Gazette du Arras Film Festival 2018
6 novembre
Ayant raté le week-end inaugural pour cause de vacances à Cracovie, mon Festival n'a commencé que hier soir, avec un premier film de la jeune réalisatrice Elise Otzenberger, Lune de miel ... à Zgierz (1/5), qui se déroule en partie à ... Cracovie !
Outre son nom un peu ridicule, mais qui peut encore changer avant sa sortie en mai 2019, le film présente beaucoup de défauts : une écriture un peu lâche, une réalisation approximative et une direction d'acteurs peu convaincante. Malgré beaucoup de bonnes intentions et Judith Chemla en actrice principale, cette quête des origines d'un jeune couple juif parisien en Pologne ne parvient pas à émouvoir. Ni à faire rire, malgré ses louables tentatives. Dommage.
7 novembre
Au bout des doigts (3/5), de Ludovic Bernard, est un très honnête film pour dimanche soir en famille, qui raconte comment un jeune de banlieue s'élève par la pratique du piano. C'est volontairement assez naïf, mais comme les acteurs sont globalement au niveau (Lambert Wilson, Kristin Scott Thomas comme d'habitude parfaite, le jeune Samuel Benchetrit) on ne s'ennuie pas, et on est même franchement ému. Une sorte de Whiplash de la musique classique, aux allures de conte de fée. La musique est formidable.
8 novembre
Déçu par la projection du deuxième film de Laszlo Nemes, Sunset (2/5), dont j'avais adoré Le fils de Saul. Tous les effets de style que le réalisateur hongrois utilisait dans son film premier film (profondeur de champ très faible, caméra collée au visage et à la nuque de son personnage principal, bande-son extrêmement travaillée) semble ici se retourner contre l'histoire au lieu de la servir. Les 2h28 du film racontent péniblement quelque chose de très obscur et d'inintéressant, que je ne suis pas certain d'avoir vraiment compris. Le film, malgré ses qualités artistiques indéniables, génère un grand ennui.
Le principal intérêt de la soirée, c'était l'introduction de Michel Ciment. Le directeur du Festival a par ailleurs précisé que Nemes avait donné l'avant-première française du film à Arras parce Ciment présentait le film !
10 novembre
Le nouveau Olivier Assayas, Doubles vies (1/5), pourtant présenté à Venise, est très mauvais. Le film entremêle des histoires de tromperies très banales et peu captivantes avec une réflexion très didactique (et déjà datée) sur la révolution numérique. C'est pauvre en cinéma à tous points de vue.
La soirée est autrement plus convaincante. Les bonnes intentions (4/5), de Gilles Legrand est une comédie extrêmement bien écrite et magistralement interprétée par Agnès Jaoui. C'est très drôle (avec un Alban Ivanov irrésistible) et en même temps émouvant. Le scénario n'hésite pas avec flirter avec le politiquement incorrect et le résultat est jouissif. En concurrence avec Le grand bain pour le titre de meilleure comédie française de l'année. A ne pas rater, à partir du 21 novembre.
11 novembre
Très belle dernière matinée à Arras. Duelles (4/5) du belge Olivier Masset-Depasse est un film noir de la meilleure espèce, placé sous le signe d'Alfred Hitchckock. La reconstitution des années 50 est sublime, la réalisation convaincante et le jeu des deux actrices parfaites. Le film est en compétition à Arras, mais il a déjà été présenté avec succès dans de nombreux festivals, dont Toronto.
Funan (4/5), de Denis Do, est un film d'animation qui a remporté le Grand Prix du Festival d'Annecy. Il raconte avec beaucoup de tact et de douceur les horreurs commises par les khmers rouges, à travers l'histoire d'une femme séparée de son petit garçon de quatre ans. C'est à la fois très beau, captivant, glaçant et instructif.
A l'année prochaine !
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