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Christoblog

Articles avec #emily blunt

The fall guy

Rattrapage Canal+

Le précédent film de David Leitch (Bullet train) m'avait plutôt plu.

J'avais apprécié son énergie survitaminée, son rythme imparable, l'utilisation parfaite d'un casting étonnant et enfin un goût pour la surenchère qui semblait sans limite.

Dans le scénario de The fall guy on retrouve l'aspect débridé de son prédécesseur, mais malheureusement ici en plus bavard et moins visuel. Le rythme me semble moins maîtrisé et surtout, le casting est beaucoup moins convaincant. Ryan Gosling n'est pas à la hauteur de Brad Pitt, et il ne retrouve pas la puissance comique irrésistible qu'il atteignait dans The nice guys, sous la direction de Shane BlackEmily Blunt est transparente et leur couple ne parvient pas à être "amoureusement" crédible.

Le résultat global ressemble à une marmite bouillonnante, pleine de gags, d'allusions, d'explosions, d'incises, de cascades et d'effets. On ne capte pas tout, et surtout, notre attention est sans cesse divertie de l'essentiel par l'accessoire.

Malgré Ryan Gosling, le film ne me semble pas assez intéressant pour mériter le déplacement.

David Leitch : Bullet train - 2022 (**)

 

2e

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Oppenheimer

Je ne suis pas toujours tendre avec Christopher Nolan, à qui je reproche, pour faire simple, de mettre son extraordinaire virtuosité de réalisateur au service de scénarios inutilement complexes.

Mais ici, il me faut bien admettre que mes reproches habituels ne tiennent pas. 

D'abord parce que l'histoire racontée est elle-même compliquée, et que Nolan parvient finalement assez bien à en rendre compte dans ses subtilités scientifiques (la physique à ce niveau-là, ce n'est quand même pas de la tarte) et ses circonvolutions politiques et diplomatiques (les innombrables personnages secondaires sont très bien dessinés).

Peut-être pourrait-on à la limite discuter la nécessité d'avoir mis en place ces deux trames narratives distinctes et leurs caractéristiques un peu apprêtées (noir et blanc / couleurs, "fission"/"fusion"), mais en ce qui me concerne, j'ai trouvé l'idée intéressante : elle donne une épaisseur temporelle supplémentaire à l'épopée scientifique qui nous est contée.

Le deuxième aspect satisfaisant du film est que les délires visuels habituels du Britannique sont ici d'une part plutôt mesurés, et d'autre part mis au service du propos du film, ce qui n'est pas toujours le cas. Il n'est pas inconvenant que la pyrotechnie typiquement nolanienne de certains plans servent à illustrer les prodiges de la physique sub-atomique.

Oppenheimer est une oeuvre dense, complexe et riche en thèmes de nature différente (intime, politique, scientifique, métaphysique). Nolan parvient avec ce film à tenir en haleine son spectateur pendant trois heures autour d'un thème a priori peu avenant : c'est un exploit. Il est servi pour cela par une direction artistique proche de la perfection (la reconstitution de Los Alamos est fantastique) et un casting éblouissant dans lequel Cillian Murphy propose une composition solide, qui lui a d'ailleurs valu l'Oscar qu'il recherchait. 

Pour moi, le grand oeuvre de Christophe Nolan.

Christopher Nolan sur Christoblog :  Inception - 2010 (**) / Interstellar - 2014 (*) / Dunkerque - 2017 (**) / Tenet - 2020 (**)

 

4e

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Sicario

Sicario est probablement le meilleur polar de l'année.

Il commence par une scène pleine de tension, d'une incroyable efficacité, qui laisse pantois. La suite est élégante, dense, parsemée d'excellents moments de cinéma. Un procédé assez classique comme les vues aériennes semble dans les mains de Denis Villeneuve se transformer en quelque chose de résolument neuf et inventif.

Le personnage de jeune flic volontaire et inexpérimentée, joué par Emily Blunt, est très attachant. On voit l'évolution de l'histoire à travers ses yeux : autrement dit, on n'y comprend pas grand-chose, et on est le jouet de forces bien plus terribles que ce qu'on imagine au départ.

Les acteurs sont très bien dirigés, avec une mention spéciale pour le grand Benicio del Toro, ici opaque à souhait.

Sur le fond, le film expose d'une façon intéressante les dilemmes moraux auxquels peuvent être confronté les policiers (faut-il faire les bouger les lignes entre ce qui est permis et ce qui ne l'est pas ?), tout en proposant une oeuvre solide, tendue, ramassée. Dans cette optique d'efficacité quasi monastique, le film évite la traditionnelle tuerie finale pour se concentrer sur une fin âpre et séduisante.

Il faut être attentif à la bande-son, qui contribue à donner au film cet aspect légèrement oppressant : bruits sourds et graves, pas forcément en lien avec ce qui se passe à l'écran.

L'impression générale que laisse Sicario est celle d'une fuite en avant sans retour, comme si les personnages glissaient irrésistiblement dans le grand entonnoir du destin.

Une réussite élégante et sans faute de goût.

 

3e

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Looper

Le pitch de Looper n'est pas simple, comme souvent lorsqu'un film traite du sujet intrinséquement paradoxal des voyages dans le temps.

J'essaye quand même de vous expliquer en deux mots au moins le début : dans un avenir très lointain dans lequel il n'est plus possible de liquider tranquillement ses ennemis (la faute à cette satanée traçabilité), la Mafia contrôle les voyages dans le temps et expédie ses victimes dans le passé pour qu'elle soient dégommées illico par des tueurs qui les attendent à l'arrivée.

De temps en temps, ces coquins de mafiosi envoie le tueur lui-même dans le passé, et il doit alors se supprimer lui-même, fermant ainsi la boucle (Loop en anglais). Il touche alors une grosse somme d'argent et peut vivre à fond le temps qui lui reste, jusqu'au jour où on l'enverra dans le passé se faire tuer par ... lui-même.

Présenté comme cela, c'est limpide.

Les choses se compliquent un peu quand le tueur rate son propre assassinat. Vous imaginez le travail : deux versions du même gugus qui se balladent dans le présent ... ça peut devenir franchement rigolo, surtout si la version "vieux" décide par ses actions de changer le futur d'où il vient.

Le film est très agréable, car il est humblement rigoureux et efficace. Dans ce type de scénario alambiqué, le plus important est d'éviter les incohérences énormes et de s'en tenir à des lignes directrices dictées par la narration, et non par une propension à faire dans le philosophique ou l'onirique.

Looper réussit parfaitement cela, en construisant simplement de très beaux contrastes (enfant/monstre, ferme/ville, jeune/vieux) qu'il exploite à fond et sans sentimentalisme. Les rebondissements sont variés et cohérents, la psychologie des personnages est plus importante que les scènes d'action, pourtant parfaitement réussies par ailleurs.

Le réalisateur concepteur Rian Johnson évite aussi les effets de style trop appuyé au niveau de la mise en scène pour se concentrer sur la création d'ambiances épurées très efficaces : les dix premières minutes sont à ce titre superbement réussies.

Le film est plaisant parce qu'il réussit à nous surprendre sans esbroufe.

 

2e

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