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Christoblog

Birdman

On savait Inarritu doué. Je n'aurais pas parié qu'il puisse être génial.

Pourtant, Birdman s'avère exceptionnel à tout point de vue. On aura rarement vu la virtuosité de la caméra épouser aussi parfaitement la tortueuse imagination d'un créateur. Birdman est à la fois la tragédie d'un petit homme, la dissection d'un système, une réflexion sur l'art de jouer et un concentré de contemporanéité.

Le principe du "plan unique" est ici utilisé avec une subtilité dérangeante : il ne s'agit pas pour le réalisateur de faire croire qu'il a tourné son film en un seul plan, mais plutôt de suggérer que le monde entier peut tenir dans un théâtre de Broadway et ses environs immédiat - comme il pourrait tenir dans beaucoup d'autres endroits au monde. La caméra furète dans les coins et les recoins avec malice et distinction, les transitions temporelles s'enchaînant avec une maestria ahurissante. Les détracteurs du film peuvent vomir leur bile, le tour de force script+réalisation+montage est proprement unique.

Toute cette science pourrait n'être que poudre de perlimpinpin attrappe-oscars, mais les acteurs et actrices se chargent de donner au film un supplément d'âme : ils décrochent tous quasiment leur meilleur rôle, à commencer par la sidérante prestation d'Emma Stone, qui nous offre une tirade d'anthologie.

L'ego, l'amour, la fidélité, le désir, le jeu, l'acte de jouer, la célébrité, les medias, les relations hommes/femmes et parents/enfants : Birdman englobe tous ces sujets, en les survolant certes, mais en les survolant avec une poésie douce et bienveillante, que ponctue des scènes de duettistes sur le fil, Keaton/Norton, Norton/Stone, Keaton/journaliste, Keaton/Watts...

Il serait illusoire de chercher une profondeur à Birdman, le film ne prétend pas au carottage émotionnel de La vie de l'Adèle ou au vertige métaphysique d'Oslo, 31 août, il lorgnerait plutôt du côté d'un manièrisme à la Gaspard Noé, ou à la Winding Refn, débarrassé de l'obsession de violence (et ... réussi). 

Le film d'Inarritu est comme un morceau de rap : soit vous être emporté par le flow, et le prochain mouvement de caméra est systématiquement un enchantement, parce que chaque minute qui passe renforce le tour de force, soit à l'inverse vous rester à quai, et il est probable dans ce cas que le film vous paraisse vain, fat et artificiel, chaque minute qui passe étant une torture insuppportable.

En ce qui me concerne, film tourbillon, oeuvre totale, pétaradante et sussurante, Birdman s'impose comme le deuxième grand film de l'année, après Snow Therapy.

 

4e

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C
oui j avoue que c est un film exceptionnel a tous points de vue,mais....je ne me suis pas laissé emporter car je ne savais pas que c etait autant surrealiste!<br /> en fait,je pense que j aoorecierais plus si j allais le revoir.
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C
D'accord avec toi ! Très grand film. Je vais cependant avoir du mal à en faire une critique tant il est dense.
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M
Je suis tout à fait d'accord avec Bellin et serait même beaucoup plus sévère que lui. J'aimerai que ne devienne pas une habitude le fait que je ne sois pas d'accord avec Chris ... ,o). C'est ça l'oscar du meilleur film ? C'est ça la nouvelle superbe vision du cinéma du 21 siècle ? C'est ça le premier chef d'œuvre de l'année ? Et ben mon dieu ... ça promet pour la suite !<br /> <br /> <br /> Je ne remets pas en cause les compétences avérées d'Innaritu en terme de faiseur d'images. En effet, il est incontestable que ce monsieur sait filmer, que son talent technique est avéré et que le montage du film est un tour de force. Mais au delà du tour de force ? Au delà de la forme ? Y'a-t-il quelque chose ? Déjà, pour ma part, j'ai trouvé le concept du faux plan séquence fatiguant et lourd, avec une caméra collant à mort aux personnages sans arrêt et l'image qui arrive comme un torrent continuel ... Ensuite, comme le dit si bien Bellin, tout cela sent l'esbroufe à plein nez, mais je constate et déplore malheureusement que cela fonctionne de plus en plus dans le cinéma moderne au détriment du sujet et d'une véritable vision cinématographique. Ajoutez à cela des effets idiots où Keaton, victime de visions hallucinatoires, se voit doter de supers pouvoirs et est capable d'envoyer des boules de feu ou autres bêtises ... et vous trouverez que la forme n'est finalement, derrière l'esbroufe, pas si bonne.<br /> <br /> Venons en donc au sujet, allons plus loin: quel est le pourquoi, le sens du film, l'au-delà de la prouesse technique ? Y'a-t-il de la matière ? On voit bien que le réalisateur opère une critique en règle de la création artistique contemporaine, en disant tout le mal qu'il pense d'un système hollywoodien formaté, ne pondant plus que des films de super-héros redondants. Mais il critique tout autant le monde élitiste du théâtre de Broadway, avec des acteurs nombrilistes. Il y a une phrase du film qui distingue célébrité et art, réflexion qui pourrait être intéressante si elle n'était pas caricaturale. <br /> Un fois qu'on a dit que tout ce qui se faisait est de la merde, que reste-t-il ? Quelle est la vision de l'art que défend le réalisateur ? Et bien tout simplement ... la sienne. Cela est d'une prétention monstrueuse et insupportable. Car en effet, Birdman, l'âme damné de Keaton qui apparaît régulièrement dans le film, c'est Inarretu. C'est lui qui est censé voler au dessus de tout le monde et qui est donc le meilleur d'entre nous. C'est absolument insupportable d'autosatisfaction facile et d'égocentrisme puant.<br /> <br /> Au delà de cette prétention à vomir, le scénario est pour moi particulièrement faible ... il ne s'agit que d'une énième histoire d'acteur névrosé, qui essaye d'avoir une rédemption. Déjà vu et rien d'original, si ce n'est le traitement technique qui en est fait. Je n'ai pas accroché du tout à cette espèce de mélasse de personnages névrosés et traumatisés, particulièrement ennuyeuse et passant son temps à enfoncer des portes ouvertes.<br /> <br /> Et que dire de la fin, d'une déception abyssale ? Keaton /Birdman/Inarretu s'envole vers des sommets, nous laissant dans notre monde de merde, nous qui n'y comprenons rien à l'art.<br /> <br /> Les acteurs ? J'ai trouvé Keaton bon sans être génial, Norton absolument insupportable mais peut-être est-ce son rôle qui veut ça , Naomi Watts insignifiante... là où je suis d'accord avec Chris, c'est sur Emma Stone, absolument exceptionnelle, craquante et fascinante... elle crève littéralement l'écran et vole la vedette à tous les autres. Si quelqu'un devait mériter un oscar, c'est bien elle.<br /> <br /> Je ne comprends toujours pas comment un tel film a pu rafler les oscars les plus attendus ... le tape à l'œil et la manipulation sont donc les recettes qui fonctionnent aujourd'hui pour être reconnu, à défaut de matière.<br /> <br /> Comme le dit Gilles Esposito dans la revue Mad Movies, "si c'est ça le Grand Art, je préfère le plus formaté des supers-héros". Je retourne de ce pas à ma trilogie de Spiderman de Sam Raimi et à ma trilogie de Batman de Christopher Nolan, qui me semble comporter beaucoup plus de grands moments de cinéma que ce petit film prétentieux.
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B
Effectivement, si on apprécie les insupportables cabots et l’esbroufe d'un metteur en scène qui en fait des tonnes, on est servi. Personnellement, j'ai été déçu et irrité par le "chef-d’œuvre" annoncé. Trop clinquant pour être sincère, plus grotesque que pathétique et qui, pour la B.O., nous refait le coup de Whiplash en coulisses pendant deux heures. Bref, une tortilla à la sauce hollywoodienne lourde et indigeste.
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