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Gazette du Arras Film Festival 2019

9 novembre

L'Arras Film Festival commence cette année sous le soleil, par le premier long-métrage de Filippo Meneghetti : Deux (2/5). Le pitch est plutôt intéressant. Deux lesbiennes âgées qui n'ont pas fait leur coming out sont victimes d'un terrible accident de la vie : l'une d'entre elles est victime d'un AVC qui la prive de parole, et sa compagne est rejetée par les enfants de la première. Malgré une interprétation très solide de Barbara Sukowa, le film pêche par sa mise en scène appuyée et la faiblesse des seconds rôles.

Le deuxième film de la matinée est plus intéressant. Noura rêve (3/5) de la tunisienne Hinde Boujemaa rappelle la force du récent film algérien Papicha avec lequel il partage de nombreux points communs : une femme réalisatrice, une mise en scène crue et efficace, des femmes de caractère, le poids de la fatalité et un tableau sans fard de la société maghrébine contemporaine. Les acteurs sont très convaincants et le film est puissant, même s'il n'a pas l'amplitude de Papicha. Le film sort la semaine prochaine.  

On continue avec le cinéma tunisien contemporain avec le très bon Un fils (4/5) de Mehdi M. Barsaoui, convaincante histoire de couple mâtinée de thriller, réalisé efficacement de façon réaliste, "à l'américaine". L'acteur Sami Bouajila est très bon, et a obtenu un prix d'interprétation à Venise. A ne pas rater à sa sortie en mars 2020. 

Pour finir cette riche journée, rien de tel qu'une comédie romantique décalée entre une jeune paumée finlandaise bien barrée et un sage immigré iranien. Aurora (3/5), premier film de la jeune réalisatrice Miia Tervo remplit très bien un cahier charge relativement peu audacieux mais très plaisant, le tout baignant dans cette ambiance finlandaise si spéciale, assemblage d'alcool, de second degré, d'excentricité absolue et de rapports humains on ne peut plus directs.

 

10 novembre

Avant d'aller voir en soirée Hors normes à Lille qui partage beaucoup de sujets avec lui, j'ai découvert la pépite allemande Benni (5/5) à Arras. Le film de la réalisatrice Nora Fingscheidt propose le portrait d'une enfant de 9 ans hyper-active, instable et très violente, dont aucune institution ne veut. C'est un sujet qui a déjà été traité souvent au cinéma ces dernières années (La tête haute, Mommy...), mais il revêt ici une intensité particulière, de par l'interprétation incroyable de la jeune Helena Zengel (photo ci-contre). Il dresse également un tableau subtil et nuancé du travail des différents accompagnateurs.

Le film, déjà bardé de prix et de reconnaissance (pris Alfred Bauer à Berlin, représentant de l'Allemagne aux Oscars, finaliste de l'European film award), sortira au printemps en France. Il ne faudra pas le rater.

 

11 novembre

Le film serbe Stitches (2/5) traite de façon académique un sujet passionnant : le vol d'enfants nouveaux-nés à Belgrade dans les années 90. Le jeu mutique de l'actrice Snezana Bogdanovic et les parti-pris austères du scénario n'aident pas à adhérer au projet. Pas évident que le film soit distribué en France.

 

12 novembre

Le Festival se termine pour moi cette année aujourd'hui avec la projection de Seules les bêtes (3/5) de Dominik Moll. On retrouve le style du réalisateur, qui mêle film de genre, études psychologiques et ambiances à la limite du fantastique. La direction artistique, le jeu des acteurs, la mise en scène limpide, les beaux décors offerts par la Lozère : le film présente beaucoup de qualités.

Mon esprit rationnel peine cependant à adhérer à un scénario qui multiplie les coïncidences invraisemblables.  La mécanique du film, un classique et maîtrisé effet Rashomon (les mêmes scènes sont vues de multiples fois à travers le regard des différents personnages), est bien huilée. Le film sort le 4 décembre.

 

A l'année prochaine, pour de nouvelles aventures au Arras Film Festival.

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