Le client
Le client ressemble par bien des aspects à Une séparation : un évènement central dont on ne sait pas tout, une observation des rapports de classe, un scénario virtuose, une mise en scène subtile.
L'intérêt majeur de l'intrigue, c'est de distiller le doute du début à la fin. On se pose toute une série de questions qui s'avèrent progressivement ne pas être le coeur du film : L'immeuble va-t-il s'effondrer ? Que contiennent vraiment les affaires que la femme a laissé ? Etc.
Les ressorts du film sont donc approximativement les mêmes que ceux d'Une séparation, avec ici une construction moins rigoureuse, plus flottante, que dans le plus grand succès de Farhadi.
On admire dans Le client le talent du réalisateur iranien pour diriger ses acteurs, et sa subtilité dans l'approche des dilemmes moraux, ici autour du thème de la vengeance : peut-elle s'exercer contre l'avis de la victime ? On pourra aussi s'amuser à rechercher dans le scénario les circonvolutions illogiques dues au fait que les femmes doivent toujours être voilées à l'écran.
Comme toujours dans le cinéma de Farhadi, la stimulation intellectuelle et la beauté de la mise en scène se complètent parfaitement, avec peut-être un tout petit manque d'intensité. Je n'ai pas non plus parfaitement compris l'intérêt de montrer de si nombreux passages de la pièce d'Arthur Miller (si j'exclus le fait que Farhadi a réalisé sa thèse de fin d'étude sur l'auteur britannique).
Ces quelques (petites) réserves ne doivent pas vous empêcher d'aller voir Le client.
Asghar Farhadi sur Christoblog : Les enfants de Belleville - 2004 (***) / A propos d'Elly - 2009 (***) / Une séparation - 2010 (****) / A propos d'Une séparation : le vide avec un film autour / Le passé - 2013 (**)
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