Mère et fils
Avec Mère et fils, le cinéma roumain revient en force dans un genre qui lui réussit très bien (4 mois, 3 semaines, 2 jours, Mardi, après Noel) : la chronique sociale/familiale noire.
Ici, on est dans la haute bourgeoisie, de celle qui se drape de manteaux de fourrure et qui conduit des berlines allemandes. La mère, jouée par l'incroyable Luminita Gheorghiu, ne vit que pour son grand fils. Lorsque celui-ci tue par accident un jeune garçon pauvre, que va-t-elle faire ? Tenter de sauver ce qui peut l'être, à tout prix.
Sur cette trame classique, le réalisateur Calin Peter Netzer réussit un tour de force : nous faire au départ détester cette mère qui paraît presque sans émotion, puis nous amener à l'admirer dans sa constance, avant de nous émouvoir par des scènes finales sidérantes.
Sans trop déflorer le sujet (mais il est encore temps pour vous d'arrêter de lire), l'enchaînement des dernières séquences (la conversation irréelle entre la mère et la belle-fille, la visite finale dans la famille du jeune garçon) donne lieu à une double prestation d'exception : un jeu parfait de l'actrice principale qui parvient à être à la fois émouvante et solide comme un roc, et une véritable leçon de mise en scène, qui culmine dans un dernier plan d'anthologie.
Pour peu qu'on pardonne au film un début un peu lent, et qu'on ne soit pas trop sensible au mal de mer (de mère ?) occasionné par un style kéchichien de tournage, caméra oscillant à l'épaule, Mère et fils offre dans son développement inexorable les sources de profondes satisfactions cinéphiliques.
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