de champ très faible, caméra collée au visage et à la nuque de son personnage principal, bande-son extrêmement travaillée) semble ici se retourner contre l'histoire au lieu de la servir. Les 2h28 du film racontent péniblement quelque chose de très obscur et d'inintéressant, que je ne suis pas certain d'avoir vraiment compris. Le film, malgré ses qualités artistiques indéniables, génère un grand ennui.

Le principal intérêt de la soirée, c'était l'introduction de Michel Ciment. Le directeur du Festival a par ailleurs précisé que Nemes avait donné l'avant-première française du film à Arras parce Ciment présentait le film !

10 novembre

Le nouveau Olivier Assayas, Doubles vies (1/5), pourtant présenté à Venise, est très mauvais. Le film entremêle des histoires de tromperies très banales et peu captivantes avec une réflexion très didactique (et déjà datée) sur la révolution numérique. C'est pauvre en cinéma à tous points de vue.

La soirée est autrement plus convaincante. Les bonnes intentions (4/5), de Gilles Legrand est une comédie extrêmement bien écrite et magistralement interprétée par Agnès Jaoui. C'est très drôle (avec un Alban Ivanov irrésistible) et en même temps émouvant. Le scénario n'hésite pas avec flirter avec le politiquement incorrect et le résultat est jouissif. En concurrence avec Le grand bain pour le titre de meilleure comédie française de l'année. A ne pas rater, à partir du 21 novembre.

11 novembre

Très belle dernière matinée à Arras. Duelles (4/5) du belge Olivier Masset-Depasse est un film noir de la meilleure espèce, placé sous le signe d'Alfred Hitchckock. La reconstitution des années 50 est sublime, la réalisation convaincante et le jeu des deux actrices parfaites. Le film est en compétition à Arras, mais il a déjà été présenté avec succès dans de nombreux festivals, dont Toronto. 

Funan (4/5), de Denis Do, est un film d'animation qui a remporté le Grand Prix du Festival d'Annecy. Il raconte avec beaucoup de tact et de douceur les horreurs commises par les khmers rouges, à travers l'histoire d'une femme séparée de son petit garçon de quatre ans. C'est à la fois très beau, captivant, glaçant et instructif.

A l'année prochaine !

 

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Gazette du Arras Film Festival 2017

4 novembre

Indivisibili (2/5) de Edoardo De Angelis, a été un gros succès en Italie, où il a remporté 6 Donatello (l'équivalent de nos Césars). L'image est jolie, le pitch intéressant (deux siamoises exploitées par leur père découvrent qu'elles peuvent être séparées), mais le film ne va au bout de ses promesses, malgré de beaux moments et des actrices formidables.

Centaure (3/5) est un film kirghize, présenté à la section Panorama à Berlin. J'ai trouvé qu'il était très plaisant à regarder, certes dépaysant mais aussi très bien réalisé. Il s'agit d'une jolie fable porteuse à la fois d'une grande poésie et d'agréables traits d'humour.

5 novembre

Si tu voyais son coeur (3/5), premier film de la jeune réalisatrice Joan Chemla, est une réussite, même s'il n'est pas parfait. Un univers très personnel et un casting de rêve (Gael Garcia Bernal, Marine Vacth, Nahuel Perez Biscayart, Karim Leklou) pour une oeuvre inclassable. Je reviendrai longuement sur ce film au moment de sa sortie, le 10 janvier.  

The king's choice (4/5), est très intéressant, mais il ne connaîtra malheureusement pas de sortie cinéma en France. Blockbuster dans son pays qu'il représente par ailleurs aux Oscars, ce film norvégien est d'une facture extrêmement classique, mais il est prenant de bout en bout. Il raconte les quelques jours de l'invasion allemande de la Norvège en 1940 en se concentrant sur l'attitude du roi de Norvège. C'est admirablement construit, joué et filmé. Un régal.

La soirée est norvégienne puisque nous enchaînons avec Thelma (1/5), le nouvel opus de Joachim Trier dont j'avais adoré le deuxième film, Oslo, 31 août. Hélas celui-ci est raté : lourdingue, mal écrit, prévisible, trop long et platement réalisé. Le film sort bientôt (le 22 novembre) est je vais tristement devoir dire tout le mal que j'en pense à ce moment-là.

11 novembre

Mariana (3/5), de la réalisatrice franco-chilienne Marcela Said, qu'on dit surdouée, est effectivement un beau morceau de cinéma - et un beau portrait de femme. On ne voit pas vraiment ce vers quoi le film veut aller, mais sa réalisation épurée et parfois troublante laisse augurer d'une belle carrière pour la réalisatrice.

Le nouveau film de Xavier Beauvois, Les gardiennes (5/5) m'enthousiasme. Je suis au bord des larmes pendant une bonne partie du film, à la fois frappé par sa perfection formelle, son faux classicisme et la performance des actrices. Le film sort le 6 décembre, j'aurai l'occasion de le critiquer à ce moment-là.

Pour clôturer cette année, un petit film sympa, mais pas vraiment réussi : Gaspard va au mariage (2/5), de Antony Cordier. Cela se passe dans un zoo, avec un casting plaisant (Laetitia Dosch, Félix Moati, Marina Fois, Johan Heldenbergh, Guillaume Gouix), mais pour une raison qu'il faudra que j'explicite ultérieurement, cela ne fonctionne pas.

A l'année prochaine, Arras !

 

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Gazette du festival du film d'Arras 2016

13 novembre

Dernière journée à Arras. Le dimanche est pluvieux mais il commence par deux très bons films. Le voyage au Groenland (5/5) de Sébastien Betbeder est une comédie parfaite, qui concrétise toutes les qualités qu'on devinait dans les films précédents du réalisateur (notamment 2 automnes 3 hivers). C'est drôle, tendre et grave à la fois.

Dans la foulée, Noces (5/5), du belge Stephan Strecker est un drame remarquable, d'une densité dramatique exceptionnelle, qui traite des mariages arrangés dans la communauté pakistanaise de Belgique. Le film évite tous les clichés et dresse le tableau touchant d'une jeune femme moderne qui cherche la liberté. Un personnage qui entre bizarrement en résonance avec l'héroïne de La raggazza del mondo, vu en début de festival.

J'attendais beaucoup ensuite du Neruda (4/5), de Pablo Larrain. Le film est d'une ambition folle, il fait parfois preuve d'une maestria étourdissante, mais il perdra une grande partie de ses spectateurs en route.

La cérémonie de clôture est comme toujours très sympathique, et se termine par un très mauvais film, Un jour mon prince (1/5), de Flavia Coste, dont la vision n'est supportable qu'à la fin d'une journée éprouvante comme celle-ci. Ce n'est pas très grave et ça n'entache pas les excellents moments passé un fois de plus au Cinémovida et au Casino. 

A l'année prochaine.

 

12 novembre

Paula Modershon-Becker est décidément à la mode. Après le livre que lui a consacré Marie Darrieussecq (Etre ici est une splendeur) et la rétrospective au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, voici donc le film Paula (3/5), de l'allemand Christian Schwochow. 

Le film est d'une facture très académique, mais il présente l'avantage de montrer le travail d'un peintre à l'écran, y compris ses tableaux, ce qui est assez rare. 

L'actrice Carla Juri est parfaite et incarne très bien la détermination mutine de son personnage. On croise aussi un Rainer Maria Rilke formidable. Un film qui permettra à ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre de Paula Modershon-Becker de la découvrir.

 

11 novembre

Début de matinée aux parfums berlinois, avec le film tunisien Hedi (3/5), qui a brillé à la dernière Berlinale, raflant un ours d'argent (pour la performance de son acteur Majd Mastoura) et le prix du meilleur premier film. Hedi montre l'émancipation d'un jeune homme, dans une Tunisie en grande difficulté économique. C'est un beau film sensible et remarquable de maîtrise.

Dans la foulée, j'enchaîne avec Nightlife (2/5), le nouveau film du jeune réalisateur Damjan Kozole, qui a été remarqué pour son premier film Slovenian girl. Ca part formidablement bien, avec une proposition de cinéma forte et glaçante, avant de se perdre dans les méandres d'une absence de scénario dommageable. Le film tourne en rond pendant toute sa seconde moitié, semblant chercher la sortie sans la trouver. Dommage. 


6 novembre

Matinée très "actualité française", avec pour commencer Maman a tort (4/5) de Marc Fitoussi. Je n'attendais pas grand-chose de ce film qui sort mercredi prochain, mais j'ai été agréablement surpris. Si le début a semblé confirmer mes craintes par un certain nombre de maladresses, le jeu d'Emilie Dequenne (peut-être mon actrice préférée) et de la jeune Jeanne Jestin emporte le morceau. Un film sensible et profond. Critique détaillée dans quelques jours.

Dans la foulée, Le petit locataire (3/5), de Nadège Loiseau, est une comédie sans grande originalité, mais menée tambour battant par un casting de choc (Karine Viard / Philippe Rebbot / Hélène Vincent). Un parfait film de samedi soir pour se détendre sans honte, à partir de la semaine prochaine.

En début d'après-midi, changement radical de tonalité avec Enclave (3/5) du serbe Goran Radovanovic, qui nous projette dans une enclave serbe au Kosovo, quatre ans après la fin de la guerre. Le film, dépouillé mais beau, montre à la perfection la précarité de la paix dans une région où les haines religieuses et ethniques ne demandent qu'à refleurir. L'histoire est racontée à hauteur d'enfant, ce qui lui donne une tonalité originale. Il représentera la Serbie pour les Oscars, je ne sais pas s'il sortira en France.   

 

5 novembre

Début de journée en douceur avec en avant-première le nouvel opus du couple déjanté Fiona Gordon / Dominique Abel (Rumba, La fée) : Paris pieds nus (3/5). C'est toujours aussi méticuleux, décalé et poétique, quelque part entre Solveig Anspach et Jacques Tati. Un bon moment pour ceux qui aiment le style inimitable des auteurs. Le film sort en mars 2017. Pierre Richard y fait une apparition délicieuse.

A 14h, le film italien La ragazza del mondo (5/5) s'avère être une excellente surprise. Très remarqué à la Mostra de Venise, le film du jeune réalisateur Marco Danieli nous fait pénétrer dans l'intimité des témoins de Jéhovah. Une première au cinéma, en tout cas en ce qui me concerne. Le film est très bien écrit, parfaitement réalisé, et joué à la perfection par un acteur et une actrice charismatiques. Le film sortira sur les écrans français, et c'est une bonne nouvelle.

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Arras Film Festival 2016

Cette année je reviens à l'Arras Film Festival avec beaucoup de plaisir, du 4 au 13 novembre, pour retrouver ce mélange unique de ferveur populaire, de programmation grand public et d'exigence artistique.

Au programme cette année :

- un hommage en sa présence à Stéphane Brizé

- des avant-premières attendues : Loving de Jeff Nichols, La fille de Brest d'Emmanuelle Bercot, Neruda de Pablo Larrain, et beaucoup d'autres  

- une compétition de films européens en provenance de Géorgie, de Norvège, de Bulgarie, de Slovénie, d'Allemagne, de Hongrie, de Croatie, des Pays-Bas et de République Tchèque

- une très jolie sélection de films d'Europe de l'Est et du reste du monde, avec beaucoup de rattrapage cannois possibles, comme le très beau film israélien Une semaine et un jour, d'Asaph Polonsky, très remarqué cette année à la Semaine de la Critique.

L'intégralité du programme sur le site du festival.

 

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Gazette du festival du film d'Arras 2015

15 novembre

Dernier jour à Arras. L'hôtel de ville est éclairé en bleu, blanc et rouge. Nous voyons d'abord Les suffragettes, agréable et didactique film qui évoque l'histoire ... des suffragettes. Intéressant historiquement, mais un peu académique à mon goût.

Dans ces jours de tristesse et de deuil, l'irrésistible vent de fraîcheur et de plaisir que fait passer La vie est belge, de Vincent Bal, fait un bien fou. Il s'agit d'une comédie musicale mettant en scène deux fanfares en concurrence, une wallone et une flamande. Le film va être distribué en France et tant mieux pour vous : c'est la garantie d'une soirée décalée et ébouriffante, un peu comme si Christophe Honoré avait tourné une comédie chantée avec Benoit Poelvoorde.

En ce qui concerne le Palmarès:

-L'atlas d'or est remis au magnifique Virgin mountain de Dagur Kari (cf ci-dessous)
-L'atlas d'argent revient à Thirst de la bulgare Svetla Tsotsorkova
-Le prix de la critique est attribué a The red spider, que j'ai eu la chance de voir et dont j'ai dit du bien également (lire ci-dessous)
-Enfin le prix du public et décerné à The fencer, film finlandais de Klaus Haro

A l'année prochaine !

 

14 novembre

Ce matin, je me suis posé la question de retourner au Festival, avant de décider d'y aller : si nous sommes terrorisés par les terroristes, alors ces derniers ont gagné la partie. Je retourne donc à Arras, presque par principe, en signe de résistance. 

Virgin mountain (sortie le 26 mars 2016), film islandais en compétition, est une petite merveille de sensibilité et de délicatesse. C'est le portrait de Fusi, 43 ans et obèse, renfermé et peu adapté au monde moderne, qui tombe amoureux et s'ouvre progressivement à l'extérieur. Le film est en compétition et je le verrais bien remporter quelque chose.

The culpable est un film allemand qui tisse une belle intrigue autour d'un prêtre catholique pédophile. L'originalité du film, très solide et agréable, est de conter l'histoire à travers les états d'âme d'un ami du coupable. Longue discussion très intéressante après le film avec le réalisateur Gerd Schneider, qui fut lui-même prêtre.

Fin de journée en famille pour l'avant-première mondiale de Encore heureux, de Benoit Graffin (scénariste chez Pierre Salvadori ou Catherine Corsini), avec des acteurs en pleine forme : Sandrine Kiberlain, Edouard Baer et Bulle Ogier. La comédie a suffisamment de mauvais esprit pour être originale et de rythme pour être agréable. Benoit Graffin habite à une centaine de mètres de la rue de Charonne. Il n'est évidemment pas venu assister à ce moment pourtant si important de la vie de son film, et on le comprend. 

 

13 novembre

A 19h, l'ironie cruelle de la vie fait en sorte que j'assiste à la projection de Dough, comédie consensuelle mettant en scène l'amitié d'un vieux juif blanc et d'un jeune musulman noir. Nous discutons de tolérance entre religions avec le réalisateur John Golschmidt et le jeune acteur. 

Quelques minutes plus tard, les carnages parisiens vont commencer et se dérouler pendant que j'assiste à la projection d'un film en compétition, The red spider, du polonais Marcin Koszalka. Le film est formellement admirable, oprressant et très réussi. Il démontre la grande forme du cinéma polonais. 

C'est sur la route du retour à Lille que je découvre en écoutant la radio l'horreur de tout ce qui vient de se passer. Je ne peux faire autrement que regarder, hagard, les chaînes d'information continues jusqu'à deux heures du matin.

 

9 novembre

Béliers, prix Un certain regard à Cannes 2015, est mon deuxième coup de coeur du Festival. Le film de l'islandais Grimur Hakonarson est une épure merveilleusement filmée, dont aucun plan n'est superflu. Le film sort le 9 décembre et je le recommande très chaudement.

Le dernier film de la soirée, Les amitiés invisibles, de l'allemand Christoph Hochhausler, est d'une préciosité glacée qui m'a laissé complètement indifférent. J'avais vu le premier film de ce réalisateur il y a bien longtemps (Le bois lacté en 2003), qui m'avait fait cette même impression de prétention affectée. Si vous tenez vraiment à vous ennuyer, ce sera à partir du 18 novembre.

8 novembre

Ce matin, El cinco, de l'argentin Adrian Biniez (Ours d'argent à Berlin en 2009 avec Gigante), s'intéresse avec finesse à un sujet rarement traité au cinéma : la reconversion d'un joueur de foot, qui se rend compte qu'il ne sait rien faire. C'est doux-amer, peut-être un peu trop doux et pas assez amer, mais en tout cas plein de sensibilité.

Fin d'après-midi ratée : la projection au Casino du film de Guédigian, Une histoire de fou, est retardée pour un incident technique, et comme je travaille tôt demain matin, j'abandonne après trente minutes d'attente.

 

7 novembre

Ouverture du Festival avec un premier film de la suédoise Sanna Lenken, My skinny sister (sortie le 16 décembre). En partie autobiographique, le film traite avec talent et sensibilité de l'anoxérie. Le film est tourné du point de vue d'une enfant de 12 ans, un peu comme l'était Tomboy. Une réussite. J'enchaîne avec Chala, une enfance cubaine (sortie début 2016), un puissant mélodrame, énorme succès dans son pays, et qui ne se prive pas d'envoyer quelques piques au pouvoir cubain. Une chronique pleine d'une énergie débordante, mon premier gros coup de coeur.

La suite est d'un tout autre genre : Why me ? du roumain Tudor Giurgiu est un thriller politique rigoureux et éloquent, un peu sec dans son propos, mais édifiant sur l'état de déliquescence de la Roumanie au début des années 2000. Le film n'a pas de distributeur en France pour l'instant, comme d'ailleurs You're ugly too, de l'irlandais Mark Noonan. Un très joli premier film, très bien servi par ses acteurs, en particulier l'excellent Aidan Gillen, que les habitués de la série Game of thrones connaissent sous les traits de Petyr Baelish, alias Littlefinger.

Dernier film de cette journée dense avec le distrayant et enlevé A perfect day (sortie le 16 mars 2016) de l'espagnol Fernando León De Aranoa, qui est à l'humanitaire (dans les Balkans) ce que M.A.S.H. a été à la guerre (en Corée). En moins subservif, et en plus glamour. Benicio del Toro et Tim Robbins excellent dans leur rôle. Mélanie Thierry et Olga Kurylenko aussi.

 

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Arras Film Festival 2015

Cette année Christoblog est de retour à l'Arras Film Festival avec beaucoup de plaisir, du 6 au 15 novembre. La particularité du Festival est sa programmation, un subtil mélange de cinéma très populaire et de films d'auteurs les plus exigeants, avec comme fil conducteur l'importance de la narration.

Au programme en 2015 :

- des invités d'honneur de qualité : le réalisateur irlandais Jim Sheridan, dont on pourra voir six films (dont My left foot et Au nom du père) et Michèle Mercier (avec la projection des trois premiers volets de la fameuse saga des Angélique)

- des avant-premières attendues : Les chevaliers blancs de Joachim Lafosse, Mia Madre de Nani Moretti, Taj Mahal de Nicolas Saada, Je suis un soldat de Laurent Larivière, Francofonia d'Alexandre Sokourov, et beaucoup d'autres.

- une compétition de films européens en provenance d'Estonie, d'Allemagne, de Finlande, de république Tchèque, de Turquie, de Pologne, de Bulgarie, d'Isalnde et de Suisse

- une très jolie sélection de films d'Europe de l'Est et du reste du monde, avec beaucoup de rattrapage cannois possibles : Béliers de l'islandais Grimur Hakonarson, qui a reçu le prix principal d'Un certain regard, A perfect day de Fernando Leon de Aranoa qui a fait le bonheur de la Quinzaine, le très beau Soleil de plomb de Dalibor Matabic que j'ai eu la chance de voir dans la salle Debussy, Nahid de Ida Panahandeh, et le sublime Mountains may depart de l'immense Jia Zhang-ke. 

L'intégralité du programme sur le site du festival.

 

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Arras Film Festival 2014

Cette année, je n'ai pu malheureusement passer qu'une (petite) journée au Festival d'Arras.

C'était dimanche dernier. En matinée, pas évident de descendre dans les bas-fonds de Vienne pour Ertan ou la destinée d'Umut dag. Le deuxième film du réalisateur autrichien d'origine turc (Une seconde femme) est solide : sorte de tragédie classique dont on croit deviner l'évolution, et qui s'avère finalement un peu plus surprenante que prévu. Pas extraordinaire, mais Umut Dag a du potentiel, c'est sûr.

En début d'après-midi l'incroyable Snow therapy du suédois Ruben Ostlund m'enthousiasme, comme il a enthousiasmé Cannes, où il a reçu le pris du jury Un certain regard. Impossible de résumer en quelques lignes l'action à triple détente de ce film grotesque, sérieux, grinçant, humoristique et humiliant. Le film sort le 28 janvier 2015 et vous pouvez déjà le mettre dans vos tablettes : ce sera un sommet de l'année, quelque part entre Woody Allen, Tati et Bergman.

Snow therapy représente la Suède aux Oscars, aux côtés d'un bon paquet de films présentés à Cannes : Winter sleep, Leviathan, White dog, Mommy, Saint-Laurent, Les nouveaux sauvages, Timbuktu, Charlie's country.

Je promets d'être plus assidu l'année prochaine.

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