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Christoblog

Articles avec #michel hazanavicius

La plus précieuse des marchandises

Pas facile de dire du mal de ce film très consensuel, traitant sous forme de conte la Shoah. 

Et pourtant rien ne va dans La plus précieuse des marchandises. L'animation 2D proposée par Michel Hazanivicius est d'abord d'une pauvreté rédhibitoire : si les illustrations sont "jolies", elle pâlissent en comparaison de ce que l'animation propose aujourd'hui (allez plutôt voir l'incroyable film Flow, vous comprendrez ce que je veux dire). 

Ensuite, le conte de Jean-Claude Grumberg ne contient pas assez de matière narrative pour remplir tout un long-métrage. Il aurait peut-être permis de donner un court-métrage sympathique d'une vingtaine de minute. Cet inconvénient se traduit à l'écran par un beaucoup de répétitions très lassantes : le train passe 36 fois, le pauvre bûcheron coupe plusieurs stères de bois à l'écran, etc.

Le film a aussi une propension, quoi que j'ai lu l'inverse dans de nombreuses critiques, à chercher à provoquer une larme facile chez le spectateur. La musique d'Alexandre Desplat, par exemple, surligne les situation susceptibles de générer de l'émotion.

Les voix des personnages ne m'ont pas non plus convaincu, en particulier celle de de Dominique Blanc, que j'aime pourtant beaucoup.

Enfin, et c'est peut-être pour moi le pire, le traitement à l'image des camps ne m'a pas paru adéquate. Sous réserve de "représentation", Hazanavicius s'estime légitime à montrer les corps suppliciés, mais le résultat m'a vraiment mis mal à l'aise, comme d'ailleurs la voix d'outre-tombe de Jean-louis Trintignant qui nous assène des phrases qui m'ont laissé perplexe ("Peut-être que tous ces morts ont été une illusion ?").

Je déconseille donc cet essai, qui me semble raté de plusieurs points de vue. 

Michel Hazanivicius sur Christoblog : OSS 117 ne répond plus - 2008 (***) / The artist - 2011 (**) /  The search - 2014 (***) / Coupez ! - 2022 (***)

 

1e

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Coupez !

Coupez ! commence par une série Z de 30 minutes filmée en plan séquence. On se demande vraiment ce qu'on est en train de regarder. Plusieurs scènes sont complètement ratées, les dialogues sont nuls et les acteurs semblent souvent improviser maladroitement. Parfois un effet de style fait cinéma d'auteur (la caméra est fixe alors que les personnages sortent longuement du champ, ou reste par terre après être tombée, façon found footage).

Mais curieusement, l'action se poursuit cahin-caha, et le réalisateur (un Romain Duris survolté) parvient à toujours retomber toujours sur ses pieds en parvenant même parfois à nous emporter.

Après cette introduction, le film raconte la genèse de ce qu'on vient de voir : comment cette série Z a été préparée, puis tournée. Hazanavicius parvient alors à nous surprendre et à nous émouvoir. Beaucoup d'éléments inexplicables du film initial trouve alors une explication rationnelle, parfois hilarante.

Cette deuxième partie est une déclaration d'amour au cinéma et plus spécifiquement à la volonté de tourner coûte que coûte, même avec peu de moyens et en dépit des difficultés rencontrées. C'est souvent drôle, très bien rythmé et tous les seconds rôles sont formidables.

Ce remake d'un film japonais (Ne coupez pas ! de Shinichiro Ueda) est une ouverture parfaite, pétillante et réjouissante, pour le Festival de Cannes 2022.

 

3e

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The search

A Cannes, le nouveau film de Michel Hazanavicius a reçu un accueil mitigé, accentué par des sifflets en séance de projection presse, dont on ne sait s'ils émanaient d'affidés pro-russes ou de journalistes mécontents. 

Pour ma part, j'ai trouvé le film extrêmement efficace et habile. Je n'avais encore jamais vu de film de guerre français aussi prenant, pouvant rivaliser sans rougir avec les productions américaines. Costumes, décors, paysages, la reconstitution est parfaite.

Certes le traitement de l'incorporation du jeune soldat russe est assez classique (comment un jeune homme normal devient un guerrier dénué de sentiments), mais le cadre est ici très original, et rarement montré. Le tournage en Géorgie permet une immersion hyper-réaliste dans cette guerre de Tchétchénie quasiment jamais abordée au cinéma. La construction temporelle du film est originale, et assez frappante.

Le point faible de The search réside dans la prestation un peu lourdingue de l'épouse du réalisateur, Bérénice Béjo, qui joue le rôle difficile d'une humanitaire sensible. Le reste de la distribution est par contre absolument parfaite : Annette Bening est royale et le petit garçon, Maxim Emelianov, irrésistible, a longtemps été en pole-position pour le prix d'interprétation sur la Croisette. Un phénomène !

Remake d'un western de Fred Zinnemann (1948), The search reproduit les qualités et les défauts des films de cette époque : une histoire romanesque, des circonstances dramatiques, des sentiments exacerbés, une mise en scène fonctionnelle au service d'une histoire bien conçue.

C'est sûrement une vision du cinéma que certains puristes renieront (pas assez créatif, trop naïf, pas du tout politique) : pour ma part, le film m'a embarqué et m'a ému à de nombreuses reprises.

 

3e

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The artist

Aussitôt vu, aussitôt oublié.

Oh, ce n'est pas qu'on puisse faire beaucoup de reproches à The artist. Le film est plutôt plaisant, inspirant des sentiments un peu confus mais agréables de défi insensé, de travail bien fait, de connivence intelligente et de performances d'acteur. Et puis il nous rappelle la puissance de l'art cinématographique : contre toute attente, l'absence de dialogues se fait très rapidement oublier.

The artist est toutefois rapidement limité par les règles qu'il s'est lui-même fixé : respect absolu des standards des films muets des années 30, mimiques exagérées, format carré, cartons de dialogue, musique expressive et ampoulée. Les variations "modernes" sont distillées au compte-goutte (les sons disséminés ici ou là, les quelques cadrages et mouvements de caméra notablement anachroniques), ne menaçant pas l'exercice formel que constitue avant tout le film.

Le scénario, très prévisible et convenu, ne permet pas à The artist d'accéder pleinement au statut d'oeuvre originale.

On est donc très loin de la réinterprétation géniale et déjantée du muet par Guy Maddin dans The saddest song in the world.

Un moment qui passe agréablement grâce à l'incroyable talent de Jean Dujardin et Bérénice Béjo (compagne du réalisateur, Michel Hazanavicius) mais qui ne laissera pas dans la mémoire plus de traces que le souvenir d'une bonne copie de carte postale ancienne.

 

2e

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OSS 117 : Rio ne répond plus

Allez, une fois n'est pas coutume : je l'avoue, j'ai bien rigolé.

Le premier degré est inexistant, le deuxième fonctionne, le troisième est jouissif, le quatrième, bien qu'improbable, marche aussi. Le cinquième semble réservé aux initiés, mais tout le monde peut en profiter.

Dujardin est extraordinaire. Il invente un style à lui tout seul (ses sourcils !), encore plus abouti que dans le premier opus. Ses rôles moins rigolos joués récemment contribuent peut-être à conférer une densité particulière au personnage. Dans ce film les moments où il quitte son rôle de play-boy obtus (le camp hippie, le vertige) sont particulièrement bien vus.

Personne depuis les Monty Python avait réussi a jouer aussi bien dérision et charme, non-sens british et sensibilité à fleur de peau.

Le film sort d'un no-man's land (la comédie française second degré) pour y retourner, en nous gratifiant au passage d'un chapelet de répliques collectors. Les décors sont splendides, l'atmosphère 60ies très bien reconstituée.

D'une certaine façon, et je me risque à un parallèle osé, OSS 117 enfonce Bond et la partie sud-américaine de son Quantum of Solace (si je puis dire, et nobostant le fait qu'un doigt dans les fesses sorti de son contexte, etc...).

Rien à dire de plus sinon qu'un crocodile grillé serait le bienvenu. Peut-être à l'amicale nazi du coin ?

 

3e

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