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Christoblog

Articles avec #cillian murphy

Oppenheimer

Je ne suis pas toujours tendre avec Christopher Nolan, à qui je reproche, pour faire simple, de mettre son extraordinaire virtuosité de réalisateur au service de scénarios inutilement complexes.

Mais ici, il me faut bien admettre que mes reproches habituels ne tiennent pas. 

D'abord parce que l'histoire racontée est elle-même compliquée, et que Nolan parvient finalement assez bien à en rendre compte dans ses subtilités scientifiques (la physique à ce niveau-là, ce n'est quand même pas de la tarte) et ses circonvolutions politiques et diplomatiques (les innombrables personnages secondaires sont très bien dessinés).

Peut-être pourrait-on à la limite discuter la nécessité d'avoir mis en place ces deux trames narratives distinctes et leurs caractéristiques un peu apprêtées (noir et blanc / couleurs, "fission"/"fusion"), mais en ce qui me concerne, j'ai trouvé l'idée intéressante : elle donne une épaisseur temporelle supplémentaire à l'épopée scientifique qui nous est contée.

Le deuxième aspect satisfaisant du film est que les délires visuels habituels du Britannique sont ici d'une part plutôt mesurés, et d'autre part mis au service du propos du film, ce qui n'est pas toujours le cas. Il n'est pas inconvenant que la pyrotechnie typiquement nolanienne de certains plans servent à illustrer les prodiges de la physique sub-atomique.

Oppenheimer est une oeuvre dense, complexe et riche en thèmes de nature différente (intime, politique, scientifique, métaphysique). Nolan parvient avec ce film à tenir en haleine son spectateur pendant trois heures autour d'un thème a priori peu avenant : c'est un exploit. Il est servi pour cela par une direction artistique proche de la perfection (la reconstitution de Los Alamos est fantastique) et un casting éblouissant dans lequel Cillian Murphy propose une composition solide, qui lui a d'ailleurs valu l'Oscar qu'il recherchait. 

Pour moi, le grand oeuvre de Christophe Nolan.

Christopher Nolan sur Christoblog :  Inception - 2010 (**) / Interstellar - 2014 (*) / Dunkerque - 2017 (**) / Tenet - 2020 (**)

 

4e

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Peaky blinders

La BBC offre de nouveau avec cette série un fleuron du savoir-faire britannique, comme elle l'a déjà fait pour le délicieux Downton Abbey.

Tout est en effet réussi dans Peaky Blinders. Si le côté un peu artificiel des décors et l'anachronisme de la bande-son  très rock peuvent surprendre dans les premiers épisodes, on est ensuite vite happés dans cette histoire certes classique (la progression d'un petit malfrat vers les plus hautes sphères du pouvoir), mais ici parfaitement illustrée. A noter que la qualité de la série est relativement constante tout au long des cinq saisons, ce qui assez rare et mérite d'être souligné.

Les points forts de Peaky Blinders sont principalement son écriture (on doit l'intégralité des scénarios à la patte de Steven Knight) et son interprétation.

En terme de progression dramatique, de rupture de ton, d'accélération des évènements, j'ai rarement vu une série plus efficace et surprenante. C'est peu dire qu'on est littéralement scotché à l'évolution de la famille Shelby et aux nombreuses péripéties et épreuves qu'elle doit traverser. Le contexte historique qui sert de toile de fond (l'IRA et la question irlandaise, Winston Churchill, la révolution russe et le mouvement socialiste, l'émancipation des femmes, la condition ouvrière) donne une profondeur exceptionnelle aux trente épisodes de la série, dont plusieurs sont de véritables joyaux de tension et se suspense.

En matière de casting, Peaky blinders réussit un carton plein. Du magnétique premier rôle joué par Cillian Murphy au moindre second rôle, en passant par un très bon Adrien Brody en guest star de la saison 4, les bonnes surprises sont légion. Citons dans le désordre un Tom Hardy (Mad Max) formidable en patron de gang juif, Aiden Gillen (le Littlefinger de Games of thrones) énigmatique en tueur tzigane, Sam Neill (Jurassic Park, La leçon de piano) ennemi convaincant en inspecteur retors dans les deux premières saisons.

Hellen McCrory (Polly) est la tête de file attachante d'une prestigieuse distribution féminine : dans la série les femmes joue un rôle au moins aussi important que les hommes.

La bande-son est aussi audacieuse qu'agréable  : Nick Cave, The White Stripes, Tom Waits, PJ Harvey, Arctic Monkeys, Royal Blood, The Black Keys, Radiohead, David Bowie, Leonard Cohen, Foals, Anna Calvi, Joy Division, The Kills, Johnny Cash, Black Rebel Motocycle Club, Anne Brun, Mark Lanegan. Un festin sonore, trash, roots et rock'n roll.

Vous l'avez compris : à ne manquer sous aucun prétexte.

 

4e

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