The search
A Cannes, le nouveau film de Michel Hazanavicius a reçu un accueil mitigé, accentué par des sifflets en séance de projection presse, dont on ne sait s'ils émanaient d'affidés pro-russes ou de journalistes mécontents.
Pour ma part, j'ai trouvé le film extrêmement efficace et habile. Je n'avais encore jamais vu de film de guerre français aussi prenant, pouvant rivaliser sans rougir avec les productions américaines. Costumes, décors, paysages, la reconstitution est parfaite.
Certes le traitement de l'incorporation du jeune soldat russe est assez classique (comment un jeune homme normal devient un guerrier dénué de sentiments), mais le cadre est ici très original, et rarement montré. Le tournage en Géorgie permet une immersion hyper-réaliste dans cette guerre de Tchétchénie quasiment jamais abordée au cinéma. La construction temporelle du film est originale, et assez frappante.
Le point faible de The search réside dans la prestation un peu lourdingue de l'épouse du réalisateur, Bérénice Béjo, qui joue le rôle difficile d'une humanitaire sensible. Le reste de la distribution est par contre absolument parfaite : Annette Bening est royale et le petit garçon, Maxim Emelianov, irrésistible, a longtemps été en pole-position pour le prix d'interprétation sur la Croisette. Un phénomène !
Remake d'un western de Fred Zinnemann (1948), The search reproduit les qualités et les défauts des films de cette époque : une histoire romanesque, des circonstances dramatiques, des sentiments exacerbés, une mise en scène fonctionnelle au service d'une histoire bien conçue.
C'est sûrement une vision du cinéma que certains puristes renieront (pas assez créatif, trop naïf, pas du tout politique) : pour ma part, le film m'a embarqué et m'a ému à de nombreuses reprises.
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