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Christoblog

Springsteen on Broadway (26/10/2017) Part 2

A lire avant de continuer : Springsteen on Broadway Part 1

 Acte 2 

A l'exact mitan du spectacle (8ème morceau sur 15), Tenth avenue freeze out marque le basculement de la partie autobiographique à la partie plutôt thématique. S'installant au piano pour une longue séquence enlevée, Springsteen nous convie à contempler l'avènement et l'ascension du E Street Band. Un long passage très émouvant est consacré à son alter ego musical, le géant noir autour duquel sa musique a longtemps gravité : Clarence Clemons. "Perdre Clarence, c'est comme perdre la pluie", dit-il, en plaquant tristement le même accord plusieurs fois, et juste avant de faire exploser la salle en le présentant comme il avait l'habitude de le faire quand C. était encore vivant.

Le moment est alors venu de faire entrer sur scène sa femme, Patti Scialfa, par ailleurs elle-même chanteuse et auteur-compositeur. Le Boss la fait venir en mimant au piano les premiers mots qu'il a entendu d'elle : elle chantait "I know something about love". Et il ajoute goguenard : "Sure she did !"

Leur duo est parfait, Patti n'est qu'en backing vocal, elle ne chante pas seule. Tougher than the rest au piano est convaincant, mais leur duo de guitare sur l'ambigu et magnifique Brillant disguise est encore meilleur.

Le morceau suivant, Long walk home est une évidente allusion politique à la présidence Trump : le personnage de la chanson ne reconnaît pas le pays qu'il aime autour de lui, et ... le chemin sera long.

The rising sonne ensuite comme une cérémonie d'exorcisme, les éclairages éclairant tout à coup le décors et Springsteen par le bas, comme dans un film d'horreur. Se reculant une fois de plus du micro, la longue litanie finale des sky of ... résonne dans le théâtre comme une prière. 

Le ton change alors. L'ado amusant, le vieux copain sympa et le mari amoureux disparaissent et laisse la place au performer hors norme : Dancing in the dark explose dans la salle comme s'il était joué full band et  quand le Boss fait démarrer au coeur de la chanson les accords rageurs de The land of hope and dreams, on sent la salle littéralement vaciller de plaisir. En un éclair, le plaisir des concerts du E street band ressurgit : l'énergie furieuse, les enchaînement à couper le souffle et ce sentiment que le spectateur se fatiguera avant les musiciens. Impressionnant : on voyait jusqu'alors un homme et un artiste en pleine introspection, et brutalement a surgi un band leader qui a senti l'odeur du sang. 

Avant d'attaquer le sprint final, Springsteen reparle longuement (son magic trick, il nous l'a encore bien fait) et récite un Notre-père plus nostalgique que pieux, que chacun pourra partager quelque soit ses croyances. Un Born to run épuré  finit en beauté le show. Quelques secondes avant que les lumières s'éteignent, Springsteen ne joue plus de guitare : il finit la chanson en se servant de la caisse de son instrument comme d'un percussion, trois coup comme trois points de suspension...

 

 Dehors 

De la salle on sort directement dans la rue. Les visages sont heureux, on voit que certains spectateurs sont dans leur bulle : le show est une expérience un peu extrême pour plusieurs d'entre nous, j'imagine. Tant de morceaux écoutés dans la fureur des stades entendus ici mis à nu, dans un silence de crypte et une proximité extraordinaire. Il faudra digérer.

Tiens, un petit groupe attend derrière des barrières, devant une porte métallique en façade du théâtre, juste à côté de l'entrée des spectateurs.

Quelque trente minutes plus tard, Patti sort la première. Une dame lui offre un bouquet de fleur, elle s'approche et les deux papotent ensemble. Pendant ce temps, le Boss salue les petits groupes de fans, signe des autographes, monte sur le marche-pied de la voiture pour faire un petit signe aux fans situés de l'autre côté de la rue, devant le théâtre où Robert de Niro signe sa première mise en scène. Il veille scrupuleusement à saluer tous ceux qui sont venus le voir.

Puis le couple monte dans le SUV aux vitres teintées, et ce dernier s'éloigne tranquillement dans la nuit new-yorkaise.

 

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J
Merci de nous avoir fait vibrer et rever car vue le prix des billets cela nous est innaccessible pour certains .<br /> Et sutout un grand moment de rock critic donc MAGIC .
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J
ça valait donc le coup de subir l'Inquisition avant d'enregistrer ses bagages à CdG ;-)
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C
Oh yes !