Les adieux à la reine
On ne dira jamais assez le bien qu'il faut penser de ces films qui tiennent debout par la grâce de leur mise en scène, la perfection des détails qui les composent (costumes, musique, lumières, décors, seconds rôles) et l'excellence de leur interprétation. Un exemple récent de ce type de film est L'Apollonide, avec lequel Les adieux à la reine partage plusieurs points communs, dont la présence au casting des deux réalisateurs/acteurs Xavier Beauvois et Noémie Lvovsky.
Comme dans le film de Bonnello on est ici captivé de la première à la dernière seconde par la mise en scène brillante de Benoit Jacquot, et tout particulièrement par ses admirables mouvements de caméra. Il faudrait voir et revoir ce dialogue amoureux entre Marie-Antoinette et Gabrielle de Polignac, lors duquel la caméra, très proche des visages, oscille plusieurs fois de droite à gauche.
Jacquot excelle à rendre les ambiances par petites touches : la pauvreté des appartements des domestiques, le gigantisme du château-monde que constitue Versailles, son isolement du reste du monde.
De l'histoire proprement dit, on ne peut pas dire grand-chose sans en dévoiler ce qui en fait la valeur, mais là encore le film réserve une excellente surprise. On aurait pu croire que vu ses qualités plastiques le film pouvait se dispenser d'un scénario digne de ce nom, mais ce n'est pas le cas. La psychologie de la jeune servante est magnifiquement cernée par une Léa Seydoux en grande forme (son meilleur rôle avec Belle épine). Mais que dire de la prestation époustouflante d'une Diane Kruger habitée littéralement par son rôle ? C'est magnifique ! Quant à Virginie Ledoyen, on a comme d'habitude un peu envie de la baffer, mais son physique rend tout à fait crédible l'attirance de la reine pour elle.
Le cinéma français au mieux de sa forme : on pensait 2011 exceptionnelle, mais Benoit Jacquot prend le relais pour 2012, en attendant Cannes.
Commenter cet article