1917
Tout est joli et bien filmé dans 1917.
Les tranchées semblent être repeintes d'hier, les rats sont bien peignés, les cadavres eux-mêmes veillent à ne pas être trop purulents.
La caméra virevolte autour des personnages avec beaucoup d'élégance, la palette chromatique de la photographie est très jolie, et les acteurs sont parfaits.
Le film se laisse donc regarder, un peu comme si on suivait une visite guidée du terrain de guerre avec un guide sympathique, une sorte de Tranchées Tour pour Américains.
La perfection artistique du film se déploie au détriment de l'émotion (personnellement je n'en ai jamais ressenti) et du sentiment d'immersion. Sur ce dernier point, la première scène de Il faut sauver le soldat Ryan était autrement plus réaliste et frappante.
Pour tout dire, Sam Mendes se regarde filmer et le spectateur le ressent trop, à mon sens. L'illustration ultime de ce triste constat, c'est la volonté un peu infantile de vouloir réaliser le film en un seul (faux) plan-séquence : une coquetterie qui complique le tournage sans apporter au film un surcroît d'âme.
Décevant, 1917 ne rend pas compte de l'horreur de la Grande Guerre, mais peut se voir comme une sorte de jeu vidéo (et hop je saute au-dessus du puits de mine, et vlan l'avion s'encastre parfaitement dans la grange, et youpi je saute dans la rivière) particulièrement bien réalisé techniquement.
Sam Mendes sur Christoblog : Les noces rebelles - 2008 (*) / Skyfall - 2012 (**) / 007 Spectre - 2015 (*)
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