Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures)
J'étais prêt à aimer ce film.
D'abord parce qu'un précédent opus du réalisateur m'avait intrigué et en partie séduit, d'autre part parce que j'ai une tendresse particulière pour la Thaïlande et son cinéma, enfin parce que quand un grand festival quitte les sentiers mainstream, cela me plait plutôt.
Malheureusement, et même avec toute la bonne volonté du monde, il faut bien conclure que je trouve pas grand-chose à sauver dans cette palme.
La mise en scène est rudimentaire, le plan fixe étant la norme, dont la caméra tremblotante est l'unique et rare variante (dans la grotte, sous l'eau). La photographie, qui souvent est somptueuse chez Weerasethakul, est incroyablement laide, à tel point que je pensais être tombé sur une copie endommagée. Le propos est décousu, et sa charge symbolique m'a complètement échappé.
Le gouffre entre mon esprit et le film est tellement grand que je n'ai vraiment rien compris ce que je voyais : où sont ces fameuses vies antérieures dont parlent le titre, dans le poisson chat ? Le buffle de la première scène a t'il un sens ? Et les ouvriers laotiens ? Comment raccorder les photos montrées dans la séquence du rêve dans le futur et ce qui est raconté par ailleurs ? Et quel est le rapport entre les derniers plans lynchiens dans la chambre d'hôtel et le reste du film?
Ce qu'on peut sauver dans le film tiendrait en 10 minutes, il dure malheureusement 1h50. Il fut des palmes d'or discutées ou controversées, mais là, à part quelques critiques qui considéreront que Weerasethakul est plus un artiste plasticien qu'un cinéaste, je ne vois pas qui pourra aimer, sauf à être maso ou défoncé. Ou peut-être boudhiste.
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